Antoine Daniel : "internet est un Eldorado, et on construit des McDonalds dessus"

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Par Nathan Lautier
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Antoine Daniel nous a parlé de sa vision de l’internet d’aujourd’hui et du business qui s’est formé autour des vidéos sur Youtube.

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Antoine Daniel est l’un des vidéastes sur YouTube les plus regardés de France, avec plus de deux millions d’abonnés. Chaque épisode de What the cut !, son émission phare, est visionné plus d’un million de fois. Ce pro du web a accepté de nous parler de sa vision de l’internet d’aujourd’hui et du business qui s’est formé sur Youtube.

La plateforme vidéo de Google a, depuis sa création en 2005, vu passer différentes modes de vidéos : vlog, gaming, et aujourd’hui la vulgarisation scientifique. Mais YouTube connaît aussi des travers : les placements de produits, les vidéos dédiées à une marque, les publicités de toutes sortes fleurissent.

“Si les compteurs YouTube n’étaient pas visibles, si le nombre de vues et d’abonnés étaient invisibles, on aurait pas du tout les mêmes vidéos actuellement” explique Antoine Daniel, qui cumule plus de 215 millions de vues. Ce qui pour beaucoup est un loisir sur internet s’est donc transformé en machine à sous ? Pour notre vidéaste, le pire est “tout le côté publicitaire, les placements de produits, les opérations spéciales, les vidéos dédiées ! Franchement, j’ai l’impression que les gens ne se rendent pas compte qu’on a un Eldorado. Et on construit des McDonalds dessus “. Si son jugement est aussi sévère, c’est qu’il résiste encore à ces formes de financement en produisant ses vidéos lui-même. Il exhorte même les futurs “Youtubers” à faire de même : “Je n’ai pas vendu mon âme au diable ; je n’ai pas fait de partenariat avec des marques… Vous pouvez faire ça, vous aussi, en totale indépendance”

Avant de réaliser des vidéos de 45 minutes avec des introductions dignes de courts métrages, Antoine Daniel a commencé dans sa chambre, “face cam”, c’est à dire seul en face de sa caméra. Les enjeux pécuniers sur YouTube, il connaît : “J’arrive à correctement en vivre et à financer un épisode comme What The Cut ! 37 tout en ne sortant pas de vidéos pendant six mois, alors imaginez si j’en sortais une par semaine”.

Cela donne des idées à certains qui y voient un plan de carrière, plutôt qu’une passion. Ils essaient de surfer sur la tendance : un jour le gaming, maintenant la vulgarisation scientifique. Là encore, notre vidéaste est tranchant : “Récemment, on a vu des chaînes scientifiques de vulgarisation comme e-penser, axolot ou Dirty Biology qui marchaient bien et d’un seul coup bam, explosion de chaînes de vulgarisation.” Ironique, il ajoute “j’ai envie de dire : vous étiez où ? C’est étrange, non ? Non, le truc c’est que [ils ont] vu que ça marchait et du coup [ils se sont] dit : je vais faire de la vulgarisation parce que c’est ce qui marche en ce moment.”

La liberté sur internet, un idéal de plus en plus difficile à atteindre

Un internet neutre, libre, c’est le rêve de beaucoup, dont Antoine Daniel. Le sujet lui tiens à coeur : “ Je suis pour un internet totalement libre, où on essaie des choses, où la vie privée est respectée, où il y a beaucoup de choses en open source, où la neutralité du net est respectée … “. Les lois comme ACTA, TAFTA, sur le renseignement militaire et HADOPI, ont toutes un effet direct sur le partage de données sur internet, ou sur la surveillance en ligne. “ Je n’accepte pas forcément les lois [liberticides], mais que je ne les accepte ou pas, je les vis. “

Un conseil alors, pour les personnes qui veulent se mobiliser et défendre internet ? “Je leur conseille d’aller voir des sites comme la Quadrature du Net, ou Framasoft. Ces sites très intéressants peuvent être une porte d’entrée pour réfléchir collectivement à des modèles alternatifs, et dénoncer des pratiques qui ne vont pas.”

Pour voir l’entretien complet, c’est ici

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