La Lettonie durement touchée par l'embargo russe

La Lettonie durement touchée par l'embargo russe
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Par Euronews
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Le monument de la Liberté trône en plein centre de Riga, la capitale lettone. Un symbole de 42 mètres de haut pour rappeler à la population l’indépendance durement gagnée. Car successivement, les Lettons ont été occupés par les Allemands puis les Russes, leur grand voisin de l’Est. Un passé qui fait écho à la situation actuelle qui oppose l’Ukraine à la Russie. En Lettonie, le conflit ukrainien alimente les conversations et chacun se sent concerné.

“ Ici les gens parlent d’une sorte de conflit ou je ne sais quoi mais non, c’est une guerre avec la Russie. La Russie est l’agresseur. Je pense que sans nouvelles sanctions, rien ne changera. La Russie ne veut pas dialoguer “, nous dit un homme.

Mais la Lettonie compte aussi une forte minorité russe, environ 30%. Et pour cette partie de la population, les sanctions contre la Russie sont inutiles.

“ D’autres pays européens pourraient infliger des sanctions à la Russie mais pas la Lettonie car la Lettonie est voisine de la Russie et ce serait mauvais du point de vue économique. “

La Lettonie fait partie des pays les plus affectés par l’embargo russe, en réponse aux sanctions européennes. Cette situation a déjà fait perdre 52 millions d’euros à la Lettonie avec la baisse des exportations alimentaires.

Dans les allées du marché couvert, l’un des plus grands d’Europe, les producteurs font les frais de l’embargo russe, imposé depuis l‘été dernier. La Russie a gelé les importations de volaille et de fruits et légumes. Mais le secteur du lait est sans conteste le plus touché, comme le confirme ce producteur laitier :

“ En Lettonie, on est conscient du prix de la liberté et on est prêt à se montrer solidaires avec d’autres pays européens. On a beaucoup de clients en Russie mais ça ne nous affectera pas tant que ça. Les fermiers trouveront d’autres marchés, on a déjà signé des contrats avec la Chine. “

Suite à l’embargo russe, le prix du lait a plongé de près de 30% en Lettonie. La Commission européenne s’est engagée à verser 7,7 millions d’euros aux producteurs laitiers du pays pour compenser les pertes. Insuffisant déplore le secteur car selon ses estimations, il faudra encore six mois pour trouver de nouveaux marchés.

euronews : “ Les sanctions ciblées de l’Europe visent 132 personnes et 28 entités russes ou prorusses impliquées d’une manière ou d’une autre dans le conflit ukrainien. La semaine dernière, les ministres des Affaires étrangères ont décidé de prolonger jusqu’en septembre cette liste noire et de nouveaux noms y seront ajoutés.
Nicu Popescu, vous êtes analyste au EU Institute for security studies, est-ce que ces sanctions marchent ? Pourquoi prolonger ces mesures si elles n’ont pas stoppé l’escalade de violence dans l’Est de l’Ukraine ? “

Nicu Popescu : “ La version courte est oui, les sanctions marchent. Si vous voulez des résultats rapides dans un tel conflit, alors il faut choisir l’option militaire. C’est ce que la Russie a fait en Crimée et dans l’Est de l’Ukraine. Mais l’Union européenne n’est pas là pour agir militairement, l’Union européenne peut agir avec des moyens économiques, et c’est à cela que servent les sanctions. Introduire des sanctions, c’est en quelque sorte faire passer la confrontation du Blietzkrieg au marathon. Et évidemment, si vous voulez mesurer la vitesse et la résilience d’un marathonien, vous ne mesurez pas ses deux ou trois premiers kilomètres. “

euronews : “ Quelles preuves avons-nous que les sanctions fonctionnement ? “

Nicu Popescu : “ La Russie mène une intervention relativement limitée. Elle n’a pas mené d’invasion ouverte comme elle l’a fait en Géorgie en 2008. La Russie essaie encore d’agir sous le radar dans un déni plausible, elle essaie de cacher son action ce qui limite évidemment l’efficacité des actions russes, et cela est partiellement dû au fait que contrairement à il y a un an, la Russie doit tenir compte d‘éventuelles réponses de l’Union européenne et des Etats-Unis. “

euronews : “ Les Etats-Unis envisagent toute une série d’options y compris fournir des armes à l’Ukraine. Est-ce le début d’une nouvelle guerre froide ? “

Nicu Popescu : “ Il y a une guerre en Ukraine, des gens meurent chaque jour, et c’est cela qu’il faut stopper. Probablement que l’objectif principal de ce type d’assistance serait non pas d’armer l’Ukraine pour qu’elle récupère le territoire perdu, mais de geler la ligne de front actuelle, de donner aux Ukrainiens la possibilité de prévenir l’extension territoriale de la zone séparatiste. Peut-être que dans un tel cas, de bonnes défenses pourraient améliorer le voisinage entre la Russie, l’Ukraine et la zone séparatiste. “

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