Iran : travailler et vivre à Téhéran sans parler politique

Iran : travailler et vivre à Téhéran sans parler politique
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Par Sandrine Delorme avec Javad Montazeri, Cecilia Caccioto
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La vie quotidienne de deux hommes de classe sociale différente à Téhéran par notre correspondant Javad Montazeri.

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Téhéran est une mégalopole de 12 millions d’habitants, qui se divise grosso modo en trois zones, au nord, les plus riches, au centre la classe moyenne, au sud les moins fortunés.

C’est la ville qui attire le plus d’Iraniens, c’est aussi la plus chère du pays, grouillante, mais aussi “sécurisante”. L’alcool est interdit, le voile obligatoire pour les femmes qui, depuis quelques mois, sont autorisées à passer leur permis moto…

Notre correspondant Javad Montazeri a rencontré Omid Naraghi, 34 ans. Architecte et musicien, il vit dans un quartier aisé, passe son temps entre son bureau et un studio d’enregistrement, il aime sa vie, n‘évoque pas la politique, ni la religion :

“Téhéran est une belle ville agréable à vivre avec des opportunités de travail et des activités. On peut être heureux dans cette ville, mais la façon de vivre dépend de l’attitude de chacun, c’est une décision personnelle.”

Les week-ends, Omid aime prendre la route. Marié depuis 4 ans, lui et sa femme, Nouchine, adorent venir skier à Darband Sar, une station réputée située à 60 kilomètres au nord-est de Téhéran. Ici, les pistes démarrent à 2 700 mètres d’altitude…Il y a deux restaurants, et la police morale qui passe vérifier, entre autres, si l’interdiction d’alcool est bien respectée ou si vos cheveux sont bien cachés…

“C’est une station de ski de niveau international, elle est connue, c’est une attraction touristique. C’est l’une des stations les plus importantes et les plus professionnelles en Iran. Je viens ici avec mes amis, ma famille,avec ma femme aussi, mais elle ne m’a pas accompagné cette fois parce qu’elle est enceinte.”

Direction à nouveau Téhéran, mais dans la partie centrale de la ville. Ici, les loyers sont moins hauts, entre 200 et 300 euros par mois, plus un dépôt de garantie de 5 000 euros pour un 70 m2, sachant que le SMIC est à 200 euros.

Hamid Gharavi, 34 ans également, est un ingénieur en électronique et il cumule deux emplois dans deux entreprises différentes. Marié depuis 11 ans, il a deux enfants. Il se dit pourtant satisfait de ses conditions de vie :

“Je suis locataire et comme je prévois d’acheter un appartement, j’ai deux emplois. Un travail normal toute la journée jusqu‘à 16h, puis le soir, je travaille ailleurs jusqu‘à 21h ou 22h pour faire de l’argent pour acheter un appartement.”

Hamid ne donnera pas plus de détails sur son second job… Travail au noir oblige… Lui non plus, ne parle pas politique, ni religion, ni codes vestimentaires, ni du manque de liberté en général. Sa femme est professeure de sciences à l‘école élémentaire… Tous deux estiment avoir un niveau de vie moyen.

“Dans le sud de la ville, on peut trouver des quartiers où les conditions de vie, vêtement, nourriture, ne sont pas convenables du tout. Mais dans le nord de la ville, on peut voir des voitures qui coûtent plus cher que l’appartement dans lequel on vit. Il y a un énorme fossé entre les classes sociales dans la société. Malgré tout, Téhéran est une ville où on peut vivre si on travaille dur. Si vous êtes doué et persévérant, vous pouvez travailler.”

Retour dans le nord de Téhéran, où les loyers oscillent plutôt entre 500 et 800 euros et où le dépôt de garantie peut atteindre 15 000 euros…
Les niveaux de vie sont nettement différents, le fossé parfois énorme, mais les points de vue assez proches finalement entre Omid et Hamid, notamment concernant l’importance donnée au travail, même si, à cette heure de la journée, sur cet immense balcon, l’heure est plutôt, à la détente…

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