Incertitude sur le vote des Portugais aux législatives : que feront les indécis ?

Incertitude sur le vote des Portugais aux législatives : que feront les indécis ?
Par Beatriz Beiras avec AGENCES, MARIA BARRADAS
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Nous avons interrogé le journaliste et analyste politique portugais Joaquim Vieira pour en savoir un peu plus sur ce qu'attendent les Portugais et sur le scénario politique après-élection.

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Quel camp remportera les élections législatives au Portugal ? La plus grande incertitude règne, tant le nombre d’indécis est important. Plus de 20 % des électeurs n’ont pas arrêté leur choix, et la plupart d’entre eux pourraient bien opter pour l’abstention.

Ce qui semble plus que certain en revanche, c’est que tout devrait se jouer entre l’actuel Premier ministre, Pedro Passos Coelho, du Parti social-démocrate, centre-droit et le socialiste António Costa. L‘écart est faible, avec un léger avantage pour Passos Coelho, qui a repris du terrain en se plaçant au centre et en accusant son rival d‘être “radical”.

Cependant, il a peu de chances d’obtenir la majorité absolue, et devrait donc gouverner en minorité, car il n’a plus de partenaire possible à droite. Le CDS-PP de Paulo Portas est déjà l’allié du PSD de Passos-Coelho.

Pendant la campagne, Antonio Costa a contre-attaqué en disant aux Portugais que les conservateurs cherchaient à se maintenir au pouvoir prétextant la stabilité et la continuité alors même qu’ils ont déstabilisé les personnes, les familles et les entreprises. Mais, Costa non plus, n’aura pas de béquille pour former un gouvernement.

Les deux partis parlementaires à la gauche du PS, le Bloco d’Esquerda (Bloc de Gauche représenté par Catarina Martins) et le PCP (Parti Communiste Portugais représenté par Jeronimo de Sousa) ont rejeté d’emblée toute alliance.

Un Parti Socialiste, un gouvernement PS, qui a défendu les coupes des salaires, des retraites, comment pourrait-il exiger du PCP de voter en sa faveur ?“ expliquait Jeronimo de Sousa lors d’un débat.

Reste le vote des jeunes électeurs… Comment vont-ils voter pour la première fois ? Et les électeurs de gauche, vont-il voter utile en optant pour le PS ? Quel sera le taux de participation ? Autant de questions que se posent les analystes politiques. Seuls les 9,5 millions d‘électeurs portugais pourront y répondre.

Interview avec Joaquim Vieira, journaliste et analyste politique

Maria Barradas, journaliste d’euronews a mené cette entrevue et a commencé par lui demander “qu’est-ce que les Portugais attendent de cette élection ?”

Joaquim Vieira :
“Je pense essentiellement que les Portugais attendent un gouvernement qui puisse les sortir de cette dernière période de quatre ans de crise, d’austérité et de soumission à un plan de sauvetage, qui a été difficile et douloureux pour toute notre société. A présent, ils veulent la stabilité, ils attendent un moyen d’accéder à un plus grand développement, ils veulent des progrès et de la croissance économique“.

M.B. :
“Le choix réside vraiment entre un gouvernement dirigé par Pedro Passos Coelho ou par António Costa. Quelles sont les principales différences entre les propositions des deux candidats ?”

Joaquim Vieira :
“_Les propositions sont quand même assez identiques. Tous les deux souscrivent, par exemple, au pacte de stabilité budgétaire des pays de la zone euro, et donc dans le cadre macro-économique général, il n’y aura certainement pas beaucoup de différence, bien que nous puissons dire qu’en ce qui concerne le parti socialiste, il y a peut-être une plus grande sensibilité sociale dans la résolution de certaines questions. Mais de toutes façons, il y a des conditions très strictes qui encadrent les politiques qui peuvent être appliquées.
A droite, nous avons une coalition qui était représentée jusqu‘à maintenant au sein du gouvernement qui est plus réaliste dans l’application des politiques. A gauche, du côté du PS, les proposititions sont plus basées sur des scénarios de croissance économique, de développement, qui peuvent éventuellement ne pas se produire._ “

M.B. :
“Quels sont les scénarios politiques possibles après le vote ? Que peut-il se passer ?”

Joaquim Vieira :
Probablement qu’aucune des forces politiques en présence n’atteindra la majorité absolue. Ce qui va se passer, c’est que nous aurons probablement un contexte d’instabilité politique avec éventuellement des accords au parlement, des accords spécifiques pour l’approbation de certaines mesures. Par exemple, il peut y avoir une majorité de gauche au parlement – c’est un scénario possible- mais je ne pense pas qu’il soit possible de former un gouvernement, parce qu’entre le PS et les autres forces politiques de gauche il y a un abîme, des sujets énormes qui les divisent, notamment en matière de politique européenne“.

M.B. :
“Malgré tout, vous croyez qu’il y a marge de manoeuvre pour former un gouvernement ou le pays peut se retrouver tout simplement, soudainement, “ingouvernable” ?”

Joaquim Vieira :
“_Je pense que dans une démocratie, il y a toujours des solutions, et donc je ne crois pas que le pays pourrait devenir ingouvernable. Ces accords parlementaires peuvent, par exemple, se faire uniquement à court terme en attendant qu’il y ait de nouvelles élections.
Par contre, de nouvelles élections ne pourront pas être organisées pour l’instant, parce que nous allons avoir des élections présidentielles en janvier. Par conséquent, s’il y a une situation d’instabilité dans le parlement après l‘élection de dimanche, il est presque certain que nous ne pourrons avoir des élections que dans un an. Maintenant, il est vrai aussi qu’aucun parti ne voudra prendre la responsabilité de renverser le gouvernement parce qu’il sait que ça a un coût électoral très elevé_”.

M.B. :
“Comment interpréter cette éventualité de ne pas avoir de majorité au parlement ? Est-ce-à dire que les Portugais sont satisfaits avec les politiques des quatre dernières années ou au contraire qu’ils ne trouvent pas d’alternative dans les propositions de l’opposition ?”

Joaquim Vieira :
Je dirais que les Portugais ne sont pas satisfaits, ce programme d’austérité a était d’une certaine dureté et a donc causé beaucoup de mécontentement. Simplement, même s’ils ne voient pas de raisons de voter pour la coalition actuelle, qui est aux affaires, ils n’ont pas non plus trouvé de raisons d’opter pour le PS. Il est tout à fait possible que le niveau d’abstention reste très élevé, reflétant précisément le mécontentement et l’insatisfaction que les Portugais ont vis-à-vis des partis actuels et du spectre politique qui se présente à ces élections“.

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