Viande et cancer : le CIRC pas alarmiste, aux gouvernements et aux individus de décider quoi faire

Viande et cancer : le CIRC pas alarmiste, aux gouvernements et aux individus de décider quoi faire
Par Sophie Desjardin avec Sandrine Delorme
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Le Centre international de recherche sur le cancer de l'OMS conseille de baisser sa consommation de viande rouge et de charcuteries.

PUBLICITÉ

Hier, un véritable vent de panique a soufflé en Europe après la publication du Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l’OMS. La viande rouge est désormais classée très officiellement comme probablement cancérogène et les charcuteries et viandes dites transformées classée comme cancérogène pour l’homme. Alors que signifie ce classement ? C’est ce que nous allons voir en rencontrant l’un des experts du CIRC, le docteur Kurt Straif.

Kurt Straif est en fait le directeur des Monographies, un titre un peu abstrait pour vous et moi. Concrètement, c’est un scientifique qui identifie les agents ayant une incidence sur l’apparition des cancers.

Entretien

Sandrine Delorme, euronews :
“Comment la viande rouge et les charcuteries augmentent-elles les risques de cancer et de quels cancers parle-t-on ?”

Kurt Straif :
C’est la viande transformée qui a été évaluée comme groupe 1, ça veut dire qu’on sait qu’il y a un lien avec les cancers chez l’homme et c’est surtout pour le cancer colorectal. Pour la viande rouge, c‘était une évaluation 2A, ça veut dire probablement cancérogène chez l’homme, alors les indications n‘étaient pas aussi fortes mais il y avait quand même de bonnes indications montrant qu’il y a un lien avec le cancer colorectal“.

Seule la viande blanche est donc épargnée par ce classement- couperet. Le boeuf, le veau, le porc, le mouton, le cheval, la chèvre seraient tous coupables de favoriser l’apparition de cancers colorectal, de l’estomac, du pancréas et de la prostate, qui plus est, s’ils sont consommés en charcuteries ou plats tout préparés, bref transformés.

euronews :
“A partir de quelle quantité de viande augmente-t-on nos risques de développer un cancer ?”

Kurt Straif :
Il y avait une augmentation du risque d‘à peu près 18 % pour chaque portion de 50 grammes de viande tranformée mangée chaque jour. Le risque n’est pas aussi élevé que pour le tabagisme qui clairement lié à une vingtaine de cancers différents, ou pour d’autres expositions comme l’amiante ou la pollution de l’air“.

euronews :
“Le ministre français de l’Agriculture Stéphane Le Foll a dit hier “je ne veux pas qu’un rapport comme celui-là mette la panique chez les gens”. Alors le CIRC n’a t-il pas été alarmiste dans sa publication ?”

Kurt Straif :
Non, je ne crois pas du tout que nous sommes alarmistes, nous avons clairement spécifié ce que nous avons évalué et on a bien sûr aussi quantifier le risque et après c’est aux gouvernementx ou aux individus de décider quoi faire avec ça. Les alarmistes, ce sont plutôt les autres mais pas nous“.

L’information du CIRC a fait le tour des médias, des réseaux sociaux, de la twittosphère, mais pas forcément des marchés. En France, 90 % des gens mangent de la viande et 95 % de la charcuterie…

Cette cliente qui n‘était pas au courant, ne compte pas changer ses habitudes :

“Depuis le temps… non, et la preuve c’est que je suis encore là… J’ai 88 ans!”

euronews :
“Quels sont vos conseils d’expert pour éviter de développer un cancer ?”

Kurt Straif :
Ca dépend vraiment du contexte, s’il y a des expositions environnementales, la pollution de l’air, c’est plutôt au gouvernement de faire quelque chose, mais si vous pensez d’abord aux expositions dans la vie quotidienne, je crois que le plus important c’est vraiment d’arrêter de fumer, de boire moins d’alcool, être actif, bouger, éviter le surpoids et manger moins de viande tranformée“.

Maintenant aux consommateurs, aux gouvernements et aux institutions de prendre la mesure de cette vaste étude certifiée par 22 experts internationaux de l’OMS.

-Informations supplémentaires :

22 experts se sont réunis 8 jours et nuits début octobre sous la direction de Kurt Straif pour rassembler toute la littérature, toutes les études épidémiologiques portant sur l’incidence de la viande rouge et des charcuteries ou viandes transformées sur l’apparition de certains cancers. Leurs conclusions sur le pourquoi de leur classement sont disponibles sur le site internet www.thelancet.com. Mais il faudra attendre un an pour que le volume 114 de la Monographie qui rassemble toutes les données soit publié. Il avait été décidé par l’OMS de se pencher sur cette question il y a plusieurs années.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

La viande bien moins cancérogène que le tabac et l'alcool

Viande et cancer : et vous, allez-vous changer vos habitudes alimentaires ?

Santé/cancer : la charcuterie et les viandes rouges montrées du doigt par une étude publiée par le CIRC