Le Conseil de Sécurité de l'ONU tente de relancer le processus de paix sur la Syrie

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Par Euronews avec AFP
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La Russie a rejeté sèchement vendredi à l’ONU les critiques des Occidentaux l’accusant d’avoir saboté les négociations de Genève et a annoncé qu’elle

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La Russie a rejeté sèchement vendredi à l’ONU les critiques des Occidentaux l’accusant d’avoir saboté les négociations de Genève et a annoncé qu’elle proposerait de “nouvelles idées” lors d’une prochaine rencontre internationale sur la Syrie à Munich.

Les ambassadeurs des quinze pays membres du Conseil de sécurité ont été informés vendredi par le médiateur de l’ONU Staffan de Mistura de sa décision de suspendre jusqu’au 25 février les négociations indirectes entre gouvernement et opposition qui s‘étaient ouvertes à Genève. Le Conseil a réitéré son “soutien total” à M. de Mistura et l’a “encouragé à reprendre les négociations au plus tard le 25 février à Genève”, a déclaré l’ambassadeur vénézuélien Rafael Ramirez Carreno qui préside le Conseil en février.
Les Occidentaux accusent Moscou d’avoir torpillé ces discussions en soutenant par des raids aériens intensifs les forces du régime syrien engagées dans une vaste offensive à Alep (nord). Lors des consultations à huis clos, Etats-Unis, France et Russie ont eu des “échanges animés” sur ce point, selon un diplomate. “C’est de mauvais goût, ce n’est pas le moment des récriminations, nos efforts politiques conjoints doivent s’intensifier”, avait déclaré avant la réunion l’ambassadeur russe à l’ONU Vitali Tchourkine.

A l’issue des consultations, il a réaffirmé que Moscou n’avait pas l’intention de cesser ses raids aériens, qu’il a jugés “totalement légitimes” pour soutenir les forces du régime contre des “terroristes”. Mais il a aussi indiqué que Moscou allait “mettre certaines nouvelles idées sur la table” à Munich, lors d’une réunion du Groupe international de soutien à la Syrie prévue en février. Etats-Unis, Russie et Iran notamment sont membres de ce groupe. “Nous préparons certaines idées sur la manière de progresser, particulièrement en ce qui concerne un cessez-le-feu”, a-t-il indiqué sans autres précisions. Il s’est déclaré optimiste sur une reprise des négociations “avant le 25 février”.

La réunion de Munich va permettre de “vérifier” la volonté de parvenir à la paix en Syrie de la part des principaux pays impliqués, a indiqué Staffan de Mistura, dans un entretien vendredi avec le quotidien italien La Repubblica. S’exprimant à l’issue de la réunion, l’ambassadeur français François Delattre a de nouveau accusé le régime syrien de déverser, avec l’aide de la Russie, “un déluge de feu jamais vu auparavant” sur Alep (nord) “dans le cadre d’une campagne militaire qui conduit à torpiller de fait tout espoir de paix”. Il a réclamé “une amélioration tangible de la situation humanitaire, qui est la condition d’une négociation crédible” et a réitéré le soutien français aux efforts de médiation de M. de Mistura. Damas et ses alliés doivent “respecter leurs obligations humanitaires” et les résolutions de l’ONU qui prévoient la levée des sièges des villes syriennes et la fin des bombardements aveugles. Pour l’ambassadeur français, “on ne peut pas attendre de l’opposition qu’elle négocie avec un fusil pointé sur sa tempe”. Les négociations ne doivent pas “être un rideau de fumée permettant au régime de continuer de massacrer en toute quiétude”. L’ambassadeur britannique Matthew Rycroft a lui aussi fustigé devant la presse la campagne militaire russe.

“Si la Russie faisait ce qu’elle a dit vouloir faire en Syrie, c’est-à-dire combattre le groupe Etat islamique, alors nous pourrions coopérer très efficacement”, a-t-il estimé. Pour que les négociations de Genève puissent reprendre rapidement, a-t-il expliqué, “nous devons avoir un ensemble de mesures de confiance aussi solide que possible” afin de donner à l’opposition “des raisons de s’asseoir à la table” des négociations. L’opposition syrienne avait insisté sur la fin des bombardements, un meilleur accès humanitaire et la libération de prisonniers, comme conditions à sa participation aux discussions de Genève.

Selon des diplomates, au cours des consultations à huis clos, M. de Mistura a répété que l’opposition syrienne à Genève “avait posé comme exigences” ces trois points. Mais, a-t-il ajouté, “tout le monde a vu que la violence sur le terrain s’aggravait pendant que nous menions les discussions”.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a exhorté vendredi la Russie à mettre fin à ses frappes en Syrie, qui “tuent femmes et enfants en grand nombre” et à appliquer un cessez-le-feu, à une semaine d’une réunion internationale sur cette guerre. “La Russie m’a dit très directement qu’elle était disposée à faire un cessez-le-feu. Les Iraniens ont confirmé à Londres il y a un jour et demi qu’ils soutenaient maintenant un cessez-le-feu”, a déclaré M. Kerry lors d’une conférence de presse au département d’Etat, de retour d’une tournée en Europe consacrée au conflit syrien. “Nous saurons dans les tout prochains jours qui est sérieux et qui ne l’est pas”, a-t-il martelé à l’adresse de Moscou, principal allié de Damas et qui bombarde depuis plusieurs jours autour de la ville syrienne d’Alep.

M. Kerry a affirmé qu’il existait “des preuves selon lesquelles la Russie a clairement recours à ce qu’on appelle des bombes classiques sans guidage. Ce ne sont pas des bombes de précision, et des civils, notamment des femmes et des enfants, sont tués en grand nombre”. Il a condamné le fait que “des hôpitaux étaient touchés, des quartiers de civils étaient touchés”, voire que “lorsque des secouristes arrivent pour extraire des blessés, des bombardiers reviennent et tuent les gens qui retirent des blessés”. “Cela doit s’arrêter”, a tonné le secrétaire d’Etat, qui s’exprimait devant la presse aux côtés du président colombien Juan Manuel Santos.

“Les Russes ont présenté quelques idées constructives sur la manière de mettre en oeuvre un cessez-le-feu. Mais si c’est parler pour le simple fait de parler, afin de continuer à bombarder, personne ne va l’accepter”, a encore mis en garde le chef de la diplomatie américaine. Après des mois de rapprochement et de coopération avec la Russie pour trouver une sortie de crise en Syrie, le département d’Etat et son patron John Kerry ont clairement changé de pied depuis mercredi en accusant l’armée russe, alliée des forces syriennes, d’avoir sapé les très fragiles efforts de paix. Washington a même jugé que Moscou était “en partie” responsable de l’arrêt mercredi à Genève de discussions indirectes inter-syriennes qui avaient à peine commencé.

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