L'Ukraine face à la menace des champs de mines

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Par Sergio Cantone avec Christelle Petrongari
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Le 10 février dernier, Andriy Kostenko, 45 ans, quittait Louhansk pour la ville de Marinka quand il s’est retrouvé bloqué sur la route par une file

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Le 10 février dernier, Andriy Kostenko, 45 ans, quittait Louhansk pour la ville de Marinka quand il s’est retrouvé bloqué sur la route par une file d’attente à un point de contrôle militaire.Pour l‘éviter, il quitte la route et quelques minutes plus tard, sa camionnette heurte une mine. Andriy Kostenko et ses deux passagers sont tués.

En moins de deux ans de conflit entre les forces gouvernementales ukrainiennes et les groupes rebelles pro-russes, 260 civils ont été tués par des engins explosifs enterrés A ce bilan, il faut ajouter celui des civils gravement blessés par des mines, 479 personnes.

Personne ne sait qui a enterré la plupart de ces mines. Certaines ne seraient même pas répertoriées, d’autres mines ont été localisées seulement sur des croquis faits par les soldats qui les ont installées.

Leur dispersion par milliers, marque un sérieux revers aux décennies d’efforts internationaux visant à éliminer le massacre aveugle. L’Ukraine rejoint ainsi dix autres nations dans le monde où les mines antipersonnel sont encore dispersées : la Corée du Nord, l’Irak, la Syrie, l’Afghanistan, le Pakistan, la Colombie, la Libye, le Yémen, la Tunisie et la Birmanie.

En décembre 1997, un traité sans précédent pour interdire ces mines est signé au Canada par 122 gouvernements. Depuis 2013, il y a 162 États signataires. La Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel ou traité d’Ottawa stipulait que les signataires, qui comprend l’Ukraine, devaient détruire leur stock.

Pour la première fois, l’armée ukrainienne révèle qu’elle est en train de déployer des engins explosifs ciblant les individus et les véhicules dans l’est du pays. Les rebelles feraient la même chose, semant un héritage qui va décimer les populations civiles dans les années à venir, peu importe qui finit par contrôler ce territoire.

Chronologie

  • décembre 1997 : le traité d’Ottawa interdit l’utilisation des mines antipersonnel. 122 gouvernements sont signataires, 162 en 2013, y compris l’Ukraine. Les signataires s’engagent à éliminer les mines posées et à détruire leurs stocks. La Russie, les Etats-Unis et la Chine ne signent pas cet accord.

  • avril 2014 : début du conflit ukrainien entre forces armées et rebelles pro-russes.

  • septembre 2014 : les Accords de Minsk 1 entre Kiev et les régions séparatistes stipulent un arrêt du déploiement des mines et le retrait de celles déjà posées.

  • mars 2016 : l’Ukraine posséderait encore un stock de mines antipersonnel estimé à plus de 5 millions, le pays admet les utiliser sur son propre territoire.

Mais aucun des accords majeurs ne semble avoir fait la différence dans l’attitude des belligérants. Les autorités et les militaires ukrainiens affirment qu’ils ne peuvent pas être tenus de se conformer aux traités lorsque les forces qu’ils combattent ne s’y conforment pas non plus.

Panneaux de signalisation, dépliants et toilettes transportables

La suppression de ces armes est problématique, car comment faire en sorte que les forces rebelles et leur principale alliée la Russie, respectent un traité qu’elles n’ont pas signé ?

Les seuls vrais efforts pour éliminer les mines ont eu lieu aux endroits où elles présentent un danger pour la réparation des infrastructures endommagées comme les conduites d’eau, le réseau électrique ou le réseau ferré.

“Le coût moyen de fabrication d’une mine est d’environ 2 dollars. Le prix pour la détecter, la déterrer et la désamorcer est d’environ 1000 dollars”, a déclaré Matthias Weinreich du Comité international de la Croix-Rouge.

Une alternative plus réaliste à court terme consiste à investir dans la sensibilisation des populations locales aux dangers de ces mines. L’Union européenne, la Croix-Rouge et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OCDE) travaillent tous sur des campagnes d’information, tandis que Kiev utilise des panneaux de signalisation et d’autres marqueurs pour identifier les champs de mines.

La Croix-Rouge a même installé des toilettes transportables aux points de contrôle connus pour être encerclés des mines. Objectif : permettre aux gens de ne pas avoir à se promener hors des sentiers pour se soulager.

Même quand la guerre sera finie, il sera presque impossible de déclarer un champ de mines 100% nettoyé.
Mais le plus gros problème pourrait finalement ne pas être l’argent ou la logistique nécessaire pour leur enlèvement.

Comme le suggère le politicien et blogueur Dmytro Tymchuk : “Les mines sont principalement le signe du manque de confiance entre eux et nous”.

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