La Pologne à droite toute !

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Par Sophie Desjardin avec Sandrine Delorme, Nelson Pereira, agences
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Interview de Dominika Cosic, correspondante de l'hebdomadaire de politique et société Wprost à Bruxelles.

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Sans surprise et sans contestation possible, les conservateurs polonais de Droit et Justice ont donc remporté les législatives.
Jaroslaw Kaczynski, le leader du parti et Beata Szydlo, future Premier ministre ont réussi leur pari et confirment ainsi le virage à droite opéré par le pays en mai dernier avec l‘élection d’Andrzej Duda à la présidence.
Ce jeune avocat entré en fonction en août, avait créé la surprise en remportant ces élections, et bien que le rôle du président soit limité en Pologne, il a depuis oeuvré pour mettre en avant le programme du Parti droit et justice.

Un programme aux forts accents conservateurs, voire populistes, que ce soit en politique intérieure ou étrangère. En interne, l’accent est mis sur des promesses forcément attractives : baisse des impôts, baisse de l‘âge de départ à la retraite, augmentation des allocations familiales. Reste à savoir si le virage à droite entraînera également un rapprochement avec les vues de l’Eglise.

A l’international, la crise des migrants sera sans doute l’un des premiers sujets sur lesquels les nouvelles orientations du pays vont se manifester. On connaît les sympathies sur la question entre Kaczynski et le Premier ministre hongrois Victor Orban. On s’attend à un “mur” hongro-polonais sur la question des quotas et de l’accueil des réfugiés

Euroscepticisme, repli sur soi, cap sur l’atlantisme seront sans doute aussi au programme.

Nous devons souligner l’importance de la Pologne, un pays qui défend les intérêts de ses citoyens“ déclarait Beata Szydlo pendant la campagne.

Défendre ses intérêts, quitte à rouvrir une période de turbulences avec les alliés européens, et notamment le vieil “ennemi” allemand, comme ce fut le cas de 2005 à 2007 lorsque les jumeaux Kaczynski étaient ensemble au pouvoir.

Sans tourner le dos à l’Europe, mais sans courber l‘échine non plus, la Pologne des Kaczynski ne cachait alors pas ses amitiés outre-atlantiques et sa volonté de privilégier ces relations-là.

Reste que Varsovie est conscient d’un fait : le pays a besoin des fonds européens pour continuer de se développer. L’Europe fonctionne pour la Pologne, et ce, depuis 2004.

Entretien avec Dominika Cosic

Le parti Droit et Justice (PiS) a obtenu une victoire surprenante, il est en mesure de former seul un gouvernement, ce sera la première fois depuis 26 ans.
Pour mieux comprendre ce que cela signifie pour la Pologne et l’Europe, Nelson Pereira a interviewé Dominika Cosic, correspondante de médias polonais à Bruxelles.

Comment peut-on expliquer la victoire du parti conservateur Droit et Justice ?

Dominika Cosic, correspondante de l’hebdomadaire de politique et société Wprost à Bruxelles :

“_Avant tout, n’ayons pas peur. Paraphrasons la chanson des Beatles, “give PiS a chance”…
Cette victoire a plus d’une raison. En premier lieu, les Polonais étaient fatigués après huit années de gouvernement de Plateforme Civique. Même Donald Tusk avait admis, pendant une rencontre avec des journalistes polonais, qu‘était venu l’heure du changement.

Ce résultat s’explique aussi par le vote d’une nouvelle génération. Il y a dix ans, on disait que les électeurs de Droit et Justice étaient des gens âgés, qui n’avaient pas fait d‘études universitaires, plutôt des provinciaux, et que les jeunes, diplômés et des grandes villes, utilisateurs d’internet, votaient Plateforme Civique. Maintenant on voit un changement, dans ces élections, Droit et Justice a eu un soutien plus important chez les jeunes ayant fait des études supérieures._”

euronews :
Doit-on s’attendre à des gros changements en politique étrangère avec un gouvernement Droit et Justice ? Je pense à la Russie, l’Ukraine, la crise des réfugiés…

Dominika Cosic :
“_En ce qui concerne les relations avec l’Ukraine, la Pologne ne va pas beaucoup changer sa politique, éventuellement il peut y avoir un renforcement du soutien à l’Ukraine démocratique et souveraine.
Concernant la Russie, le gouvernement de Plateforme Civique s‘était ouvert à la Russie, ce qui avait amélioré les relations entre les deux pays, puis les choses s‘étaient détériorées il y a un an et demi, à cause justement de la guerre en Ukraine et de l’annexion de la Crimée, le nouveau gouvernement va être confronté à cette situation. La Russie est un partenaire difficile.

Certains politiciens en Europe se demandent aussi ce que vont devenir les relations de la Pologne avec l’Allemagne. Ces dernières semaines, l’Allemagne a commis une grosse erreur, avec le projet North Stream 2, qui menace la sécurité énergétique de la Pologne. Le nouveau gouvernement va être aussi confronté à ce projet, qui est soutenu par la chancelière Angela Merkel.

Pour ce qui est de la question des refugiés, un gouvernement Droit et Justice ne va sûrement pas vouloir renégocier l’accord signé avec Bruxelles pour l’accueil de 7 000 refugiés. Le seul problème qui peut se présenter concernerait la décision d’en accueillir d’autres.

Le nouveau gouvernement va plutôt mettre l’accent sur la nécessité de renforcer les frontières extérieures de l’Union Européenne et l’agence Frontex._”

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euronews
Quelles sont les défis majeurs pour le nouveau gouvernement ?

Dominika Cosic :
La difficulté majeure, et bien peut- être que Droit et Justice a fait beaucoup de promesses, par exemple baisser l‘âge de la retraite et introduire une allocation sociale pour chaque enfant pour inverser les tendances démographiques en Pologne.

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