Ebola : l'Union européenne demande des comptes à l'Espagne

Ebola : l'Union européenne demande des comptes à l'Espagne
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Par Joël Chatreau
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“Il y a évidemment eu un problème quelque part”, c’est le constat critique fait par le porte-parole de la Commission européenne. Frédéric Vincent a indiqué qu’un message a été envoyé par l’exécutif européen au ministère espagnol de la Santé pour “obtenir des éclaircissements”. Il s’agit de comprendre pourquoi et comment un premier cas de contamination par le virus Ebola a pu surgir en Europe. Teresa Romero Ramos, une aide-soignante espagnole de 44 ans, qui travaillait dans un hôpital de Madrid, a contracté le virus en dépit des mesures de sécurité mises en place dans le pays. La malade a semble-t-il été contaminée le mois dernier dans le centre hospitalier de référence La Paz-Carlos III, ce qui n’est guère rassurant. C’est dans cet établissement qu’avaient été admis deux missionnaires espagnols infectés par Ebola en Afrique et maintenant décédés. L’aide-soignante serait entrée deux fois dans la chambre du père Manuel Garcia Viejo, la deuxième fois après sa mort. Elle est de retour à l’hôpital Carlos III, après un passage dans un autre centre madrilène. Soignée à l’aide d’anticorps, elle serait dans un état stable.

La presse espagnole indique qu’au moins 21 membres du personnel hospitalier ont été en contact avec Teresa Romero Ramos. Le mari de cette dernière et quatre autres personnes désormais, deux infirmières, une aide-soignante et un ingénieur rentré d’Afrique de l’Ouest, sont pour le moment à l’isolement. Les tests subis par l’ingénieur et l’une des infirmières se seraient révélés négatifs. Les autorités sanitaires se défendent d’avoir commis des erreurs dans le processus de protection contre la fièvre hémorragique, mais la grogne monte au sein des salariés hospitaliers. Plusieurs dizaines d’entre eux ont manifesté mardi devant l’hôpital La Paz-Carlos III à Madrid, en réclamant la démission de la ministre espagnole de la Santé, Ana Mato. Les syndicats d’infirmiers dénoncent dans le même temps “l’inefficacité”, selon eux, du protocole qui a été mis en oeuvre depuis le rapatriement en Espagne des deux prêtres infectés. L’aide-soignante, qui s’est sentie mal dès le mardi 30 septembre, n’a toutefois consulté un médecin que le dimanche 5 octobre suivant. Elle était alors en vacances mais n’aurait pas quitté la capitale espagnole.

"Mato dimisión", gritan los sanitarios del Centro de diagnóstico de Madrid por su gestión con el #Ébolapic.twitter.com/oPawJzdEYw

— Óscar Gutiérrez (@oskigutuitter) October 7, 2014

Une étude récemment rendue publique a estimé que le risque de propagation d’Ebola en Europe, à partir d’une personne contaminée en Afrique et rapatriée, était “extrêmement faible”. Cette théorie est déjà réduite à néant par la réalité. L‘étude précisait cependant que si un cas se déclarait dans l’Union européenne, alors “une transmission secondaire au personnel de soin et à la famille ne pouvait pas être exclue”. C’est exactement le scénario qui se déroule en Espagne, et les responsables européens commencent à s’inquiéter d’un éventuel élargissement de la contamination. Dès ce mercredi, le ministère espagnol de la Santé doit s’expliquer devant le Comité de sécurité sanitaire, une instance de coordination et d‘échange d’informations sur Ebola qui a été mis en place par l’exécutif européen. “Le problème survenu, estime Bruxelles, servira de leçon aux autres pays”.

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