Iran : des missiles prêts à sortir de terre

Iran : des missiles prêts à sortir de terre
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Par Sandrine Delorme avec Agences
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Une base souterraine remplie de différents types de missiles en territoire iranien sur une musique guerrière… Pour la première fois, la nuit

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Une base souterraine remplie de différents types de missiles en territoire iranien sur une musique guerrière… Pour la première fois, la nuit dernière, la télévision d’Etat iranienne a diffusé ces images, prises à “500 mètres sous terre”.

A titre de comparaison, l’installation de la base américaine Cheyenne Mountain, construit dans le Colorado pendant la guerre froide, est à 610 mètres sous terre. Dans le civil, la plus profonde section de métro de Moscou est à 85 mètres, celle de New York à 60 mètres.

Le commandant de cette base iranienne est le général Amir Ali Hajizadeh, des Gardiens de la révolution islamique, l’unité d‘élite de l’armée iranienne qui a pour but de protéger le système religieux iranien depuis 1979.

Et selon lui, cette base souterraine est loin d‘être la seule en Iran :

Il y en a dans toutes les provinces et villes du pays. Des missiles de différentes portées sont montés sur des lanceurs (camions) dans toutes les bases et prêts à être utilisés, attendant l’ordre du commandant suprême en chef“ (l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême d’Iran et chef des armées).

Le général Hajizadeh a aussi déclaré de manière grandiloquente :

L’Iran n’entend provoquer aucune guerre, mais si des ennemis font une faute, les bases de missiles entreront en éruption comme un volcan des tréfonds de la terre“.

Sur la vidéo, on peut voir deux types de missiles intercontinentaux : des Qadr et des Shahab.
Selon certaines sources comme “The Iran Project” et la Fédération des scientifiques américains,
le Qadr (intensité en arabe) est presque obsolète.

Les missiles balistiques Shahab se déclinent en six versions. La dernière, le Shahab-6 peut atteindre des cibles en Europe et éventuellement la côte Est des Etats-Unis.

Guerre d’images ?

Il y a trois jours, le ministre iranien de la Défense annonçait aussi l’essai réussi d’un missile longue portée guidé à distance appelé Emad.

Les Etats-Unis ont depuis estimé que cet essai constituait probablement une violation d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU :

Nous avons de fortes indications selon lesquelles ce test de missile a violé une résolution du Conseil de sécurité“, a déclaré Josh Earnest, porte-parole de l’exécutif américain.

Le département d’Etat américain a précisé qu’il entendait soulever la question à l’ONU.

Paris a également réagi ce matin : “Le programme balistique iranien est visé notamment par la résolution 1929 de 2010 (…) Le tir survenu le 11 octobre constitue une claire violation de cette résolution. Il s’agit d’un message préoccupant envoyé par l’Iran à la communauté internationale“ a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay, Romain Nadal.

La résolution 1929 interdit à Téhéran de mener des activités liées aux missiles balistiques pouvant emporter des armes nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques.
Et cette résolution doit rester en vigueur jusqu‘à la mise en oeuvre effective de l’accord sur le nucléaire iranien, conclu le 14 juillet.

Jeu subtil de communiquants ? Guerre d’annonces et d’images ? Après avoir donné son feu vert à l’accord sur le nucléaire, l’Iran montrerait-il ses biceps pour ne pas montrer à sa population et aux opposants de l’accord sur le nucléaire qu’il a “cédé“ aux Occidentaux ? On peut le supposer.

Accord sur le nucléaire

Car, ces images sur fonds de musique destinée à montrer la puissance de l’Iran, ont été diffusée au lendemain seulement de l’approbation de l’accord sur le programme nucléaire par le parlement iranien.

Et ce mercredi, le Conseil des gardiens de la Constitution, (composé à part égale de juristes et de religieux ayant pour rôle principal d‘évaluer la compatibilité des lois votées par les députés avec la Constitution iranienne et la loi islamique) vient d’approuver à son tour l’accord.
C‘était la dernière étape légale avant sa mise en application par l’Iran.

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Hier, le vote du Parlement en faveur de l’accord était intervenu après un débat houleux reflétant les divisions entre ses partisans et ses opposants ultra-conservateurs. 161 députés ont voté en faveur de l’application de l’accord, 59 contre et 13 se sont abstenus.

Conclu le 14 juillet à Vienne après deux ans d‘âpres négociations, l’accord ouvre la voie à la levée des sanctions économiques internationales imposées à l’Iran, en échange de son engagement à renoncer à l’arme atomique et de limiter son programme nucléaire civil.

Sauf violation par l’une des parties signataires, Iran, Etats-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France et Allemagne, l’accord devrait désormais pouvoir rapidement entrer en application.

L’Agence internationale de l‘énergie atomique (AIEA), chargée d’enquêter sur le programme nucléaire iranien, doit rendre un rapport destiné à lever toutes les zones d’ombre planant encore sur le dossier, le 15 décembre prochain.

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