"L'Europe s'oppose à toute forme d'exclusion" - Commissaire de l'UE aux Migrations

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Le nombre de candidats à l’exil frappant aux portes de l’Union européenne s’accroît de façon exponentielle. Les Nations Unies estiment qu’au moins

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Le nombre de candidats à l’exil frappant aux portes de l’Union européenne s’accroît de façon exponentielle.
Les Nations Unies estiment qu’au moins 300 000 migrants ont traversé la Méditerranée et que plus de 2500 y ont trouvé la mort cette année.
Pour évoquer cette crise et la politique de l’Union européenne, Efi Koutsokosta, s’entretient avec le commissaire européen aux Migrations et aux Affaires intérieures Dimitris Avramopoulos.

Efi Koutsokosta, Euronews :

“Durant l‘été, la Grèce a été submergée par des vagues d’arrivées de migrants et de réfugiés. On a vu des images tragiques. Qui est responsable? Le gouvernement grec, qui n’a pas su gérer la situation? Où était l’Union européenne?”

Dimitris Avramopoulos :

“Personne n’est responsable en particulier, nous le sommes tous. Le fait que certains Etats membres n’appliquent pas la politique commune de migration est une des raisons qui expliquent qu’on voit ces images, pas seulement en Grèce mais aussi dans d’autres parties de l’Europe. Nous sommes prêts à donner environ 445 millions d’euros à la Grèce à condition que le pays remplisse les conditions que nous avons définies ensemble, ce qui signifie que la Grèce doit établir un plan d’action et mettre en place une équipe de gestion, de façon à harmoniser la gestion des flux migratoires avec les Nations Unies qui souhaitent envoyer de l’aide humanitaire.”

Efi Koutsokosta, Euronews :

“Je me permets de vous interrompre… A propos de la politique européenne commune… Beaucoup d’Etats membres vont dans la direction opposée… Est-ce du au fait que certains instrumentalisent ces questions de migrations à des fins politiciennes?

Dimitris Avramopoulos :

“La politique européenne de migration ne peut pas être traversée par les débats de politique intérieure. Parce que, dans de nombreux pays européens, la question des migrations, à laquelle chacun donne son interprétation, a renforcé les mouvements populistes et xénophobes.
Je vois que de nombreux Etats membres dénoncent facilement d’autres États membres ou se livrent à des critiques injustifiées. Donc, je souhaite leur dire qu’il faut que cesse ce stupide jeu du blâme. Nous sommes tous ensemble dans cette entreprise, unis, solidaires, et c’est ainsi que doivent être les politiques européennes, sans exceptions. S’engager de façon solitaire vers une voie plus nationale ne vous mènera nulle part.”

Efi Koutsokosta, Euronews :

“Mais la question, c’est que fait l’Europe? Parce qu’on a vu des pays membres comme la France et l’Autriche qui ont renforcé leur contrôle aux frontières. Ou, pire, la Hongrie qui a construit un mur à sa frontière avec la Serbie, et qui a dit qu’elle aurait peut-être recours à l’armée pour contrôler la migration aux frontières. Que dit la Commission à ce sujet?”

Dimitris Avramopoulos :

“L’Europe s’oppose à toute politique d’exclusion. Rappelez-vous, il y a dix mois, j’ai dit que j‘étais contre une forteresse Europe. Et d’autre part nous ne devons pas oublier que l’une des plus grandes réussites européennes est l’espace Schengen, qui permet à chaque citoyen européen de se déplacer librement en montrant simplement un permis de conduire. Donc, la libre-circulation des produits et des citoyens doit pouvoir être garantie.”

Efi Koutsokosta, Euronews :

“Je vous pose la question de façon directe : allez-vous prendre des sanctions contre la Hongrie ?”

Dimitris Avramopoulos :

“Tout pays qui viole une loi européenne, et je ne fais pas spécialement référence à la Hongrie, mais à n’importe quel pays, devra en subir les conséquences. Et surtout les pays qui violent les conditions du Traité de Schengen. Mais la Hongrie a besoin d’aide. La Hongrie, la Grèce et l’Italie, sont les pays d’Europe qui ont le plus besoin de contributions européennes. Nous avons décidé d’installer des hotspots, des points de service, en Grèce et en Hongrie. Il y en a déjà à Catane en Sicile. Ces points de services spécifiques permettront à Europol, Frontex, Eurojust ou au Bureau européen d’appui en matière d’asile, avec les responsables des Etats membres, d’accueillir et d‘évaluer ceux qui essaient de passer les frontières européennes. Et là, nous allons pouvoir distinguer les réfugiés qui ont besoin et qui ont le droit à une protection internationale conformément à la Charte des Nations Unies pour les droits des migrants.”

Efi Koutsokosta, Euronews :

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“Un autre point soulevé par les situations en Grèce et en Italie, c’est le traité de Dublin. L’Allemagne a décidé de le suspendre provisoirement, avec les réfugiés syriens… Est-ce que c’est le bon moment pour débattre plus largement de cette question avec les autres Etats membres?”

Dimitris Avramopoulos :

“Que dit le traité ? Le traité de Dublin dit que le pays d’origine des immigrés arrivant en Europe est en charge de leur identification, des empreintes digitales, de l‘évaluation… Ce qui est déjà annulé dans la pratique.Aujourd’hui, des dizaines de milliers de réfugiés politiques choisissent d’aller vers les pays du nord de l’Europe. Le traité de Dublin, à partir du moment où il a été adopté, s’est révélé inopérant avec certains événements. Maintenant que de nouvelles conditions ont été mises en place, nous devons examiner les aspects du traité qui ne fonctionnent plus. C’est normal et c’est ce qui nous attend.”

Efi Koutsokosta, Euronews :

“Mr le commissaire, avant de conclure, et puisque nous sommes en Grèce, où l’actualité politique est chargée avec de nouvelles élections, j’aimerais vous demander, et là je m’adresse à l’homme politique grec, comment vous voyez la suite, en Grèce, alors que se joue une nouvelle étape cruciale?”

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Dimitris Avramopoulos :

“Je ne peux pas commenter les derniers développements politiques en Grèce en tant que commissaire, mais puisque vous me permettez de le faire en tant que citoyen grec, je répéterais ce que très peu d’entre nous martelions déjà il y a 5 ou 6 ans – nous étions plus nombreux ensuite. Nous disions publiquement qu’il fallait mettre de côté nos appartenances partisanes pour aller vers un gouvernement de coopération nationale, et c’est encore plus nécessaire aujourd’hui. C’est la seule façon pour la Grèce d’avancer.”

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