Turquie : les députés pro-kurdes interdits d'entrée dans Cizre sous couvre-feu

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Par Euronews
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Selahattin Demirtas persona non grata à Cizre tout comme les députés pro-kurdes de son parti. Le co-président du HDP a dû rebrousser chemin jeudi

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Selahattin Demirtas persona non grata à Cizre tout comme les députés pro-kurdes de son parti. Le co-président du HDP a dû rebrousser chemin jeudi alors qu’il était à une vingtaine de kilomètres, les forces de l’ordre lui interdisant de poursuivre sa route.
Une marche qu’il a entamé la veille avec des militants et des députés du principal parti kurde de Turquie. Objectif : rompre le blocus imposé par Ankara.

Un couvre-feu est en vigueur depuis une semaine après de violents incidents entre forces de sécurité et rebelles kurdes. Selon le gouvernement , une trentaine de combattants du PKK ont été abattus à Cizre. Le HDP affirme qu’une vingtaine de civils ont été tués dans les combats.

A Hatay comme dans de nombreuses villes du pays, des manifestations éclatent pour condamner le terrorisme. La Turquie connait une spectaculaire flambée de violence depuis la reprise des hostilités fin juillet entre Ankara et les séparatistes kurdes du PKK.

Entretien avec le professeur Atilla Sandıklı, président du Centre d‘études stratégiques Bilgesam en Turquie.

Bahtiyar Küçük, euronews
L’escalade de violence qui a suivi les législatives du 7 juin montre que le processus de paix est suspendu. Qu’est-ce qui a changé en si peu de temps ?

Atilla Sandıklı, président du Centre d‘études stratégiques Bilgesam
“Au cours de ce processus de paix, l‘État a réalisé des avancées démocratiques et socio-culturelles conformément à l’entente des deux parties. Dès le début de ce processus de paix, l’organisation terroriste PKK aurait dû diriger ses forces armées postées dans les montagnes vers l’extérieur de la Turquie. Mais elle ne l’a pas fait. Ces terroristes sont restés en Turquie tout en restant armés. De plus, cette force militaire est venue renforcer une autre branche du PKK, qui est sa nouvelle structure dans les villes, le KCK (l’Union des communautés du Kurdistan). Elle a fait entrer en Turquie des armes et des explosifs venus de l‘étranger”.

euronews
Pour la première fois de l’histoire, un parti pro-kurde est entré au parlement et a gagné autant de sièges que les nationalistes turcs. Dans ce contexte, pourquoi le PKK a-t-il repris ses actes terroristes ?

Atilla Sandıklı
“La Turquie prévoyait une solution dans le cadre du renforcement des gouvernements locaux conformément aux conditions européennes. Mais, lorsque l’on regarde les objectifs du PKK concernant le KCK, on se rend compte qu’il prévoyait une structure dotée de ses propres forces de sécurité, la création d’un État autonome, et surtout la mise en place d’une structure confédérale pouvant interagir avec les Kurdes d’autres régions. Pour obtenir cette région autonome, l’organisation a menacé le peuple par différents combats. Et actuellement, elle renforce encore davantage ces conflits”.

euronews
La Turquie se bat en même temps contre le PKK et l‘État islamique. La région a été déstabilisée ces derniers temps. Comment interprétez -vous cette escalade des tensions entre l’armée turque et le PKK dans le contexte de crise actuel ?

Atilla Sandıklı
“La Turquie n’est pas le seul État à être en conflit avec l‘État islamique. Le PYD est aussi en guerre contre cette organisation terroriste. Par ailleurs, la montée en puissance des jihadistes en Syrie et en Irak a fait gagner une légitimité internationale au PKK.
De plus, le PYD, au nord de Syrie a vu s‘établir les conditions nécessaires à la construction d’un État autonome. Il ne restait plus que la Turquie à cibler pour le KCK. C’est pourquoi l’organisation a renforcé ses attaques ces derniers temps”.

euronews
Nous savons que l’IRA au Royaume-Uni et l’ETA en Espagne ont déposé les armes. Ne pensez-vous pas que cette crise en Turquie pourrait être résolue par la voie politique ?

Atilla Sandıklı
“À partir de 2013, dans le cadre du processus de paix, on a pensé pouvoir trouver une solution politique à ce problème en Turquie. Mais, dans un environnement de préparation du maintien de la paix, le PKK a continué ses préparatifs de guerre et a envoyé ses troupes armées dans les centres des villes.
Au cœur même des villes, une structure militaire a commencé à se former. Pendant que le PKK coupait la route de certains et kidnappait d’autres, aucune opération militaire n’a été lancée par le gouvernement turc. Pour la seule raison qu’on ne voulait pas que le processus de paix subisse un échec.
On comprend clairement aujourd’hui que le PKK a abusé de ce processus et a préparé le terrain pour de nouveaux conflits.

euronews
Où vont s’arrêter ces actes de violence et cette tension ?

Atilla Sandıklı
“Suite aux événements, les mesures de sécurité ont été renforcées et des renforts ont été envoyés dans la région. Nous allons assister à une augmentation du nombre de victimes du côté du PKK, à une limitation de ses installations logistiques et à un effondrement petit à petit de ses structures dans les villes. Le PKK finira par s’essouffler”.

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