Croissance à 7 % : l'écart entre la Chine et les pays riches se réduit

Croissance à 7 % : l'écart entre la Chine et les pays riches se réduit
Par Sophie Desjardin avec Neil O'Reilly, Sandrine Delorme, Afp
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Il n'est pas question de laisser s'effondrer la deuxième économie mondiale, un scénario-catastrophe que compte bien éviter le gouvernement chinois.

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L‘économie chinoise tourne au ralenti, mais le gouvernement ne la laissera pas s’effondrer. C’est en substance le message envoyé à l’issue de la session annuelle du parlement chinois.

Le plan quinquennal a été adopté par 2 278 voix soit 97,27 % des délégués. Un plébiscite attendu.

Le Premier ministre, Li Keqiang, déclarait ce mercredi matin :

“L‘économie chinoise est faite de difficultés et d’espoirs mêlés, mais les espoirs dépassent de loin les difficultés”.

“Nous sommes pleinement convaincus de la croissance économique à long terme de la Chine. Cette confiance ne vient pas de nulle part, nous sommes confiants car tant que nous persistons dans les réformes structurelles et l’ouverture, l‘économie chinoise ne connaîtra pas d’atterrissage brutal.”

There are more hopes than difficulties for China's economy given its enormous potential https://t.co/S3JxnWdcpPpic.twitter.com/vzIbfOm8Wt

— China Xinhua News (@XHNews) 16 mars 2016

Le 13e plan quinquennal espère maintenir la croissance à un niveau moyen compris entre 6,5 et 7 % par an, durant la période 2016-2020.

Le PIB , quant à lui, devra passer de 67.700 milliards de yuans (9.360 milliards d’euros) l’an dernier à plus de 92.700 milliards de yuans en 2020. (C’est plus du double du PIB de 2010.)

Au programme donc la poursuite des réformes, notamment celle du secteur industriel, particulièrement touché.
L’acier, le ciment, la chimie souffrent d’une très forte surcapacité face à une demande en berne.
La restructuration de grands groupes étatiques devrait se faire par le biais de fusions et d’acquisitions plutôt que de fermetures pour éviter au maximum les licenciements.

Le gouvernement prévoit tout de même le licenciement de 5 à 6 millions de travailleurs dans les 2 ou 3 ans à venir.

Un plan d’aide de 100 milliards de yuans a déjà été approuvé pour aider au recyclage de ces travailleurs. D’autres pourraient suivre, si nécessaire.

Outre l’industrie, le secteur immobilier est en difficulté. La demande baisse et l’offre est trop forte. Ce qui entraîne une baisse des ventes et des prix, et un ralentissement des investissements.

Pour rééquilibrer l‘économie, il faut donc changer de modèle de croissance. Pékin s’y est engagé. Un rééquilibrage délicat qui passe par de nouveaux secteurs : les services, les nouvelles technologies et la consommation intérieure. Consommation intérieure qui doit être boostée, notamment par le biais de réductions d’impôts ou en facilitant l’accès au crédit.

Entretien avec le Professeur Kent Deng

Pour aller plus loin sur le plan approuvé par l’Assemblée populaire de Chine, notre journaliste Neil O’Reilly s’est entretenu avec le spécialiste de l’histoire économique chinoise, le professeur Kent Deng de la London School of Economics.

L’axe principal de cette session annuelle du parlement chinois a été l‘économie et les réformes. Quelque chose a-t-il filtré qui suggérerait que l’exécutif peut enrayer le ralentissement de l‘économie ?

Prof. Kent Deng :
“Dans cette session annuelle en deux parties de l’Assemblée, le gouvernement chinois envisage de réduire les surcapacités de production chinoise, ce qui veut dire qu’il va encourager certaines demandes intérieures, et donc encourager la demande. C’est un rééquilibrage majeur dans le livre des planificateurs de l‘économie chinoise. Nous verrons si c’est une tâche réalisable. Mais, de mon point de vue, cela requiert d‘énormes changements, pas seulement de la structure économique, mais aussi de la philosophie politique de base du parti au pouvoir.”

Au milieu de ces problèmes économiques, il y a le grondement du mécontentement des Chinois ordinaires avec les pertes d’emplois. Y a-t-il trace de nouvelles réformes politiques ou démocratiques émanant de cette session du parlement qui répondrait à ce mécontentement ?

Prof. Kent Deng :
“Très bonne question. N’oublions pas que la Chine est dirigée par un parti d’Etat léniniste. Et ils connaissent cette causalité, ils connaissent cette tendance générale qui veut qu’un pays en développement, après une décennie ou deux de croissance rapide, commence à se démocratiser. Mais ce parti s’assurera que ce type de développement politique ne se produira pas. Nous ne voyons émerger aucune tendance démocratique à aucun niveau de la société pour le moment.”

Cette session du parlement a été observée à la loupe par la communauté internationale. Que peuvent-en retirer de positif et de négatif les Occidentaux ?

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Prof. Kent Deng :
“Nous pouvons espérer un certain degrés de stabilité et de continuité de la part du parti au pouvoir et nous pouvons espérer que le taux de croissance de l‘économie continuera encore d’atteindre 8 %, au plus haut, ou 6 %, au plus bas, dans les cinq prochaines années.
Le point négatif, c’est l‘énorme challenge du gouvernement central qui a promis des choses à son peuple, par exemple : de corriger l‘énorme distorsion et déséquilibre économique du pays. D’encourager et de faciliter l’immense demande, de réduire la sur-production et de réduire les sorties de capitaux. De réduire la corruption d’Etat…
Et tout ceci requiert d‘énormes efforts et aussi un soutien populaire. Donc je dirais encore que le tableau sera contrasté dans les cinq années à venir pour le reste du monde.”

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