Piraterie : du golfe d'Aden au golfe de Guinée

Piraterie : du golfe d'Aden au golfe de Guinée
Par François Chignac
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Les opérations internationales de lutte contre la piraterie maritime ont porté leurs fruits. Les attaques à proximité des côtes somaliennes accusent une chute vertigineuse. Mais ce “business” a trouvé des courants plus porteurs vers l’Afrique de l’Ouest

Un nouveau front s’est ouvert dans le golfe de Guinée. Il ne date pas d’hier mais il s’est amplifié. Armateurs et équipages redoutent le delta du Niger, tout comme les zones au large des eaux togolaises, béninoises, ivoiriennes et gabonaises. Le premier rapport de l’Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (Unitar), consacré à l’analyse géospatiale de la piraterie depuis 1995, indique que le golfe de Guinée est devenu le nouveau terrain de chasse des pirates des mers. L’augmentation est de 20% par rapport à 2008 sur les cibles pétroliers et chimiquiers de petit tonnage et navires en tous genres. Et le Bureau Maritime International (IMB) ne cache pas que la piraterie nigériane a été particulièrement violente. En 2013, un marin a été assassiné. Trente six autres ont été capturés et sont retenus en otage sur le continent dans l’attente d’une rançon. Des pirates nigérians montrés du doigt dans les trente et un actes sur les cinquante perpétrés dans le golfe de Guinée pour cette même année 2013. Des attaques, kidnapping ou détournements en haute mer qui ne cessent d’augmenter depuis dix ans, alors qu’elles diminuent dans les ports. Une réalité qui pourrait être deux fois supérieure aux chiffres officiels. Car le golfe de Guinée n’est pas une voie de transit comme la Somalie mais une destination oû les cargos et pétroliers sont contraints de jeter l’ancre, à portée des pirates agissant à partir de bases solidement implantées dans la jungle côtière.
De quoi inquiéter les experts de l’Unitar qui pointent le manque de coordination pour lutter contre la piraterie dans cette région du monde oû transitent pétrole, Cacao, métaux divers. Seuls 5% des navires qui traversent le golfe de Guinée bénéficient d’une assurance antipirates des mers alors que la moitié des navires qui passent par le golfe d’Aden en sont dotés.

Dans le golfe d’Aden justement, après avoir augmenté rapidement entre 2006 et 2011, la piraterie somalienne est en recul, alors qu’elle s‘était propagée jusqu’aux Seychelles et au canal du Mozambique. L’océan Indien occidental, y compris le golfe d’Aden, a enregistré une réduction significative du nombre d’attaques en 2013. Aucun navire n’a été détourné au cours de l’année.
En procédant à l’arrestation de nombreux pirates ces dernières années près des côtes somaliennes, la force maritime européenne Atalante et les Marines alliées (Otan, Chine, Japon) ont eu un effet largement dissuasif sur un phénomène dont même Hollywood s‘était emparé pour raconter le calvaire subi par certains équipages. Reste que les analystes n’hésitent pas à dire qu’un retrait des navires de guerre de la zone suffirait à redonner un nouveau souffle aux pirates somaliens.
Enfin, ultime zone d’ombre de ces océans et mers du globe, l’Indonésie. Les actes de piraterie ont augmenté sans commune mesure en l’espace d’une année, une tendance à la hausse depuis 2009.
Le transport maritime assure 90% des échanges mondiaux et la quasi-totalité des échanges commerciaux avec l’Afrique et l’Asie.

photo ccEuropean Union Naval Force Somalia Operation Atalanta

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