Attentat en Tunisie : la démocratie et l'économie mises à mal

Attentat en Tunisie : la démocratie et l'économie mises à mal
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Par Euronews avec AFP
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Berceau du Printemps arabe, la Tunisie a parachevé sa transition politique près de quatre ans après la révolution. En décembre 2014, les Tunisiens

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Berceau du Printemps arabe, la Tunisie a parachevé sa transition politique près de quatre ans après la révolution.
En décembre 2014, les Tunisiens ont ainsi fêté l‘élection de Beji Caïd Essebsi, premier président tunisien issu d‘élections libres.

La transition de l’autoritarisme vers la démocratie s’est déroulée en plusieurs cycles.
Celui qui s’achève le 27 janvier 2014 est symbolique : après deux années de débats et de compromis, les députés approuvent la constitution. C’est l’une des plus progressistes du monde arabe. Elle consacre la liberté de culte et les droits des femmes. La vice-présidente de l’Assemblée constituante, Mehrzia Laabidi, exulte :

“Il n’y a pas de fatalité, il n’y a pas que la dictature ou bien le chaos et la violence, il y a la liberté, la démocratie, le vivre ensemble, la paix.”

La paix… Le vide sécuritaire de l’après révolution, toutefois, favorise le développement de l’islamisme radical. On distingue deux groupes.
Le premier, Ansar el-Charia, serait impliqué, selon le ministère tunisien de l’Intérieur, dans les assassinats en 2013 de deux opposants politiques de gauche : Chokri Belaïd et Mohamed Brahimi. Ces événements ont constitué un véritable séisme dans la transition politique.
L’autre mouvance fondamentaliste, Okba Ibn Nafa, est affiliée celle-ci à Al-Qaïda, et opère surtout dans les monts Chaambi, région montagneuse frontalière avec l’Algérie. Elle a notamment revendiqué l’assassinat en juillet 2014 de huit militaires.
On lui impute également l’assassinat de quatre autres militaires tunisiens en février dernier. De nombreux jeunes Tunisiens partent par ailleurs faire le Djihad auprès de l’Etat islamique, dans la Libye voisine.

Les conséquences de la révolution sont aussi visibles sur l‘économie. Djerba, en février 2011, soit un mois après la fuite de Ben Ali, est désertée par ses touristes. En 2010 la Tunisie accueillait pres de 7 millions de touristes étrangers. En 2013 ils ne sont que 6,27 millions. en 2014 , la fréquentation touristique a chuté de plus de 3%.

A la foire du tourisme de Berlin, il y a un an, la Tunisie cherchait à faire revenir ses touristes européens. A titre d’exemple, le nombre de vacanciers Français a été divisé par deux en quatre ans.

“La démocratie sans le pain, ça ne marche pas, avance Amel Karboul, ministre du Tourisme. Et donc, pour nous le pain c’est l‘économie. Le tourisme est une partie de l‘économie. Nous avons besoin de tous les européens pour aider cette première démocratie dans le monde arabe.”

Le secteur du tourisme assure un emploi à environ 12% de la population active et participe à 7% du PIB. Une manne précieuse pour la Tunisie, concentrée sur sa relance économique.

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Souhaire Belhassan est une grande activiste tunisienne des Droits de l’Homme. Elle est présidente de la FIDH, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, depuis 2007. Nous l’avons contactée pour parler avec elle des évènements de Tunis.

Hier nous avons assisté à la plus grave attaque terroriste dans la capitale, Tunis, depuis la révolution de 2011. Est-ce qu‘à votre avis, c’est du à la bonne organisation des terroristes ou à une désorganisation des forces de sécurité tunisiennes ?

Souhaire Belhassan :
C’est à cause de deux facteurs à la fois. Il y a effectivement une désorganisation des forces de sécurité d’une part, et l’existence de ces organisations terroristes qui ont pu se développer en Tunisie. Les gouvernements précédents ont laissé faire.

Ryad Muasses, Euronews :
Si je comprends bien, vous accusez les gouvernements précédents d’avoir collaboré avec ces organisations terroristes ?

S. Belhassan :
Je n’ai pas dit qu’ils collaboraient, mais qu’ils ont laissé faire.

Euronews :
Ces gens-là sont-ils venus de l’extérieur ou sont-ils des Tunisiens ? Se sont-ils organisés en Tunisie, comment cela s’est-il passé ?

S.Belhassan :
Il y a ceux qui sont entrés par la Lybie. Aujourd’hui il y aurait 3.000 terroristes sur le sol tunisien dans la partie sud. Il y a l’organisation Ansar el-Charia qui existe depuis des mois, voire des années. Il y a aussi l’organisation Okba Ibn Nafa au Keirouan.

Euronews :
A votre avis le gouvernement tunisien et les forces armées tunisiennes sont-ils capables de vaincre ces organisations terroristes ?

S. Belhassan :
Comme vous le savez les forces armées tunisiennes ne sont pas aussi nombreuses qu’en Egypte par exemple ; il leur manque l’armement et la logistique et un bon système de sécurité.

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