Bruxelles dévoile son plan en réponse au drame des migrants

Bruxelles dévoile son plan en réponse au drame des migrants
Par Audrey Tilve
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Répondre au drame des migrants en Méditerranée. C’est l’engagement que prend la Commission européenne avec le vaste plan présenté ce mercredi. Sa

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Répondre au drame des migrants en Méditerranée. C’est l’engagement que prend la Commission européenne avec le vaste plan présenté ce mercredi. Sa mesure-phare : répartir les demandeurs d’asile entre les pays européens pour soulager les pays d’arrivée comme l’Italie, la Grèce et Malte.

“ Nous allons proposer le lancement d’un mécanisme d’urgence pour organiser une relocalisation juste des demandeurs d’asile depuis les Etats membres qui sont sous pression vers les autres Etats membres sur la base d’une clé de distribution “, a expliqué le commissaire européen en charge de la Migration Dimitris Avramopoulos.

Sur la base de critères comme le PIB, la population et le taux de chômage, les demandeurs d’asile seraient pris en charge en premier lieu par l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne.
Mais seulement 25 sur les 28 pays de l’Union sont a priori concernés car le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark ont des dérogations en matière de migration.

“ Beaucoup de nos citoyens n’ont pas confiance dans la politique d’asile parce que notre succès dans le rapatriement de ceux qui n’obtiennent pas le droit d’asile est très limité, a déclaré le vice-président de la Commission Frans Timmermans. C’est pourquoi la Commission propose de soutenir les pays en première ligne, pour qu’ils puissent s’occuper des demandeurs d’asile rapidement, prendre leurs empreintes, vérifier leur histoire etc, et les renvoyer s’ils n’obtiennent pas le droit d’asile. “

Malgré ces assurances, peu de chances que le Royaume-Uni participe au partage du fardeau. Londres a vertement critiqué ce système de quotas.

Bruxelles propose par ailleurs d’accueillir 20.000 réfugiés sur le sol européen d’ici fin 2016, des réfugiés se trouvant actuellement dans des pays tiers. Leur répartition en Europe se ferait sur les mêmes critères.

L’autre volet du plan européen, c’est l’action contre les passeurs avec le lancement d’une opération en Méditerranée.

“ Nous ne prévoyons pas de quelque manière que ce soit une intervention militaire en Libye, a précisé la Haute représentante Federica Mogherini. Ce que nous prévoyons, c’est une opération navale en coordination – nous l’espérons – avec les autorités libyennes. “

Bruxelles a aussi confirmé le triplement des ressources des opérations Triton au large de l’Italie et Poséidon au large de la Grèce. La mort confirmée de 1800 migrants depuis le début de l’année en Méditerranée a imposé ce plan d’action. Aux 28 de se prononcer à présent.

Pour analyser la nouvelle stratégie de migration proposée par la Commission, nous avons convié dans notre studio de Bruxelles Eugenio Ambrosi, le directeur du bureau régional pour l’Union européenne de l’Organisation internationale pour les migrations.

Euronews : “ Pour commencer, est-ce que cette proposition apporte une solution à long-terme ou l’Europe est-elle encore en train de gérer l’urgence ? “

Eugenio Ambrosi : “ L’intention est d’aller vers des changements structurels sur le long-terme et d’avoir une vision réellement européenne sur la façon de gérer la migration dans les 28 pays. Evidemment, l‘élan qui a porté cet agenda, y compris le fait qu’il ait été présenté dès le mois de mai, est dû aux événements en Méditerranée. L’urgence, ce sont les gens qui meurent et qui risquent leur vie, mais le phénomène est structurel et doit être abordé avec des outils autres que les plans d’urgence et le contrôle des frontières. “

Euronews : “ L’an dernier, environ 171 000 personnes ont tenté de traverser la Méditerranée d’après les statistiques européennes. C’est quatre fois plus que l’année précédente. Il y a évidemment le problème libyen avec la guerre civile, mais il semble que cela ait modifié le mode opératoire des passeurs. “

Eugenio Ambrosi : “ Ces groupes criminels ne sont pas des amateurs, ce sont des professionnels des activités criminelles. Ils sont très bien organisés, ont beaucoup de ressources, beaucoup d’argent à leur disposition. On a vu et l’on continue de voir des pages Facebook avec lesquelles ils attirent leurs victimes. “

Euronews : “ Est-ce que l’opération navale au large des côtes libyennes est la bonne réponse à ce phénomène ? “

Eugenio Ambrosi : “ C’est une réponse risquée et je doute qu’elle soit efficace. Tout d’abord parce que c’est très difficile de faire la distinction entre les bateaux qui peuvent être utilisés par les passeurs pour conduire les migrants en Europe et les bateaux utilisés par les pêcheurs dans cette région, qui sont leur gagne-pain.
Le deuxième point, c’est que les passeurs trouvent des alternatives, même si leurs bateaux sont détruits. Et puis, il ne faut pas croire que les passeurs opèrent seulement en Afrique du nord, ce sont des groupes transnationaux qui opèrent au-delà des frontières régionales. “

Euronews : “ L’Europe devrait accueillir 20 000 réfugiés qui vivent actuellement dans des camps en dehors de l’Europe. Est-ce seulement une goutte dans l’océan lorsque l’on sait que le Liban et la Turquie accueillent à eux seuls un million de réfugiés syriens voire plus ? “

Eugenio Ambrosi : “ Je souhaiterais que l’Europe en fasse un peu plus en terme de réinstallation. L’Union européenne a des ressources, elle a la place, la capacité et le niveau de développement suffisant pour accueillir plus de gens, et je pense qu’il est important que l’Europe rejoigne enfin le groupe des pays et des régions de réinstallation qui sont actifs dans cette zone depuis 1951. “

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