Israël : Netanyahou réélu, et maintenant ?

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Par Euronews
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Les supporters du Likoud ont explosé de joie quand ils ont appris la réélection de leur chef. Alors que les sondages et les premiers résultats

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Les supporters du Likoud ont explosé de joie quand ils ont appris la réélection de leur chef. Alors que les sondages et les premiers résultats donnaient Benjamin Netanyahou et la liste de centre-gauche d’Herzog au coude-à-coude, c’est finalement “Bibi” qui l’a emporté.

Il rempile donc pour un quatrième mandat, le troisième consécutif. C’est inédit dans l’histoire d’Israël. C’est donc le choix de la continuité, mais dans la douleur, car du côté palestinien comme à l’international, les relations se sont dégradées.

Est-il donc le seul qui bénéficie de la confiance du peuple israélien ? Le voit-il comme le seul capable de le protéger ? Netanyahou a en effet largement basé sa campagne sur l’argument sécuritaire. La question, maintenant, est de savoir dans quelles conditions il va gouverner.

“Ce gouvernement va compter beaucoup de membres et chacun va tirer dans sa direction, et le gérer sera beaucoup plus complexe pour Netanyahou que ne peuvent le laisser penser les célébrations d’aujourd’hui” estime l’analyste politique Amotz Asael.

Quelle coalition va-t-il bâtir ? Tentera-t-il de faciliter la diplomatie en ralliant les travaillistes, ou choisira-t-il de s’allier avec Moshe Kahlon ? Ce transfuge du Likoud a déjà fait savoir qu’il était prêt à entrer au gouvernement. Une union avec les partis religieux et le très à droite Avigdor Lieberman est aussi un scénario probable.

En tout cas, côté palestinien, cette réélection est une déception. Certes, ils avaient peu d’illusion, mais désormais, ils sont déterminés à aller jusqu’au bout pour traduire les dirigeants israéliens devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre.

“La vieille politique va continuer. Netanyahou était très clair pendant les derniers jours de la campagne. Il n’acceptera jamais un état palestinien, il ne se retirera pas d’un centimètre des territoires palestiniens occupés, Jérusalem restera la capitale unifiée d’Israël et cela signifie qu’il ne pourra pas y avoir de négociations de paix” tranche Abdullah Abdullah, membre de l’Autorité palestinienne.

Benjamin Netanyahou sera aussi jugé par l’histoire sur le dossier palestinien. Sa stratégie de faire monter les enchères sur les questions sécuritaires a finalement payé. Mais il doit relever un autre défi. Les attentes économiques des Israéliens, très présentes pendant la campagne, devraient vite ressurgir sur le devant de la scène.

Nous avons sollicité Uri Dromi, fondateur et président du Jerusalem Press Club et un ancien porte-parole des gouvernements de Shimon Peres et Yitzhak Rabin dans les années 1990, pour qu’il nous livre son analyse sur ces résultats.

Alasdair Sandford, euronews : “Avez-vous été surpris par la victoire de Benjamin Netanyahou et du Likoud ?”

Uri Dromi : “Bien sûr, je l’ai été. Tous les sondages prédisaient une courte victoire des travaillistes, et quand on a annoncé qu’ils étaient au coude-à-coude avec le Likoud, j‘étais toujours un peu surpris, mais j’envisageais la possibilité pour les travaillistes de former une coalition, et puis le matin, j‘étais comme la plupart des Israéliens et des gens à l‘étranger, vraiment très surpris par les résultats.

euronews : “Benjamin Netyahou a beaucoup insisté sur la sécurité, les menaces qui pèsent sur Israël. Au final, est-ce que ce message a payé ?”

Uri Dromi : “Je pense que Netanyahou a brillamment réussi à jouer sur deux tableaux. D’un côté il est perçu comme celui le plus à même de relever les défis sécuritaires, et en même temps, en incluant Kahlon et en faisant de lui un ministre d’Etat dans son futur cabinet, il signifie aux Israéliens qu’il n’est pas indifférent à leurs doléances”

euronews : “Prenant cela en compte, selon vous, quel type de gouvernement devrait se former dans les prochaines semaines ?”

Uri Dromi : “Nous allons avoir un gouvernement de centre-droit, tendant vers la droite, un gouvernement “faucon”, mais aussi plutôt socialiste sur les questions sociales et économiques”

euronews : “Netanyahou a dit ‘non’ à un état palestinien, et ‘oui’ à plus de colonies dans les territoires occupés. Quelles seront les conséquences d’après vous ?”

Uri Dromi : “Tout d’abord pour les Palestiniens, c’est un signe qu’il n’y a pas de partenaire israélien. D’ailleurs, le sentiment des Israéliens de façon générale est qu’il n’y a pas de partenaire palestinien. Donc de toutes façons, il y a un blocage, une impasse, et au Moyen-Orient, particulièrement dans notre région, et en ce qui concerne nos relations avec les Palestiniens, il n’y a pas de place pour le statu quo, s’il n’y a pas de progrès quelque chose doit se passer, soit une autre intifada ou une pression accrue à travers l’ONU, ou même l’effondrement de l’Autorité Palestinienne, et Abu Mazen ou qui que soit son successeur peut dire ‘OK assez de tout ça ! Vous voulez UN état, donc n’ayons qu’un état dans lequel les Arabes représenteront peut-être 40 % ou 45 % de la population et c’est la fin d’Israël comme état juif et démocratique’. Donc c’est un domaine dans lequel il n’y a pas de place pour le vide, c’est pourquoi je vois difficilement Netanyahou ne rien faire”

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