Elections : l'Espagne s'attend à un bouleversement politique

Comment vont se répartir les 350 sièges du Congrès espagnol, à la suite des élections de ce dimanche? Difficile de prévoir, vu le nombre élevé d’indécis. Seule certitude : un bouleversement du paysage politique et pas de majorité absolue.Mariano Rajoy, Premier ministre sortant, compte renouveler son mandat, mais avec la courte majorité dont il serait crédité selon les sondages, il a déjà affirmé qu’il envisageait des alliances politiques pour assumer le prochain mandat. Mais avec quels partenaires ? Mariano Rajoy renvoie la question à ce lundi. Il dit exclure une grande coalition à l’allemande avec les socialistes. Le candidat PSOE à la Moncloa, Pedro Sánchez, n’a pas manqué d‘égratigner son bilan, lors d’un débat à couteaux tirés ce lundi.Le candidat du parti socialiste, n’a pourtant pas réussi à prospérer sur la colère des Espagnols, provoquée par les coupes dans les prestations sociales, et, surtout, les scandales de corruption qui ont écorné le PP au cours de cette législature. Le PSOE fait aussi les frais de la fin du bipartisme qui l’a emmené au pouvoir plusieurs fois depuis 1982.C’est un nouvel acteur à droite, Ciudadanos, qui semble le plus proche du PP pour devenir un partenaire de coalition. Mais son chef de file, Albert Rivera, refuse toute alliance avec le PP et le PSOE. De plus, Ciudadanos plonge dans les sondages, et le parti ne représenterait pas assez de sièges, pour contribuer à dégager une majorité absolue. (function(d, s, id) { var js, fjs = d.getElementsByTagName(s)[0]; if (d.getElementById(id)) return; js = d.createElement(s); js.id = id; js.src = “//connect.facebook.net/fr_FR/sdk.js#xfbml=1&version=v2.3”; fjs.parentNode.insertBefore(js, fjs);}(document, ‘script’, ‘facebook-jssdk’));En el último día de campaña, Ciudadanos se plantea por primera vez abstenerse si hay mayoría suficiente para que gobierne Rajoy (PP) o Sánchez (PSOE)Posté par El País sur vendredi 18 décembre 2015 Quatrième acteur en lice, Podemos, emmené par Pablo Iglesias. Le parti est celui qui décolle le plus dans les sondages, depuis le début de la campagne. Podemos semble avoir cristallisé le désir de changement des Espagnols, dans ces élections, les plus disputées de ces dernières décennies. Pour en savoir plus sur ce prochain scrutin, Isidro Murga a interviewé pour Euronews l’analyste de sondages d’opinion Lluís Orriols, docteur en sciences politiques, diplômé de l’Université Charles III de Madrid. Isidro Murga, Euronews – Depuis des mois, on entend que les élections législatives qui auront lieu en Espagne ce dimanche vont faire voler en éclats le bipartisme entre le Parti Populaire et le PSOE, en place depuis la transition démocratique. Est-ce confirmé par les sondages ? Qui va gagner ? Lluís Orriols, chercheur en sciences politiques – Oui, ils le confirment, les derniers sondages situent systématiquement le PP en première position. Donc on sait, avec un certain niveau de certitude, que c’est le PP qui va gagner les élections. Mais pour la première fois de l’Histoire récente du pays, celui qui gagne n’a pas la garantie de gouverner, il peut y avoir d’autres possibilités. Parmi les éventuelles alliances, laquelle serait la plus susceptible de marcher ? Pourrait-on avoir, comme au Portugal, une union des forces qui confine dans l’opposition le parti arrivé en tête à l’issue des élections ? Sans doute. Si le PP parvient à s’unir avec Ciudadanos, la nouvelle formation d’Albert Rivera, une alliance serait possible, une alliance à deux, au moins une alliance parlementaire. Mais s’ils sont loin de la majorité parlementaire, de la majorité absolue, ce ne serait pas insensé qu’une majorité alternative émerge, menée par le deuxième parti au parlement. C’est pour cela que le parti qui arrivera en deuxième position aura un rôle crucial cette fois, parce qu’il n’est pas garanti que le PSOE arrive en deuxième position, même si c’est le résultat donné par les sondages pour l’instant. La crise, l’austérité, le chômage, la corruption, les revendications indépendantistes… Ce sont quelques-uns des facteurs qui expliquent le “séisme” électoral que prévoient les sondages. Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi n’a-t-il pas eu lieu avant ? De fait, cela se produit depuis que nous avons des élections. Disons que la rupture du bipartisme a commencé à se manifester depuis 2013, mais ce n’est qu’en 2014 lors des élections européennes que nous avons ressenti le tremblement de terre. Et le tremblement de terre observé dans les sondages est devenu électoral, tout au long de cette année, nous avons eu des élections municipales, régionales, et là, nous avons vu clairement comment le bipartisme s’est effondré. Peut-être pas autant que ce qu’annonçaient les sondages, mais cela a été un prélude à ce que nous allons constater lors de ces élections législatives. C’est donc depuis un an que nous observons l’effondrement du système de partis de notre pays. Ciudadanos et Podemos, qui n’avaient pas de sièges jusque-là, sont des partis qui vont peser dans le nouveau parlement espagnol. En quoi ces deux formations politiques se ressemblent et qu’est-ce qui les distingue ? Les deux se ressemblent, car tous les deux cristallisent la colère citoyenne, la désaffection citoyenne envers un système politique et des partis qui a déçu une grande partie de la population. Par conséquent, les deux partis ont cet élément en commun. En quoi sont-ils différents ? L’un, engagé à gauche, Podemos, rassemble la colère des citoyens de gauche. A l’inverse, Ciudadanos rassemble à droite et au centre. Ils ont donc une ligne idéologique différente, bien que tous les deux partagent le fait de prospérer sur la colère des citoyens. Ce lundi a eu lieu l’un des débats les plus tendus dont on se souvienne entre les dirigeants des deux principaux partis politiques, et mercredi, un jeune a frappé le Premier ministre au visage… Comment cela pourrait-il affecter le résultat ? Les débats influencent les gens dans une certaine mesure, on ne doit pas exagérer leurs effets, mais ils en auront. Je pense que le débat de lundi a aidé le parti socialiste à se démarquer du PP et à en finir avec l’idée selon laquelle les deux grands partis, c’est la même chose. C’est ce qu’ont essayé de démontrer Ciudadanos et Podemos pendant la campagne. Donc le débat de lundi a aidé le PSOE à “marquer” son territoire. Le fait que Mariano Rajoy ait été frappé a eu un impact médiatique énorme, mais je ne vois pas vraiment de conséquences au-delà de l’anecdote. Si cela a un effet, il sera très faible.