Alexis Tsipras : "la majorité absolue, objectif totalement atteignable"

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Par Euronews
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Il y a huit mois, il devenait Premier ministre grec et cet été, il signait un troisième plan de sauvetage, synonyme de nouveaux efforts pour son pays. Le 20 septembre prochain, à l'occasion de "no

Efi Koutsokosta, euronews :
“Il y a quelques mois, les Grecs vous ont élu parce que vous leur aviez promis de mettre un terme à l’austérité et aux plans de sauvetage. Au final, vous n’avez pas tenu vos engagements. Pourquoi devraient-ils encore vous faire confiance ?”

Alexis Tsipras :
“Il y a sept mois, nous avons promis aux Grecs que nous mènerions un dur combat, que nous allions lutter, saigner pour qu’ils cessent de saigner et que nous défendrions en même temps leur droit de réclamer un changement en Europe parce que nous savons que nous appartenons à la famille européenne et qu’on ne peut pas changer les choses uniquement dans un pays. L’Europe doit changer de direction. Nous avons tenu cette promesse et les Grecs le savent.”

Efi Koutsokosta :
“Et aujourd’hui ?”

Alexis Tsipras :
“Aujourd’hui, nous avons un accord à mettre en place. Vous l’avez décrit comme un plan synonyme d’efforts.
On savait depuis le début que tout compromis nous mènerait à un accord. Notre objectif, c‘était de trouver un accord et non d’aboutir à un Grexit ou à un démantèlement de la zone euro.
Aujourd’hui, pour la première fois, la restructuration de notre dette est une question qui est encore ouverte pour la Grèce. On ne discute pas de savoir si on doit alléger notre dette – on le fera après un premier état des lieux – , on discute encore de l’ampleur et de la portée de cette tâche.
La Grèce ne peut être présente sur les marchés et avoir la perspective d‘être attractive avec une dette qui a progressé de 120 à 180% pendant les quatre ans où une politique d’austérité sans issue a été menée.”

“La partie financière de l’accord est une grande réussite”

Efi Koutsokosta :
“Mais en 2012, l’Eurogroupe n’avait-il pas indiqué que la dette serait en discussion ?”

Alexis Tsipras :
“C’est exactement cela ; cela a été mentionné, mais sans engagement concret et il a été dit que quand la Grèce dégagerait des excédents primaires, des décisions seraient prises. Il y en a pas eu.
Et ce n’est pas seulement dû au fait que le gouvernement précédent de M. Samaras n’a pas mis ce sujet sur la table, mais il disait aussi à tout le monde que la dette était supportable.
Aujourd’hui, nous avons des alliés très puissants. Même le FMI s’exprime sur une restructuration de la dette.”

Efi Koutsokosta :
“Concernant la dette, quel sera votre objectif si vous êtes à la tête du prochain gouvernement ? L’allègement fait-il toujours partie de vos propriétés ?”

Alexis Tsipras :
“Tout d’abord, je crois que la partie financière de l’accord est une grande réussite à mettre au compte de notre gouvernement. Je vous rappelle que les pays du nord dont l’Allemagne ne voulaient pas discuter d’accorder une aide financière à la Grèce. Et aujourd’hui, ce n’est pas qu’une question d’aide financière, mais tous les besoins du pays sont totalement couverts jusqu’en 2019 et il s’agit de facto d’une mini-restructuration de la dette parce que pour les obligations que nous devons rembourser à la BCE et au FMI avec un taux d’intérêt de 4,5 et 3,8%, le taux est aujourd’hui d’1,5% par le biais du Mécanisme européen de stabilité financière (MESF).
Donc c’est une mini-restructuration en raison de la réduction du coût des emprunts. Les fonds de nos banques seront aussi garantis dans le cadre du processus de recapitalisation d’ici la fin de l’année.
Donc cela se passera avant que les programmes de sauvetage ne démarrent en 2016. Ce qui veut dire que tous les dépôts de la population grecque sont garantis.”

Efi Koutsokosta :
“Vous avez dans les mains un programme qui prévoit des réformes. La Grèce et ses gouvernements successifs sont critiqués pour ne pas les avoir appliquées.
Que signifie le mot “réforme” pour vous ? Parlez-vous le même langage que vos partenaires européens ? Les privatisations et la libéralisation des professions protégées représentent-elles des réformes selon vous ? Ce sont des mesures qu’attendent les créanciers.”

“Le leadership européen est dominé par une politique néolibérale dogmatique et rude”

Alexis Tsipras :
“Ecoutez, je crois que le problème qui est au coeur du leadership européen aujourd’hui, c’est qu’il est dominé par une politique néolibérale dogmatique et rude. Il est vrai que la Grèce a besoin de réformes. Mais si on parle de l’ouverture des professions protégées, je ne commencerais pas par les coiffeurs, mais par les propriétaires de médias.
Si on parle du besoin de réformes, il ne s’agira pas de la liquidation des biens publics, mais de la réforme de l’Etat pour qu’il devienne plus efficace et qu’il rende service aux citoyens.
Par exemple, si nous avions eu le temps et que nous n’avions pas “hérité” du Fonds de développement des biens de la République hellénique (Taiped) – qui est une mauvaise chose -, on aurait pu épargner des biens publics comme les 14 aéroports…”

Efi Koutsokosta :
“Vous allez les privatiser ?”

Alexis Tsipras :
“… qui amènent des retombées de 350 millions d’euros par an. En l’espace de trente ans, elles pourraient être encore plus importantes. Mais vous me parliez des privatisations.”

Efi Koutsokosta :
“En particulier des aéroports parce que c’est un sujet controversé.”

Alexis Tsipras respectera tous les points de l’accord, y compris la privatisation des aéroports

Alexis Tsipras :
“Je ne veux éviter aucune de vos questions. Vous comprenez bien que la privatisation des aéroports était une demande. Je ne veux pas commenter pourquoi. Je suppose que tout le monde peut le comprendre. Parce qu’il y avait des intérêts particuliers en jeu.
Pour autant, nous sommes des gens honnêtes et nous honorons nos engagements. Quand nous nous sommes engagés à respecter un accord, nous le mettons en pratique.
Nous demandons la même chose aux autres parties : parce que l’accord peut avoir des points négatifs comme celui que j’ai déjà mentionné, mais cela veut dire aussi qu’on reviendra à la concertation collective et que nos partenaires devront respecter cela. Les licenciements collectifs vont s’arrêter et nos partenaires devront respecter cela. Le secteur de l‘énergie restera sous le contrôle de l’Etat et nos partenaires devront respecter cela.
Nous allons mettre fin aux mises aux enchères de résidences principales pour ceux qui ne peuvent pas payer leurs crédits et nos partenaires devront respecter cela.
Nous demanderons à nos partenaires d’honorer l’accord que nous avons passé et en contre-partie, nous serons obligés de faire la même chose sur les points que nous désapprouvons. C’est tout le sens d’un accord équitable.”

Efi Koutsokosta :
“Très récemment, dans son discours devant le Parlement européen, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a dit que pendant les négociations, il vous avait proposé de mettre en place des taxes sur l’activité des armateurs et que vous avez plaidé contre.”

Alexis Tsipras :
(Rires) “Je rigole parce que mon ami Jean-Claude était dans une situation très difficile. Il faut rappeler que le FMI et lui ont rejetté notre proposition d’augmenter les impôts sur les bénéfices des grandes entreprises. En réalité, quand nous avons fait cette proposition – je suis au courant de ce qui se passait en coulisses -, des entrepreneurs grecs appelaient la Commission et le FMI pour faire pression parce qu’ils voulaient éviter de payer davantage d’impôts. Et en effet, à l‘époque, le FMI – Mme Lagarde – nous a dit que cette mesure allait à l’encontre de la croissance et n’aidait pas.
Mais en revanche, tout le monde sait bien que baisser les salaires et les pensions, c’est bon pour la croissance ! Percevoir des impôts sur les bénéfices des grandes entreprises, c’est mauvais pour la croissance !
Je crois que Jean-Claude qui voulait éviter les critiques sur ce sujet a agi en homme politique d’expérience en mettant sur la table une question qu’il savait trop difficile à résoudre.

“Mon ami” Jean-Claude Juncker

On n’a pas rejetté l’idée d’une taxation qui concernerait les armateurs. Au contraire, nous lui avons expliqué que vu le contexte constitutionnel – et on ne peut pas changer la constitution du jour au lendemain -, il est extrêmement difficile d’imposer des taxes s’appliquant aux armateurs parce qu’ils ne sont pas basés en Grèce. Ils ont des sociétés installées à l‘étranger et on ne peut pas leur mettre la main dessus.
Donc si on veut être efficace en mettant en place des taxes sur les richesses qui échappent à notre pays, on doit changer tout le contexte institutionnel européen concernant les entreprises offshore. Et si c’est ce que nous voulons, alors ne parlons pas de la Grèce, mais du Luxembourg de M. Juncker !”

Efi Koutsokosta :
“En parlant de M. Juncker, vous venez de dire qu’il est votre ami.”

Alexis Tsipras :
“Oui, parce que je pense qu’il est honnête et qu’il a de bons sentiments à l‘égard des Grecs.”

Efi Koutsokosta :
“Qu’en est-il pour vous ? Il a eu des paroles dures vous concernant pendant les négociations.”

Alexis Tsipras :
“Non, je pense que nous avons eu une relation honnête. Je l’ai critiqué moi aussi. On n’a pas le même positionnement. Il est un homme politique de droite, je suis un homme politique de gauche.
Pour autant, nous avons une relation honnête.”

Pour le leader de Syriza, Yánis Varoufákis avait donné le maximum

Efi Koutsokosta :
“Pour revenir à l‘époque de ces rudes négociations, la personnalité qui les a incarnées pendant de longs mois avant le référendum, c‘était le ministre grec des Finances Yánis Varoufákis et il n’a pas voté en faveur de l’accord que vous avez ramené en Grèce par la suite. Aviez-vous fait un mauvais choix en le nommant ?”

Alexis Tsipras :
“Tous les Premiers ministres ont la possibilité de choisir le ministre qui obtient les meilleurs résultats. Et c’est comme au foot quand pendant un match, un entraîneur voit qu’un joueur a donné le maximum, il le remplace ; c’est ce que j’ai fait.
Au début des négociations, Yánis Varoufákis a imposé une bonne dynamique. Mais après avoir été pris pour cible par la plupart de nos partenaires européens – ils ne lui parlaient plus, il ne pouvait plus communiquer avec eux -, j’ai dû le remplacer.”

Efi Koutsokosta :
“Donc vous l’avez sacrifié à cause de ça ?”

Alexis Tsipras :
“Cela n’a pas été un sacrifice, mais une proposition de solution. Et nous sommes tombés d’accord là-dessus. Rien n’est figé dans le temps. Et quand je me suis rendu compte que Yánis Varoufákis ne pouvait pas ramener d’accord, qu’il ne pouvait plus communiquer avec ceux qui étaient autour de la table, je lui ai dit : “Yánis, tu ne peux pas ramener d’accord”. Il m’a répondu : “Oui, tu as raison. Je ne suis pas la bonne personne pour ramener un accord.”
Je crois que nous nous sommes séparés en amis.”

Efi Koutsokosta :
“Revenons sur ces 17 heures pendant lesquelles vous êtes restés dans cette même pièce avec les autres dirigeants européens en vue d’obtenir un accord très attendu. La presse internationale a écrit que vos partenaires vous avaient torturé, d’autres ont dit qu’ils vous avaient crucifié ? Est-ce bien ça ? Est-ce que c’est ce que vous avez ressenti ?”

“Si vous voulez que je mette un panneau “A vendre” sur l’Acropole, dites-le moi”

Alexis Tsipras :
“S’il s’agit d’une crucifixion, alors c’est une bonne chose parce qu’après vient la résurrection. Mais à présent, il est temps de parler du besoin des Grecs de ressusciter car notre pays a souffert depuis cinq ans.
Ecoutez, c‘était une réunion très dure. Je leur ai dit clairement que je n’allais pas quitter la réunion sans qu’ils retirent une proposition terrible qui incluait la création d’un fonds à l’extérieur du pays, à savoir au Luxembourg, dont l’objectif aurait été de brader immédiatement pour 50 milliards d’euros de biens publics – ce qui représente le quart de notre PIB – à un prix très faible parce que pendant la crise, les prix sont extrêmement bas. Je leur ai dit : “Si vous voulez que je mette un panneau “à vendre” sur l’Acropole, dites-le moi.” J’ai dit : “Je ne quitte pas la réunion, mais je ne signe pas l’accord.”
Ils m’ont mis de plus en plus la pression, mais le matin suivant, ils ont réalisé qu’ils devaient revenir en arrière. Et c’est ce qu’ils ont fait. Il y en a qui m’en ont voulu parce que le référendum a mis en lumière le manque de démocratie en Europe et ils me disaient : “qu’est-ce que je devrais dire à mes électeurs s’ils me demandent pourquoi je n’organise pas de référendum moi aussi ?” et je leur ai répondu que c‘était leur problème ! Parce que la démocratie, c’est la valeur suprême en Europe.”

Efi Koutsokosta :
“Et que se serait-il passé au moment où vous avez fait un référendum en Grèce, si les autres gouvernements avaient fait la même chose dans leurs pays en demandant à leurs électeurs s’il fallait ou non prêter encore de l’argent à la Grèce ? Selon vous, quel aurait été le résultat ? Qu’aimeriez-vous dire aux Européens au sujet de l’aide financière qu’ils accordent à la Grèce ?”

Alexis Tsipras :
“Si vous pensez que la démocratie est le socle sur lequel l’Europe doit être construite, alors je dirais : “Pourquoi pas ?” Que l’on laisse organiser des référendums un peu partout. Mais pas seulement au sujet d’un seul pays, mais au sujet de la direction de l’Europe. Lors de ces référendums, on devrait demander aux électeurs s’ils pensent que l’austérité est la seule voie possible ou s’il nous faut des politiques alternatives.

“Les Européens ont changé de vision sur les Grecs”

La Grèce était dans l’oeil du cyclone. Il ne faut pas blâmer le peuple grec pour cela. Et au cours de ces négociations, nous avons réussi à changer la manière dont l’opinion publique européenne voit la population grecque.
Avant, les Européens disaient souvent que les Grecs étaient paresseux et qu’ils voulaient vivre au-dessus de leurs moyens. Ils ont changé de vision et aujourd’hui, ils se disent surtout que la population grecque
a été injustement torturée et a payé le prix de mauvais choix politiques et des erreurs de ses précédents gouvernements. Maintenant, il faut que nous allions de l’avant en rompant avec le passé.”

Efi Koutsokosta :
“Est-ce que vous avez regretté d’avoir organisé un référendum à ce moment-là ?”

Alexis Tsipras :
“Non, pas du tout. Si les électeurs grecs n’avaient pas participé à ce processus de négociations, nous aurions dû accepter des mesures très dures sans obtenir aucun financement. Nous aurions été dans une nouvelle impasse d’ici trois à cinq mois.
Le référendum, c’est ce qui fait qu’aujourd’hui, nous sommes en vie et capables de lutter et nous représentons un exemple pour les autres populations d’Europe.
Si Syriza gagne – et c’est sûr que nous allons gagner – et si nous gagnons avec une forte majorité, le message que nous adresserons à l’Europe, ce ne sera pas que le gouvernement de Syriza a échoué, mais qu’il est debout et qu’il veut que l’Europe prenne une nouvelle direction. Et ce message sera très fort.”

Efi Koutsokosta :
“La crise des réfugiés est une autre crise qui touche la Grèce. Toute l’Europe est concernée et Angela Merkel a estimé qu’elle est encore pire que la crise grecque.
M. Tsipras, votre gouvernement a été critiqué pour ne pas avoir fait ce qu’il aurait dû, à savoir de demander à l’Union européenne de prendre les mesures nécessaires. Acceptez-vous cette critique ?”

Alexis Tsipras :
“C’est un argument utilisé par nos opposants grecs dont la position sur la crise des réfugiés est inacceptable. Je ne parlerai pas de ce que nous avons fait en tant que gouvernement, mais je dirais que le précédent gouvernement n’avait rien fait.

Crise des réfugiés : Alexis Tsipras condamne l’attitude de l’opposition grecque

Ils nous accusent d’ouvrir les frontières et d’inviter les réfugiés à venir en Grèce. C’est comme s’ils vivaient sous cloche, comme s’ils ne savaient pas que jusqu‘à maintenant, 800.000 réfugiés sont arrivés en Europe, comme s’ils ne comprenaient pas qu’il s’agit d’une crise mondiale qui a coïncidé avec le changement politique en Grèce.
Mais ce n’est pas nous qui avons invité les réfugiés à venir en Grèce et ce n’est pas non plus Angela Merkel qui les a invité en Allemagne où il y aura environ 800.000 réfugiés d’ici la fin de l’année.
Donc sur ce sujet, il y a une hypocrisie immense et très profonde du côté conservateur et populiste du paysage politique grec dont fait partie Nouvelle Démocratie.
Et malheureusement, j’inclus aussi des partis qui appartiennent au groupe socialiste au Parlement européen et je dis “malheureusement” parce que les sociaux-démocrates européens ne pensent pas comme nous, en particulier le parti centriste To Potami qui a la position la plus populiste sur le sujet – pour des raisons électoralistes – et qui du coup, est d’accord avec Aube dorée sur cette question des migrants.”

Efi Koutsokosta :
“A propos des élections, dans les sondages, jusqu‘à présent, Syriza arrive en tête, mais n’obtient pas de majorité absolue. Avec qui allez-vous faire alliance, en particulier si les Grecs indépendants – votre ancien partenaire de droite nationaliste – ne siègent pas dans le prochain Parlement ?”

Alexis Tsipras :
“Lors des élections de janvier 2015, une grande majorité de Grecs voulaient voter pour nous, mais n’ont pas osé parce qu’ils ont eu peur de ce que disaient nos opposants à savoir que nous avions un programme secret et que nous voulions faire sortir le pays de la zone euro. Donc il nous a manqué deux sièges pour avoir la majorité absolue.
Aujourd’hui, personne dans le pays ne peut nous accuser d’avoir un programme secret parce que nous avons prouvé que dans les situations critiques, nous avons assumé le coût et la responsabilité de maintenir le pays en Europe et d‘éviter une catastrophe économique encore plus grave.
Aujourd’hui, ces points-là ne sont plus en débat et nous avons véritablement de bonnes chances de remporter les deux sièges que nous souhaitons obtenir.
Syriza sera sûrement le premier parti politique dans notre pays et je crois que la majorité absolue est un objectif totalement atteignable. Même si nous l’obtenons, nous chercherons des partenaires pour gouverner. Si nous ne l’obtenons pas, nous aurons notre programme, notre plan et il y aura toujours des partis ou des députés qui ne voudront pas prendre le risque de nouvelles élections. Donc je suis presque sûr qu’après le 20 septembre, dans les jours qui suivront, nous aurons un gouvernement qui poursuivra l’immense effort que nous avons enclenché le 25 janvier.”

“La récession sera terminée au cours du premier semestre 2016”

Efi Koutsokosta :
“Quel est votre objectif prioritaire pour les quatre prochaines années dans l‘éventualité où vous formiez un nouveau gouvernement ? Que ferez-vous ? Où voulez-vous emmener le pays et quelle est votre vision pour les dix prochaines années ? A quoi ressemblera la Grèce à terme ?”

Alexis Tsipras :
“Dans quatre ans, le pays sera différent. Je crois que cet état transitoire de récession sera terminé au cours du premier semestre 2016. Nous en aurons fini avec les conséquences du contrôle des capitaux, la croissance sera de retour à la condition que nous obtenions une issue positive lors des négociations sur la dette.
D’après moi, il est tout-à-fait réalisable que – si ce n’est pas pour fin 2016, alors pour début 2017 – notre pays soit de retour sur les marchés et que nous n’ayons plus besoin de prêts, de supervision et de subir cette situation difficile que nous avons vécue ces dernières années.
Et bien sûr, il nous revient à nous de tourner la page du passé, d‘éliminer et de détruire les sources de corruption qui nous paralysent.”

Efi Koutsokosta :
“Qu’est-ce qui vous empêche de dormir la nuit quand vous êtes chez vous, seul avec vos pensées ? Qu’est-ce qui vous inquiète le plus ?”

Alexis Tsipras :
“Maintenant, vous voulez que je me confie. C’est vrai que nous avons traversé des moments de grande angoisse. De nombreuses fois, j‘éprouvais une telle inquiétude de savoir si le lendemain matin, le pays serait encore capable d‘être debout, si les banques et notre économie seraient encore capables d‘être debout. Et j’ai pris des décisions difficiles – qui avaient un coût -, mais toujours avec la conscience tranquille. Et de ce point de vue, je suis content parce que si j’avais du mal à trouver le sommeil, ça n’avait rien à voir avec ma conscience, mais avec la difficulté objective de savoir si les salaires allaient être payés, si les banques allaient être renforcées et si la stabilité économique et sociale allait être rétablie.
Et je crois que les Grecs peuvent s’en rendre compte. Les Grecs avec calme et dignité ont réussi à supporter les difficultés. Et ils peuvent voir dans les yeux des hommes politiques, ceux qui leur mentent et ceux qui leur disent la vérité.”

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