La faible croissance mondiale pénalise aussi les pays du Golfe

La faible croissance mondiale pénalise aussi les pays du Golfe
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Par Euronews
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Six ans après la crise financière et économique la plus violente depuis les années 1930, la reprise reste faible et fragile. C’est ce qu’estime le Fonds monétaire international dans son rapport d’automne sur les Perspectives économiques mondiales. L’organisation table à l‘échelle de la planète, sur une croissance de 3,3 % cette année et de 3,8 % en 2015. “Il est clair que la reprise est faible et inégale,” a souligné Olivier Blanchard, chef économiste du FMI, “et si vous regardez les économies avancées, d’un côté, il y a les États-Unis qui se portent bien et de l’autre, la zone euro et le Japon qui ne se portent pas si bien.”
Le FMI a abaissé les prévisions de l’Allemagne, de la France et de l’Italie tout en soulignant qu’il était essentiel que les pays les plus riches de la zone euro maintiennent des taux d’intérêt bas pour encourager l’emprunt et stimuler la croissance.
Pas d’abaissement en revanche pour la plupart des pays du Golfe malgré les craintes concernant une chute des prix du pétrole. Dans cette région, la situation économique reste stable malgré les répercussions négatives du ralentissement mondial. Dans le détail, si les pronostics s’avèrent rehaussés pour le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, ils ont été réduits pour le Koweit.
Il faut dire que si en général, les crises au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord orienteraient les cours du brut à la hausse, c’est actuellement l’inverse qui se produit dans la mesure où la croissance faible a réduit la demande et où les stocks couvrent largement les besoins.
Prévisions en recul également pour l’Iran et l’Irak, tous deux exportateurs de pétrole, à cause des sanctions contre Téhéran pour l’un et du conflit armé sur son territoire pour l’autre.

Comme chaque semaine, pour aller plus loin sur le sujet, nous avons interrogé Nour Eldeen al-Hammoury qui s’occupe de stratégie des marchés chez ADS Securities à Abu Dhabi.

Daleen Hassan, euronews :
“Le FMI a abaissé les prévisions de croissance des trois plus grandes économies de la zone euro. Quelle est l’ampleur des difficultés dans cette zone et quelles sont les solutions pour remédier à cette reprise faible ?”

Nour Eldeen Al-Hammoury, d’ADS Securities à Abu Dhabi :
“Depuis le déclenchement de la crise financière, la Banque centrale européenne a mis en œuvre des programmes de relance comme l’assouplissement quantitatif, les opérations de financement à long terme – ciblées ou non – et les actifs adossés à des titres de créance (ABS).
Pour autant, les taux de croissance sont loin des objectifs de la zone euro et aucun d’entre eux n’a été atteint au cours des sept dernières années.
Le principal problème, c’est que deux démarches sont menées en même temps : l’austérité et le soutien à la croissance par l’emprunt. Pour être efficace, il faut que la zone euro se concentre sur une seule approche : soit poursuivre la politique d’austérité qui pousse l‘économie à la récession, mais à long terme, sera positive ; soit continuer de soutenir la croissance par l’emprunt – ce qui est bénéfique uniquement à court terme, mais très dangereux sur le long terme alors que les niveaux d’endettement sont historiquement élevés -.”

Daleen Hassan :
“Il semble que les prix du pétrole vont continuer à baisser en raison d’une offre excédentaire. Que peuvent faire les pays producteurs au Moyen-Orient pour stabiliser les prix ?”

Nour Eldeen Al-Hammoury :
“Pour l’instant, nous n’avons pas atteint la période de panique. L’Arabie saoudite a augmenté sa production en septembre de 100.000 barils par jour. Ce qui va probablement maintenir les prix du pétrole sous pression. Mais cette décision pourrait aussi être un moyen de stabiliser les revenus du pays en vendant plus de pétrole brut.
La région du Golfe s’en sortirait avec des prix du brent supérieurs à 65-75 dollars. À ce niveau, il n’y aura pas de pertes.
Mais si on tombait en dessous de cette limite, cela pourrait pousser les pays de la région – et l’OPEP en particulier – à soutenir les prix en baissant leur production dans la mesure où ce marché est déjà sur-approvisionné dans un contexte de ralentissement mondial.”

Daleen Hassan:
“Rappelons qu’une réunion de l’OPEP est planifiée pour la fin novembre pour discuter de ces questions.”

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