Boris Nemtsov : 1959-2015

Boris Nemtsov : 1959-2015
Par Julien Pavy avec AFP, New York Times
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De gouverneur à vice-Premier ministre : l’ascension fulgurante du jeune Nemtsov Physicien de formation, Boris Nemtsov débute sa carrière politique

De gouverneur à vice-Premier ministre : l’ascension fulgurante du jeune Nemtsov

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Physicien de formation, Boris Nemtsov débute sa carrière politique peu avant la chute de l’URSS. Il se fait connaître à Sotchi, sa ville natale, où il s’oppose avec succès à la construction d’une centrale nucléaire, après la catastrophe de Tchernobyl. En 1990, le jeune trentenaire est élu au Parlement soviétique. C’est pour lui le début d’une ascension fulgurante. Après avoir été gouverneneur de l’oblast de Nijni Novgorod, il se fait remarquer sous la présidence de Boris Eltsine. Il incarne alors la jeune génération des réformateurs dans une Russie post-soviétique, en pleine reconstruction. En 1997, il est nommé vice-Premier ministre chargé du secteur énergétique et des monopoles, un poste-clé, mais particulièrement délicat. “Il est certain que je vais me faire un certain nombre d’ennemis parmi l’oligarchie industrielle et financière qui, à bien des égards, contrôle la situation en Russie. Ma fonction aujourd’hui à Moscou est celle d’un Kamikaze”, déclarait-il alors dans une interview à la télévision. Très proche du président Eltsine, qui avait envisagé un temps d’en faire son Premier ministre, Boris Nemtsov est finalement écarté au profit du chef du FSB, Vladimir Poutine. Victime de la crise économique et d’un scandale de corruption, il est finalement limogé en 1998.

Boris Nemtsov avec le président Eltsine en 1997 :

Extrait d’un débat télévisé mémorable entre Boris Nemtsov et Vladimir Jirinovski (1995) :

Des cercles du pouvoir à l’opposition : une reconversion difficile

En 1999, Boris Nemtsov est élu à la Douma sous l‘étiquette SPS, l’Union des forces de droite, un parti d’opposition qu’il a co-fondé. Débute alors son combat contre la politique de Vladimir Poutine, qui devient en mars 2000 le nouveau président de la Fédération de Russie, après la démission surprise de Boris Eltsine.
Marginalisé, Boris Nemtsov peine à exister face au puissant parti Russie Unie qui remporte notamment, haut la main, les élections législatives de 2007, “les plus malhonnêtes de l’histoire de la Russie”, selon Nemtsov. Après avoir échoué à se présenter à la présidentielle, il fonde en 2008 le mouvement Solidarnost, aux côtés de l’ex-champion d‘échecs Garry Kasparov. Il se rapproche également d’un autre opposant, le bloggeur Alexei Navalny.

Hiver 2011 : Nemtsov en tête des cortèges anti-Poutine

Durant l’hiver 2011, Boris Nemtsov est l’une des figures de proue du mouvement de contestation anti-Poutine. Il défile, au côté de milliers de manifestants, pour s’opposer au troisième mandat présidentiel de son ex-rival et dénoncer la mainmise du parti au pouvoir sur le pays. Arrêté fin 2010 pour avoir participé à une manifestation non autorisée, Nemtsov passera deux semaines en détention. “Pourquoi devrais-je quitter ce pays ? J’adore la Russie. Laissons les voleurs et les criminels partir’‘, lançait-il alors à des journalistes à sa sortie de prison.

Le pourfendeur de la corruption

La lutte contre la corruption, c’est l’autre cheval de bataille de Boris Nemtsov. Dans un rapport sur les Jeux Olympiques de Sotchi, il avait dénoncé le détournement de milliards d’euros de fonds publics, au profit de proches du chef du Kremlin, dont le président des chemins de fer de Russie, accusé de s‘être fait construire près de Moscou une propriété luxueuse, grâce au produit de ces détournements. Dans un autre rapport, il s’en était pris également au train de vie de Vladimir Poutine qu’il a comparé à celui d’un “prince perse”.

Son combat pour une Ukraine libre

Dès 2004, Boris Nemtsov se rend en Ukraine pour soutenir la révolution orange et milite, auprès du réformateur Victor Iouchtchenko, en faveur de l‘émancipation de l’Ukraine. L’année suivante, il déclarait à des journalistes russes : “Je peux dire avec assurance que d’ici cinq ans, le peuple ukrainien vivra mieux qu’en Russie (…) et cela sans gaz ni pétrole. Dans à peu près sept ans (soit en 2012), l’Ukraine entrera dans l’Union européenne, et tous les Ukrainiens auront un passeport Schengen. Et nous, les Russes, nous les envierons”. Plus récemment, il condamnait la politique du Kremlin en Ukraine et devait participer, deux jours avant sa mort, à une grande manifestation de l’opposition à Moscou. Boris Nemtsov venait de réaliser un petit film diffusé sur Internet dans lequel il disait apporter la preuve de l’implication russe en Ukraine.

Arrestation de Boris Nemtsov lors d’une marche de l’opposition à Saint-Petersbourg en 2007 :

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