Développement : Nancy Jones, le pari du lait de chamelle

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Par Euronews
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Du lait dans le désert… Ou comment valoriser un potentiel hypothétique en réussite industrielle au pays des sables et des dromadaires, une aventure qui est devenue un livre, l’histoire de Nancy Jones-Abeiderrahmane. Quand elle s’est lancée dans la pasteurisation du lait de chamelle dans les années 80, cette ressortissante britannique ne se doutait pas qu’elle deviendrait la femme la plus célèbre de Mauritanie.

Nancy Abeiderrahmane : “Voici la première pierre de l’usine de lait longue conservation. C‘était la première pierre, en 2001.”

Dans sa maison située dans l’un des quartiers cossus de la ville de Nouakchott, Nancy nous a raconté son aventure :

“Je suis arrivée en Mauritanie en début de juillet 1970. Quand j’ai entendu parler de la Mauritanie, j‘étais en dernière année d‘étude d’ingénieur, et mon projet de fin d‘étude, c‘était une usine de lait en Mauritanie. A Nouakchott, il n’y avait que du lait en poudre. On a démarré la production en 1989. Au début, ça n’a pas marché du tout, c‘était une catastrophe…. Traditionnellement, c’est une honte de vendre du lait. Il f fallu cinq ans pratiquement avant de commencer à nous en tirer.

On collectait le lait. Chaque matin et chaque soir, il y a les livraisons. Le petit producteur arrive avec son bidon, on pèse et on lui donne un petit bout de papier, un bon, qui dit “Mr Untel, tel jour, a livré tant de litres”. Et ce qui s’est passé, c’est qu’on a vu arriver des boutiquiers avec ces bons. Effectivement, c’est devenu une monnaie dans la vallée. Toute une économie s’est mise en marche, en particulier sur l’aliment des bétails pendant les saison sèches. Cela a eu un impact exceptionnel par rapport à l’investissement et par rapport à la taille de l’usine. On est arrivé à avoir
1 000 fournisseurs. Et l’on a calculé qu’il y avait peut-être 3 000 familles qui vivaient de ça dans la vallée. En vendant leur lait, ils ont eu des véhicules et des troupeaux, les enfants sont allés à l‘école. On a eu des cas très exemplaires. C‘était très intéressant. L’Etat m’a faite chevalier de l’Ordre de mérite. Et nous avons reçu aussi ce prix Rollex, qui m’a fait très plaisir, c‘était à une époque ou ça n’allait pas du tout.

“Quand Nancy Abeiderrahmane a lancé l’usine, se souvient cet employé, elle a commencé par une petite unité de production de lait de chamelles pasteurisé. Au début, elle a rencontré beaucoup de difficultés pour convaincre les consommateurs d’acheter le produit. Mais par son obstination et sa ténacité, elle a réussi à les convaincre.”

L’idée de départ était simple : rentabiliser le cheptel mauritanien et doter ce pays d’une filière laitage, facteur de développement. Mais les écueils ne manquaient pas. Poids des traditions, manque de main-d‘œuvre qualifiée, méfiance des Mauritaniens vis-à-vis des industries…

Aujourd’hui, l’entreprise est leader dans sa branche, fait vivre des centaines de petits producteurs, et propose une gamme d’une vingtaine de produits en partenariat avec de grosses firmes internationales…

Consacrée par plusieurs prix, Nancy a même un rond point à son nom dans la capitale.

“Chez moi, c’est ici dit-elle. Etre mauritanien, c’est un état d’esprit, et je crois que je suis devenue vraiment mauritanienne.”

Chaque jour, conclut notre reportern, ces chamelles fournissent l’usine de Nancy en lait frais pour finir dans des paquets pasteurisées prêts à consommer. La réussite d’une femme, et d’un produit plein de promesses.

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