Le négociateur de Damas dénonce les "mercenaires achetés par les sales dollars des pays du Golfe pour détruire la Syrie"

Le négociateur de Damas dénonce les "mercenaires achetés par les sales dollars des pays du Golfe pour détruire la Syrie"
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Par Beatriz Beiras avec FAIZA GARAH, SANDRINE DELORME
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A Genève où se tiennent les pourparlers de paix sur la Syrie, notre envoyé spéciale Faiza Garah a pu rencontrer le négociateur en chef du régime de

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A Genève où se tiennent les pourparlers de paix sur la Syrie, notre envoyé spéciale Faiza Garah a pu rencontrer le négociateur en chef du régime de Damas et ambassadeur syrien auprès de l’ONU, Bachar al-Jaafari, l’occasion d’avoir son point de vue sur l’opposition ou les oppositions, le terrorisme, la pensée Takfirie, les mercenaires étrangers, notamment thétchènes, et sur les décisions de l’Union européenne vis-à-vis de la Syrie.

Dans ces négociations, l’opposition réclame une période transitoire et le départ du président Bachar al Assad. Est-ce que cette demande fera échouer les négociations ?

Bachar Al-Jaafari, négociateur en chef de Damas :

“Vous parlez d’une seule opposition, ceci sous-entendrait qu’elle représente toutes les oppositions. Si ces oppositions parviennent à un dénominateur commun, on pourra considérer que cette demande est acceptable. Mais toutes les oppositions n’adhérent pas à cette demande.
Poser des conditions au préalable, c’est imposer l’impossible à l’art du dialogue et faire en sorte de mener ces négociations à l‘échec. Et puis, ceux qui réclament ce départ sont en train de suivre un agenda occidental, parce que l’exigence du départ de Monsieur le Président Bachar al Assad vient de l’extérieur.”

Vous dîtes que les demandes de l’opposition viennent de l’extérieur, pouvez-vous préciser ?

Bachar Al-Jaafari :

“Cette patrie appartient à tous les Syriens, ni moi, ni personne d’autre n’a le droit d’offrir une partie de cette patrie à un autre pays.
Il y en a certains dans l’opposition qui essayent de faire le jeu des Turcs en voulant créer une zone d’exclusion, une zone tampon dans le nord de la Syrie. Ceux qui la réclament, font le jeu des Turcs. Et les Frères Musulmans font la même chose en faisant le jeu du Qatar.

Nous l’avons dit et redit plusieurs fois et ce, depuis le début de la crise. Il y a une ingérence extérieure dans les affaires syriennes. Les événements récents ont confirmé notre discours que tout le monde niait et refusait jusqu’ici. Aujourd’hui, il y a des rapports émanant du Conseil de Sécurité et adoptés à l’unanimité par le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la France et les divers pays alliés qui gravitent autour d’eux.

Il existe d’autres rapports au Conseil de Sécurité qui confirment l’existence de trafics d’armes à travers les frontières jordaniennes et turques.
Il y a aussi de la contrebande d’armes en provenance de la Lybie qui transitent par le Liban jusqu’en Syrie.

Aujourd’hui, on a des preuves sur tous ces problèmes en Syrie et qui confirment sans aucun doute qu’il existe une forme de terrorisme provenant de l’extérieur et financé par l’extérieur, dont on facilite l’entrée en Syrie.

Est-ce que on peut considérer les milliers de Tchétchènes qui combattent dans les rangs de Daesh et d’al-Nosra comme une opposition nationale modérée ? Ce sont des étrangers ! Des mercenaires étrangers ! Achetés par les sales dollars des pays du Golfe pour détruire la Syrie ! Il y a 80 000 mercenaires étrangers qui combattent dans les rangs de Daesh et d’Al-Nosra !”

Qui encourage l’infiltration des terroristes en Syrie ?

Bachar Al-Jaafari :

“La pensée Takfirie est liée directement à la pensée wahhabite des Saoudiens. Uniquement.
C’est pour cela que nous disons que les pays du Golfe sont impliqués dans l’effusion de sang syrien. Parce que ce sont eux qui ont fourni les bases de ce courant qui traite les autres musulmans de mécréants. Ce qui les autorise par conséquent à décapiter les autres.

La pensée de Daech, c’est aussi la pensée wahhabite, car couper les mains, les bras et les têtes au sabre, c’est une tradition wahhabite d’Arabie saoudite.

Ces groupes comme Deach (ndrl : Daech et Takfir wal Hijra) sont sur la liste des organisations terroristes, et il y a des Etats qui les financent. Aujourd’hui, ce n’est plus un secret pour personne que la Turquie finance Daech et facilite le passage de ces membres en Syrie. Et ce n’est plus un secret pour personne non plus que le Qatar et l’Arabie Saoudite financent le Front Al Nosra. Ils financent les entraînement et l’armement.
Ça, ce n’est pas nous qui le disons, mais ça a été confirmé par le rapport du Conseil de Sécurité (de l’ONU).”

Comment vous voyez l’avenir de la crise syrienne ?

Bachar Al-Jaafari :

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“Nous sommes fiers de notre indépendance à prendre des décisions en tant que nation, et nous refusons toute ingérence. Notre seul ennemi, c’est Israël, et ce n’est pas parce que c’est Israël, mais parce qu’il occupe des territoires arabes, y compris un territoire de notre chère patrie : le Golan.”

De quelle manière la trêve a-t-elle contribué à l’acheminement de l’aide humanitaire ?

Bachar Al-Jaafari :

“Le gouvernement syrien donne 75 % de l’aide humanitaire au peuple syrien. Toutes ces conférences dont on entend parler un peu partout à Londres, à Rome et à Paris sont en vérité des façades. Derrière, il y a une volonté de financer autre chose, non pas pour aider le peuple syrien à l’intérieur, mais pour maintenir les réfugiés à l’extérieur.”

Comment l’Europe devrait traiter la crise syrienne selon vous ?

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Bachar Al-Jaafari :

“Premièrement, il faut qu’elle arrête de s’immiscer dans les affaires internes syriennes. Deuxièmement, il faut lever les sanctions imposées au peuple syrien. Troisièmement, il faut rouvrir les ambassades européennes à Damas pour que les Européens soient témoins de ce qui se passe et non pas qu’ils prennent leurs informations des sources de l’opposition. Il y a beaucoup d’erreurs stratégiques que l’Europe a commises.

Mais certains Européens ont refusé de jouer le jeu. L’ambassadrice tchèque est toujours à Damas, l’ambassade bulgare est toujours à Damas, l’ambassade de la Suède est toujours à Damas. On ne va pas mettre tous les Européens dans le même panier. Parmi eux, les sages ont laissé leurs ambassades ouvertes.”

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