L'immigration : enjeu de la campagne pour les législatives britanniques ?

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Par Euronews
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À quelques jours des législatives britanniques, l’envoyée spéciale d’euronews, Joanna Gill, a recueilli les impressions des Britanniques sur la

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À quelques jours des législatives britanniques, l’envoyée spéciale d’euronews, Joanna Gill, a recueilli les impressions des Britanniques sur la question de l’immigration. En voici, un florilège :

Derek :
“Ils sont en train de changer la physionomie de l’Angleterre avec l’immigration.”

Kimo :
“Ce débat sur l’immigration revient à faire la promotion d’une politique fondée sur la peur et la division du pays. Cela dessert tous les partis politiques.”

Yetunde :
“Personnellement, cela ne m’a pas particulièrement affectée. Je n’y pense pas vraiment.”

Mark :
“Pour moi, c’est une bonne solution pour l’emploi : il faut maintenir des coûts bas pour les entreprises et disposer de personnes prêtes à travailler pour un salaire inférieur. Mais, sur le long-terme, je ne sais pas si on y a suffisamment réfléchi.”

Derek :
“Où que vous alliez dans le pays, vous constatez que brusquement, les Britanniques de souche sont en train de devenir des citoyens de seconde classe dans leur propre pays.”

Kimo :
“Ce pays est unique et super grâce à sa capacité à intégrer des gens issus de toutes les régions du monde et de tous les milieux sociaux-économiques qui œuvrent ensemble au bien commun et rendent ce pays super !”

L’immigration : aubaine économique ou fardeau ? Le nombre croissant d’immigrés qui arrivent au Royaume-Uni divise la société. Nous sommes, ici, à Londres pour faire le point et mettre des visages sur les chiffres de l’immigration.

Jakub Krupa, journaliste polonais vivant à Londres :
“Je m’appelle Jakub et j’ai 25 ans. J’habite à Londres depuis 3 ans. Je suis journaliste et attaché de presse. Je me suis senti très bien accueilli ici. Il se peut ou non – je ne sais pas – que je rentre en Pologne dans un avenir proche. Mais pour l’heure, je reste ici.”

La question de l’immigration est souvent obscurcie par un foisonnement de chiffres sur ses avantages et inconvénients supposés. À l’approche des législatives, les premiers concernés, comme Jakub, ont décidé d‘éclairer le débat d’un jour nouveau en donnant leur sang dans le cadre d’une campagne intitulée “Bon sang d‘étrangers”.

Jakub Krupa :
“Quand quelqu’un arrive ici, on entend : ‘bon sang, un étranger qui vient voler le travail de quelqu’un’. Nous voulons donc montrer que les choses ne se résument pas à ça et que nous apportons aussi une contribution positive.”

Et les chiffres semblent lui donner raison. Une étude tend, en effet, à démontrer que les gains générés dépassent les dépenses occasionnées pour les pouvoirs publics britanniques, qui engrangeraient 55 livres par seconde grâce aux immigrés. Plus jeunes, ces hommes et ces femmes contribueraient aussi à redynamiser une société vieillissante.

Le point avec le Dr Carlos Vargas-Silva, chercheur senior à l’Observatoire des Migrations de l’université d’Oxford :

“Les immigrés sont généralement jeunes et quittent leur pays pour des questions de travail. Ils tendent à avoir un emploi et à travailler donc. Ce qui signifie qu’ils utilisent peu les services publics et les aides et ont, par conséquent, un impact positif sur l‘économie.”

Pour autant, les choses ne sont pas aussi simples. Les Britanniques de souche qui occupent des emplois peu qualifiés, par exemple, craignent de se voir évincés par des travailleurs immigrés.
Autre source d’inquiétude : la pression supplémentaire exercée sur les services publics due à l’afflux de nouveaux arrivants.

Dr Carlos Vargas-Silva :
“L’un des problèmes, c’est le phénomène de congestion, les places dans les écoles et les enfants dont la première langue n’est pas l’anglais qui ont besoin d’un enseignement adapté. Tous les immigrés ont également accès gratuitement au service de santé britannique. Donc ils vont l’utiliser et cela augmentera le temps d’attente dans les hôpitaux.”

Là encore, les chiffres sont plus nuancés. Depuis les années 2000, les immigrés seraient 43 % moins susceptibles de percevoir une aide ou un crédit d’impôt que les Britanniques d’origine. Par ailleurs, alors que la fonction publique – hospitalière notamment – à court de personnel emploie de nombreux immigrés, comment expliquer que plus de 77 % des Britanniques demandent au gouvernement de réduire la voilure ? Et que dire du climat de peur instillé par la presse tabloïd et les militants du parti UKIP ?

Dr Carlos Vargas-Silva :
“A Londres, les gens tendent à être en faveur de l’immigration tandis que dans les zones rurales, ils tendant à y être plus opposés. C’est-à-dire que dans les zones où il y a davantage d’immigrés, ils sont vus de façon plus positive et dans les zones où ils sont moins nombreux, il y a plus d’opposition.”

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Un clivage que le leader du parti anti-immigration et europhobe, Ukip, a bel et bien cherché à exploiter à des fins électoralistes. Mais, Nigel Farage pourrait bien en être pour ses frais. Après un début de campagne en fanfare, la dernière ligne droite avant le scrutin pourrait se révéler plus chaotique.

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