"La FIFA veut apparaître désormais comme une victime dans les affaires de corruption" (Transparency International)

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Par Olivier Peguy avec JOE ALLEN
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La FIFA semble décidée à tourner la page des années Blatter, marquées par des affaires de corruption révélés ces derniers mois. La Fédération

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La FIFA semble décidée à tourner la page des années Blatter, marquées par des affaires de corruption révélés ces derniers mois. La Fédération internationale de football a ainsi annoncé ce mercredi qu’elle allait demander des comptes à 39 anciens dirigeants qu’elle accuse d’avoir détourné de l’argent. On parle de plus de 200 millions de dollars.

Cette démarche s’inscrit dans le cadre des investigations menées autour de l’attribution des coupes du monde 1998 et 2010.

Cela s’inscrit surtout dans la volonté de changement exprimée par le nouveau patron de la FIFA, Gianni Infantino, élu le mois dernier à la tête de l’organisation.

Pour en savoir plus sur ce sujet, Joe Allen journaliste d’euronews a interrogé Deborah Unger, chargée d‘étudier la corruption dans le sport pour le compte de l’Ong Transparency International.

Joe Allen, euronews :
C’est la première fois que la FIFA estime officiellement que certains de ses anciens dirigeants se sont rendus coupables de corruption à grande échelle.
Est-ce un véritable changement en vue d’une plus grande transparence au sein de cet organisme ?

Deborah Unger, Transparency International :
La FIFA semble vraiment vouloir apparaître désormais comme une victime dans ces affaires de corruption, et elle veut récupérer son argent.

Joe Allen, euronews :
Cela nous mène justement à cette question : la FIFA veut se poser en victime. D’après vous, est-ce crédible ou est-ce une manière pour la FIFA de détourner l’attention par rapport au fait que c’est elle-même qui a généré ces pratiques qui ont conduit à la situation de chaos ?

Deborah Unger, Transparency International :
Je pense qu’elle est elle-même responsable, et ça, les dirigeants de la FIFA ne doivent pas l’oublier.
Cela dit, le ministère américain de la Justice a décrit la FIFA comme étant une victime. Et c’est très important car, si elle n’est pas une victime de la corruption, cela revient à dire qu’elle en est elle-même l’auteur. Et dans ce cas, cette organisation pourrait être interdite par les autorités suisses.
Ce n’est qu’en gardant ce statut de ‘victime’ qu’elle pourra engager ses réformes.
Maintenant, va-t-elle se réformer vraiment ? C’est la grande question ! A-t-on assisté à la première étape de ce chantier ? La FIFA a admis l’existence de cas de corruption, elle a admis qu’il y avait des brebis galeuses en son sein. C’est un premier pas vers une plus grande transparence. Mais il va falloir faire beaucoup plus en la matière pour regagner la confiance des gens.
Là, je pense que certains vont accueillir avec un peu de cynisme, cette annonce.

Joe Allen, euronews :
La FIFA reconnaît que des pots-de-vins ont été versées pour acheter des votes pour la candidature de l’Afrique du Sud. Mais qu’en est-il des attributions décidées récemment que ce soit pour la Coupe du monde en Russie et au Qatar ? Va-t-il falloir aujourd’hui faire la lumière ? Que doit faire la FIFA ?

Deborah Unger, Transparency International :
Et bien, des enquêtes sont en cours, à la fois en Suisse et aux Etats-Unis, concernant les dernières attributions de l’organisation de la Coupe du monde. Quand ces enquêtes seront terminées, la FIFA devra s’expliquer. Dans le même temps, la FIFA mène ses propres investigations.
Par ailleurs, les gens ont tendance à oublier l’existence du rapport Garcia
(un rapport qui détaille les conditions d’attribution des Coupes du monde 2018 et 2022, respectivement à la Russie et au Qatar, NDLR). Ce rapport n’a jamais été publié. Or nous, à Transparency International, nous réclamons la publication de ce document dans sa version complète. Le document qui a été rendu public est une version édulcorée, contestée par l’auteur même du rapport.
Donc je pense que, si on continue de fouiller, dans les prochaines années, on en apprendra beaucoup sur les conditions d’attribution d’autres coupes du monde.

Joe Allen, euronews :
Ce rapport Garcia, sera-t-il bientôt rendu public dans sa version originale ?

Deborah Unger, Transparency International :
Je ne suis pas sûre. En fait, on n’en sait rien. Je pense que le nouveau président Gianni Infantino devrait en faire une priorité. Ce serait un geste fort pour rétablir de la confiance. Je ne sais pas quand cette publication se fera. J’espère que ce sera bientôt.

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