La Slow education, ou l'éloge de la lenteur

La Slow education, ou l'éloge de la lenteur
Par Euronews
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Pour les promoteurs du mouvement “Slow education” ou “Éducation lente”, la manière d’apprendre prime sur les résultats aux examens. Découvrez comment

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Pour les promoteurs du mouvement “Slow education” ou “Éducation lente”, la manière d’apprendre prime sur les résultats aux examens. Découvrez comment cette philosophie se décline aux quatre coins du monde dans ce nouveau numéro de Learning World.

Vous avez peut-être déjà entendu parler du Slow food et de son combat contre la malbouffe. Mais connaissez-vous la Slow education ou Éducation lente ? Un mouvement qui a vu le jour au Royaume-Uni et aux Etats-Unis avant d’essaimer dans le reste du monde avec plus ou moins de succès.

Espagne : prendre le temps d’apprendre

Alors, qu’est-ce que la Slow education et comment la met-on en pratique ? Pour le savoir, direction l’Espagne où nous avons rencontré Joan Domènech Francesch, l’un de ses plus fervents défenseurs et l’auteur d’un ouvrage consacré à ce concept éducatif hors des sentiers battus.

L‘Éducation lente ne s’entend évidemment pas au sens premier du terme, mais comme la possibilité pour chaque enfant d’apprendre selon son propre tempo : parfois calme, parfois rapide.

Joan Domènech Francesch :

“Chaque élève, chaque enfant a son propre rythme d’apprentissage. Chacun a ses propres centres d’intérêt, ses propres compétences. Chacun a un rythme particulier (…)
Dans notre école, les élèves peuvent circuler librement entre les différents ateliers mis en place. Cette souplesse leur permet justement de comprendre qu’ils sont à même d’apprendre dans des lieux très différents. On n’apprend pas uniquement assis à son bureau devant une feuille de papier. L’apprentissage revêt plusieurs formes. Et c’est cette idée que nous voulons appliquer dans notre école.”

Chine : retour aux fondamentaux

Particulièrement compétitif, le système éducatif chinois oblige de nombreux élèves à prendre des cours du soir privés très chers pour tenir la cadence. Mais beaucoup en reviennent et se tournent vers un enseignement plus traditionnel.

Au pied de la Montagne Wutong, dans le Sud de la Chine, l‘école privée De Qian a fait le choix d’un retour aux sources. L‘établissement accueille environ 30 élèves âgés de 3 à 13 ans. Et tous les matins, c’est le même rituel : les enfants commencent pour 2 heures de calligraphie. Un art millénaire délicat et long à maîtriser. Mais qu’importe, ici, les élèves ont le droit d’apprendre à leur rythme comme nous explique Li Fujun, leur professeur de calligraphie :

“Le but, c’est de débuter la journée en apaisant l‘âme des élèves. Après le cours de calligraphie, les élèves arrivent à se concentrer plus longtemps et sont plus calmes. Ainsi, s’ils lisent un livre, par exemple, c’est plus facile pour eux de le finir, ils n’abandonnent pas au bout d’un chapitre ou deux.”

Dans cette école, on enseigne ni les mathématiques, ni les sciences modernes. Mais comme Confucius en son temps, les élèves passent des heures à lire. Fondée en 2002 par le professeur Zhang Zonghe désireux de faire bénéficier son fils d’un enseignement traditionnel, l‘école met l’accent sur l‘étude des plus beaux textes de la littérature et de la philosophie chinoises. Et les parents, ceux du moins qui ont les moyens d’envoyer leurs enfants dans ce genre d‘établissements, se disent ravis de la sage lenteur de la pédagogie proposée.

Japon : la Slow education fait long feu

Au Japon, la vie semble ne jamais s’arrêter. Même chose pour les élèves dont l’emploi du temps et le calendrier d’examens sont surchargés. Alors, l‘Éducation lente y a-t-elle vraiment sa place ?

La floraison des cerisiers marque le début du printemps et la fin de l’année scolaire et universitaire au Japon. Pour autant pas question de trainer à la maison sans rien faire. Pendant ces deux semaines de vacances, de nombreux établissements restent ouverts, comme ici au collège-lycée Shibuya en plein cœur de Tokyo. Et les élèves ne trouvent rien à y redire, à l’instar de Mana Kanazawa :

“Si je passe un seul jour sans étudier, j’ai l’impression d‘être paresseuse. J’essaie donc de m’habituer à beaucoup travailler tous les jours, y compris pendant les vacances. Du coup, ça devient normal pour moi de travailler dur.”

Pourtant en 2002, les autorités japonaises ont tenté de faire machine arrière en appliquant le concept d‘Éducation lente dans les établissements publics. Une vraie révolution, selon Ken Terawaki, l’un des initiateurs de la réforme :

“L‘éducation a complètement changé. Avant les enfants étaient passifs et se sentaient obligés d‘étudier. Ils ne cherchaient qu‘à apprendre par cœur tout ce qu’on leur enseignait. La seule chose qui comptait pour eux, c‘était d‘être à la hauteur des attentes de leurs professeurs. Avec l‘Éducation lente, les enfants apprennent à penser. La décision d‘étudier leur appartient et c’est pour ça qu’ils ont plaisir à apprendre.”

Cela dit, l‘Éducation lente a finalement été abandonnée au bout de 5 ans. Une expérience massivement décriée par les parents et les médias qui, encore aujourd’hui, pestent contre la Génération lente qu’elle a engendrée. Une génération de “Tanguy” incapables de faire face aux impératifs d’excellence de la société japonaise. Bref, l’expérience a été jugée contre productive.

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