Tsipras : la Grèce a besoin d'un allègement de sa dette

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Par Euronews
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Dans un entretien exclusif accordé à euronews, le premier ministre grec profite des bonnes données publiées par Eurostat sur l'économie grecque pour appeler ses créanciers à restructurer sa det

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Le Premier ministre grec Alexis Tsipras affirme sur notre antenne que son pays est sur le point de sortir de la crise, et que c’est la fin des mesures d’austérité qui feraient reculer son pays.

Les pourparlers entre la Grèce et les bailleurs de fonds internationaux sont actuellement en cours à Athènes, pour trouver un accord sur une nouvelle tranche de prêts d’un montant de 86 milliards d’euros sur 3 ans. Selon la Commission européenne et Eurostat, qui produit les statistiques officielles de l’Union européenne : en 2015 le pays a dégagé un excédent budgétaire primaire supérieur aux objectifs fixés par ses créanciers,

L’excédent était de 0,7% du produit intérieur brut (PIB) l’an dernier, alors que l’objectif était de 0,25%. Pour le gouvernement grec, il est donc inutile d’intensifier les mesures d’austérité, comme le préconisent encore les créanciers d’Athènes et le Fonds monétaire international (FMI).

Ils exigent toujours que le pays dégage un excédent primaire de 3,5% du PIB en 2018 et au-delà. Le FMI juge cet objectif irréaliste avant plusieurs décennies. Un accord est donc encore très difficile, à une journée de la réunion de l’Eurogroupe.

Interview exclusive : Alexis Tsipras, premier ministre grec

Stamatis Giannisis, euronews :

Monsieur le Premier ministre, les données publiées par Eurostat sur les performances de l‘économie grecque sont meilleures que prévues, mais il vous reste un long chemin à parcourir. Comment évaluez-vous ces résultats ?

Alexis Tsipras, premier ministre grec :

La performance de la politique budgétaire de la Grèce a dépassé toutes les attentes en 2015 et n’oubliez pas combien cette année a été difficile. Il y a eu deux scrutins législatifs, un référendum, la fermeture des banques et aussi une crise migratoire sans précédent dont le poids a pesé presque exclusivement sur les épaules de la Grèce.

En dépit de tout cela, que nous dit Eurostat ? Que nous avons dégagé un excédent primaire de 0,7% au lieu d’un déficit primaire de 0,25%. Cela veut dire que nous avons surpassé l’objectif du programme d’environ 1%.

N’oublions pas qu’au même moment, le FMI nous prédisait un déficit d’1% ou de 0,6%. Nous avons dépassé les prévisions du FMI de 2,3 milliards d’euros. Et ce, sur une année difficile. Ce n’est pas le fruit du hasard, mais celui d’un travail guidé par notre vision, notre patience et notre persistance.

Nous avons maîtrisé nos dépenses, nous avons donné un bol d’oxygène à l‘économie en exploitant le Cadre de référence stratégique national de l’Union européenne, qui a injecté plus de cinq milliards d’euros dans l‘économie grecque. Et la Grèce a pour la première fois été le premier pays de l’Union en termes d’absorption des fonds structurels.

Nous avons également eu un excellent bilan dans le secteur du tourisme, nous avons dépassé nos objectifs de rentrées fiscales de 2 milliards et nous avons réduit le chômage d’1,5%.

Cet ajustement fiscal non agressif centré sur la protection des plus faibles et des bas et moyens revenus, de même que sur la protection de nos systèmes de santé et d‘éducation, est en train de porter ses fruits. Et l‘économie grecque est à présent au seuil de la reprise.

Les prophéties des “ Cassandre “ des temps modernes qui nous accusaient de détruire l‘économie par nos négociations ont été glorieusement démenties. L’heure est à présent aux bonnes décisions.

Stamatis Giannisis, euronews :

Avez-vous le sentiment que ce développement va permettre de lancer les discussions sur un allègement de la dette ?

Alexis Tsipras, premier ministre grec :

J’ai le sentiment, en ce moment précis où se dégage le tableau d’une économie grecque en passe de sortir de la crise, que nous devons tous prendre les bonnes décisions. Cela veut dire que la Grèce est dans la dernière ligne droite et a besoin d’un coup de pouce en avant, pas en arrière. Il est dès lors nécessaire que ceux qui ont commis des erreurs grossières en faisant de mauvais choix et de mauvaises prévisions, ne soient pas autorisés à répéter les mêmes erreurs, une fois plus.

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La Grèce a un excédent primaire de 0,7%, c’est 1% de plus que l’objectif visé, et elle n’a pas besoin de mesures d’austérité supplémentaires. Ce dont la Grèce a besoin, c’est d’un allègement de sa dette pour faire redécoller son économie, regagner la confiance des investisseurs et renouer avec la croissance, enfin.

A ce stade critique, nous ne devons en aucune façon permettre à certains de replonger le pays dans les ténèbres de la récession. Nous devons aller de l’avant et surmonter la crise, pour de bon.

Stamatis Giannisis, euronews :

Pensez-vous que votre courte majorité parlementaire – trois députés – suffira à faire passer toutes les mesures d’austérité qu’il vous faut faire valider par la chambre ?

Alexis Tsipras, premier ministre grec :

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Pour la première fois en Grèce, un gouvernement a reçu un mandat pour appliquer un accord difficile, juste après la conclusion de cet accord et pas avant. Pour la première fois, les Grecs savaient ce qui était sur la table et c’est pourquoi il n’y a aucun problème quant à l’application de cet accord. C’est pourquoi nous insistons sur le contenu de l’accord et nous ne demandons rien de plus, ni rien de moins.

L’accord sera honoré. Le pays sortira de la crise et notre majorité parlementaire sera suffisante tant que nous ne laisserons pas certains ajouter des fardeaux supplémentaires à ceux déjà prévus par l’accord. Et ils n’ont certainement aucune excuse pour insister sur ce point parce que les résultats, les chiffres et la réalité elle-même, les contredisent.

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