Javad Zarif : "Les sanctions contre l'Iran seront toutes levées en une seule fois"

Javad Zarif : "Les sanctions contre l'Iran seront toutes levées en une seule fois"
Par Euronews
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Mazaheri Reihaneh, Euronews : “Après des mois de négociations, vous êtes parvenus à un accord- cadre. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce qui s’est

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Mazaheri Reihaneh, Euronews :

“Après des mois de négociations, vous êtes parvenus à un accord- cadre. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce qui s’est tramé dans les coulisses, particulièrement à Lausanne ? Quels ont été les moments les plus difficiles ?”

Javad Zarif, ministre iranien des affaires étrangères :

“Nous avons tenté de remplir deux objectifs. Le premier était de nous assurer que le programme nucléaire resterait pacifique et le second a été d’obtenir la levée des sanctions. Et de notre point de vue, ces deux objectifs étaient raisonnables parce que l’Iran n’a jamais essayé en aucune manière de se procurer l’arme nucléaire. Les sanctions n’ont jamais été bonnes pour personne. Il était important pour nous d’avancer vers ces deux objectifs et c’est ce vers quoi nous avons tendu. C‘était difficile car certains de nos amis occidentaux et partenaires de négociations en sont venus à estimer que les sanctions étaient un atout, étaient quelque chose auquel ils ne renonceraient pas si facilement. Il y a eu des moments difficiles en raison des différentes interprétations sur plusieurs aspects de l’accord-cadre mais nous avons pu nous concentrer sur toutes les solutions possibles aux problèmes existants. A présent, nous entamons la partie difficile de négociation et de rédaction de l’accord final. Cela nous demandera beaucoup de temps, beaucoup d’efforts mais je pense que les décisions politiques ont déjà été prises. Maintenant, il dépend de nous et de nos collègues de régler les parties les plus techniques.”

Euronews :

“Après dix-huit mois de négociations, les sanctions restent le problème majeur. Comment pensez-vous régler ce problème pendant le temps imparti, d’ici fin juin ?”

Javad Zarif :

“Nous ne parlons pas de sanctions progressivement abandonnées. Malheureusement, les Etats-Unis ont commencé à utiliser cette expression mais si vous regardez la déclaration commune, vous ne verrez même pas le mot “suspension” et vous ne verrez pas non plus le mot “progressif”. Il est clair qu’on mettra un terme à toutes les sanctions économiques et financières. Le jour où nous nous mettrons d’accord, nous irons au Conseil de sécurité et le Conseil de sécurité adoptera une résolution qui mettra un terme à toutes les précédentes résolutions et il n’y aura plus de sanctions. C’est très clair, ce ne sera pas par étapes, elles ne seront pas simplement suspendues, c’est très clair dans notre déclaration commune.”

Euronews :

“Mais l’accord de Lausanne n’a mentionné aucun échéancier pour la levée des sanctions ?”

Javad Zarif :

“C’est très clair, parce que nous avons eu cet accord et qu’il y aura des mesures irréversibles de la part de l’Iran, des Etats-Unis, de l’Union européenne et du Conseil de sécurité de l’ONU. La dernière fois, nous n’avions pas de principes de base lorsque nous avons signé l’accord de novembre dernier à Genève et ce que nous avions proposé côté iranien, c‘était le document actuel. Les Etats-Unis, pour des raisons de politique intérieure, c’est d’ailleurs leur droit et leur prérogative, ont proposé des principes de base, qui n‘étaient pas exactement ce que nous avons proposé. Donc la meilleure manière pour nous tous est de cesser de nous battre là-dessus, de négocier et une fois qu’on sera parvenu à l’accord final, de le rendre public.”

Euronews :

“Mais les parlementaires iraniens ont demandé que soit publiés les principes de base. Pourquoi ne pas avoir encore publié ces détails ?”

Javad Zarif :

“Eh bien, nous l’avons fait en réalité. J’ai répondu à une interview de deux heures et demi à la télévision iranienne et j’ai tout expliqué. Mon collègue, le Dr Salehi, le chef de l’Organisation iranienne à l‘énergie atomique est aussi allé à la télévision iranienne et a expliqué tout le processus, donc nous n’avons rien à cacher. Tout est clair, il n’y a pas d’ambiguïté de notre part. A présent, nous avons besoin de parvenir à cet accord et de le rédiger.
Nous avons dit dès le début que nous devions choisir un chemin. Soit celui de la confrontation, soit celui de la coopération, nous ne pouvons pas avoir un peu des deux. Si nous empruntons le chemin de la confrontation, les Etats-Unis et les Nations Unies continueront les sanctions et l’Iran continuera son programme d’enrichissement sans aucune limite.

Euronews :

“Je voudrais revenir à ma question, pourquoi ne voulez-vous pas publier les principes de base ? Est-ce votre tactique pour alléger la pression des plus durs en Iran ?”

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Javad Zarif :

“Nous négocions dans l’intérêt national, nous ne négocions pas sous la pression de groupes politiques et je pense que les Etats-Unis seraient avisés de faire de même.Si nous avons besoin de publier les principes de base, nous le ferons mais je pense que le public iranien en sait plus sur le sujet à présent.”

Euronews :

“Je vais citer le nom de quelques ministres des affaires étrangères qui ont participé aux négociations et je voudrais que vous les décriviez en un ou deux mots.
Monsieur Steinmeier ?”

Javad Zarif :

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“Un négociateur sérieux”.

Euronews :

“Laurent Fabius ?”

Javad Zarif :

“A nouveau, un négociateur sérieux.”

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Euronews :

“Le ministre chinois ?”

Javad Zarif :

“Un bon ami et un négociateur sérieux.”

Euronews :

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“Le ministre russe ?”

Javad Zarif :

“Un bon ami et un négociateur sérieux”

Euronews :

“Et John Kerry ?”

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Javad Zarif :

“Quelqu’un qui a passé beaucoup de temps sur ce sujet et aussi un négociateur sérieux.”

Euronews :

“Parlons à présent des enjeux régionaux et en particulier du Yémen. La situation actuelle voit s’intensifier les divergences entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Comment cela peut-il affecter la physionomie de la région ?”

Javad Zarif :

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“Le Yémen n’est pas le théâtre d’une confrontation entre l’Iran et l’Arabe saoudite. Le Yémen a un problème qui a été résolu par le peuple yéménite, par les différents groupes politiques du pays et tous ceux qui ont de l’influence au Yémen devraient apporter leur aide.”

Euronews :

“Comment réagissez-vous lorsque vous entendez Monsieur Lavrov expliquer que la vente des missiles anti-aériens S 300 à l’Iran est due à la situation au Yémen ?”

Javad Zarif :

“Nous avions un accord avec la Russie, un contrat avec eux depuis longtemps pour qu’ils nous fournissent les moyens de notre défense aérienne. Ce ne sont pas des armes offensives, mais défensives que nous avions commandées depuis longtemps. Ils ont décidé d’honorer cette commande et cet engagement et de nous livrer maintenant.”

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Euronews :

“Mais avant, cette livraison allait contre les sanctions des Nations Unies…”

Javad Zafir :

“Non, cela n’a jamais enfreint les sanctions des Nations Unies. Je pense que la déclaration russe est très claire : ils n’ont jamais violé les sanctions des Nations unies. L’Iran ne reconnaît pas ces sanctions, nous les considérons comme illégales, nous considérons toutes les sanctions comme illégales et injustifiées. Mais la Russie a pris sa décision d’elle-même et ces questions doivent être adressées à elle. Nous estimons que le retard dans cette livraison russe de système de défense aérienne était injustifié mais nous saluons la décision de la Russie de respecter ce contrat.”

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