La vie quotidienne dans l'enfer du Jihad

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Par Euronews
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Jouer avec les enfants entre deux batailles entourés d’armes lourdes, partager un barbecue avec des amis, se baigner ou bien discuter de la

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Jouer avec les enfants entre deux batailles entourés d’armes lourdes, partager un barbecue avec des amis, se baigner ou bien discuter de la stratégie… d’un match de foot.

Le reportage des journalistes Farouk Atig et Yacine Benrabia dans le nord de la Syrie pour le site Internet www.spicee.com nous donne un rare aperçu de la vie quotidienne des jihadistes.

Avec “les partisans de la foi”

Tous deux ont passé neuf jours embarqués avec Ansar al-Aquida, littéralement “les partisans de la foi”. Ce groupe a été créé il y a quelques mois par Abu Muhammad al-Halabi, un ancien leader du Front al-Nosra.

Ansar al-Aquida compte environ 1500 combattants et revendique son indépendance par rapport aux autres formations de jihadistes.

Dans leur reportage, “Les escadrons du Jihad”, on peut les voir combattre l’armée syrienne de Bachar al-Assad, on entend des femmes combattantes témoigner et l’on voit d’horribles actions de guérilla. Mais il y a aussi beaucoup de moments de détente, ce qui peut paraître difficile à imaginer dans l’enfer de la guerre en Syrie.

Autour du terrain de football, les dégâts provoqués par les explosions sont patents. Un véhicule blindé et des pièces d’artillerie complètent la scène alors que les jihadistes discutent tactique et démontrent leurs compétences sur une balle usée.

Comme l’organisation Etat Islamique, le but d’Ansar al-aquida est d’instaurer un califat sur un territoire aussi vaste que possible. Certains, dans ses rangs, rêvent même de conquérir l’Europe, de la placer sous le règne de la charia, la loi islamique. Au quotidien, ils aiment aussi passer du temps à pécher ou décompresser autour d’un barbecue. Leurs revolvers ne sont jamais très loin.

“Le contraste est frappant, reconnaît Farouk Atig dans une interview par téléphone. C’est l’une des différences avec le groupe Etat islamique. Pour ces combattants, ce n’est pas ‘haram’, ce n’est pas un péché de s’amuser, de profiter de la vie, d’avoir une vie privée”.

Le quotidien reprend ses droits, après les combats

Farouk Atig, qui a l’expérience d’autres zones de conflits comme la Libye, explique à Euronews combien il est choquant d’assister à des scènes de guerre aussi horribles avec, en parallèle, des moments de la vie quotidienne aussi ordinaires. “Nous en avons fait des cauchemars, Yacine et moi.”

Les femmes sont des jihadistes comme les autres

Parmi les autres différences importantes, il y a la présence de femmes au combat qui n’hésitent pas à parler d’elles-mêmes devant la caméra, alors que le groupe Etat Islamique ne montre pas très souvent des femmes dans son travail de propagande.

Ansar al-aquida est principalement composé de Syriens contrairement aux “combattants internationaux” du groupe Etat Islamique.

Malgré son idéologie et méthodes – le reportage suit la dernière journée d’un kamikaze – “ce sont des gens comme vous et moi”, témoigne Farouk Atig. “Ils ont tous des smartphones, il y a aussi une scène où on leur livre des drones et ils jouent avec, on dirait des enfants avec leur dernière Playstation, ils s’amusent à les tester, même si après, ils l’utiliseront pour lancer une roquette contre les troupes de Bachar al-Assad ou pour observer les positions de l’armée.”

Farouk Atig explique qu’il est difficile pour nous de comprendre leurs valeurs. “Cela fait partie d’un projet plus global. Leur propre vie n’a pas d’importance alors même qu’ils aiment profiter de la vie, s’amuser. C’est leur oxygène après quatre ans de guerre. Ils sont prêts à tout pour renverser le dictateur Bachar al-Assad”.

Ils observent attentivement chaque prière du jour et sont très religieux.

“Le plus frappant pour moi a été de voir leur détermination à réaliser leur but, l’installation du califat. Je ne dirais pas que ce sont des gens drôles et ce n’est pas à moi de les juger. Ils sont complètement tournés vers leur objectif et leur combat et soudainement, ils redeviennent des êtres humains, ils rient comme vous et moi. C’est vraiment bizarre.”

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“Qui les finance ? Ils n’ont jamais répondu à cette question. Mais ils sont aussi très autonomes, ils recyclent tout et ils sont aussi très compétents, beaucoup ont étudié à l‘étranger”, conclut Farouk Atig.

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