JO de Rio 2016: A M-1, Dernières ombres au tableau ?

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Par Euronews
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A un mois des Jeux Olympiques, Rio de Janeiro est bientôt en pleine effervescence.

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A un mois des Jeux Olympiques, Rio de Janeiro est bientôt en pleine effervescence. Entre 300 000 et 500 000 personnes sont attendues pour l‘événement. La ville brésilienne, habituée à recevoir de nombreux touristes, lors de son célèbre carnaval en février, fait pourtant face à des difficultés dans l’organisation de l’événement. Si les infrastructures sportives sont achevées, son organisation suscite toujours incertitudes et inquiétudes. Retour sur les principaux défis à relever pour assurer son bon déroulement.

Les transports

Stades et piscines sont fin prêts pour le 5 août, alors que de plusieurs accidents mortels ont été recensés lorsqu’ils étaient encore en chantier. Les atteindre sera cependant une autre paire de manche pour les supporters selon l’AFP. La ligne 4 de métro, imaginée pour permettre l’accès au village olympique du quartier de Barra de Tijuca depuis le quartier aisé d’Ipanema, reste aujourd’hui fermée. Des tests se poursuivent et retardent son ouverture. Prévue initialement pour juillet, la municipalité de Rio l’a repoussée au 1er août. Les athlètes, supporters et détenteurs de billets disposeront d’un accès exclusif à cette ligne de métro. Il leur faudra cependant parcourir près de 23 km en bus pour atteindre le village olympique. Une situation qui a obligé les autorités à prévoir « un plan B ». Des couloirs de circulation ont ainsi été aménagés et réservés à des bus de transit rapide (BRT). Une création entamée lors du mondial de football il y a deux ans, qui bouleverse l’organisation des transports aujourd’hui dans la ville selon certains habitants plus habitués à recourir au bus qu’au métro. Ces modifications, sont sur le long terme supposées profiter aux brésiliens.

Zika et la question sanitaire

Le Brésil a été frappé de plein fouet par le virus Zika en 2015. Selon l’AFP plus de 1,5 millions de personnes auraient été touchées par le virus dans le pays hôte. Entre le 3 janvier et le 28 mai 2016, plus de 46 000 cas de transmission de virus Zika ont été répertoriés par le ministère de la santé dans la région de Rio de Janeiro. En raison de son ampleur et de sa propagation à l’échelle mondiale, l’Organisation mondiale de la Santé a souhaité maintenir en juin dernier la situation d’urgence de santé publique de portée internationale autour de ce phénomène sanitaire. Ce virus présente-t-il donc un risque pour les spectateurs ou les sportifs ? Pour plusieurs scientifiques la réponse est positive. Des professeurs des universités d’Ottawa, New York et Zurich, sont à l’initiative d’une lettre ouverte rédigée en mai, demandant l’annulation de l’événement. Ils craignent que l’épidémie s’étende et souhaitent alerter l’opinion publique sur la faiblesse des certitudes scientifiques liées à cette épidémie. S’il existe un lien entre le virus Zika et la microcéphalie, ou le syndrome Guillain Barré, ces scientifiques suggèrent que de nouvelles complications peuvent apparaître. Mais sur ce point, l’OMS se veut rassurante. Selon elle, le risque de propagation du virus suite au JO est faible. La saison hivernale a débuté dans le pays sud-américain et les précautions nécessaires ont été prises. Il reste déconseillé aux femmes enceintes de se rendre dans les pays à risque. Une expertise, qui n’empêche pas l’émergence de craintes chez les sportifs. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs décidé de se retirer de la compétition. C’est le cas du numéro 1 du golf mondial, Jason Day, alors que sa discipline renaît de ses cendres aux JO. Depuis plus de 100 ans elle n’avait pas fait partie des sports en compétition. D’autres athlètes, comme les sud-coréens, porteront dans certaines disciplines des vêtements de protection pendant leur performance sportive. Le comité régional olympique a d’ores et déjà annoncé qu’il fournirait répulsifs et moustiquaires aux bénévoles. Selon l’agence de presse espagnole EFE, près de 3 000 professionnels seront mobilisés dans le cadre de la prévention contre le virus.

Déficits financiers

L’Etat de Rio, en difficulté financière, « les Jeux (5 au 21 août) pourraient être un échec » a prévenu le gouverneur par intérim de la région Francisco Dornelles, en mai. Alors que les caisses du gouvernement régional sont vides, l’état d‘urgence économique a été déclaré. Pour faire face aux dépenses que l’organisation des JO engendre, le gouvernement a accepté de verser 2,9 millions de real à la région de Rio. Des dépenses qui concernent les transports, mais aussi la sécurité de l’événement. Les policiers de la ville se sont réunis à l’aéroport de la ville, en début de semaine pour dénoncer leurs conditions de travail. « Bienvenue en enfer », tels étaient leurs messages de bienvenue. Salaires non versés, faiblesse des moyens, la liste de leurs revendications est longue.

Les paradoxes de la sécurité

Pendant la compétition, 65 000 policiers et 20 000 soldats seront déployés dans les rues de Rio pour assurer la protection du public assure pourtant le gouvernement, Un contingent doublé par rapport aux JO de Londres et qui s’explique par le contexte de violence dans la ville sud-américaine. Près de 14 personnes sont assassinées chaque jour en moyenne depuis le début de l’année dans la région de Rio, selon un rapport du gouvernement. Une grande partie des forces de sécurité sera affectée dans les favelas, où Amnesty international dénonce depuis plusieurs années l’ampleur des violences policières. En 2015, selon l’ONG, un crime sur cinq aurait été commis par des forces de police en service dans la ville.

Une instabilité politique

Mauvais timing pour le Brésil – premier pays d’Amérique du Sud à accueillir les JO – en pleine tourmente politique à l’échelle nationale. Confrontée à des soupçons de corruption dans le cadre de l’affaire Petrobras, la présidente Dilma Roussef a été écartée du pouvoir le 12 mai dernier. Si le président par intérim Michel Temer inaugurera les JO, il reste probable que Dilma Roussef les clôturera. Le prochain sursaut de ce scandale politique pourrait avoir lieu à la mi-août, date à laquelle le Sénat devrait confirmer ou non la destitution de la présidente. Cette décision interviendra en pleine période olympique et pourrait avoir des conséquences sur le climat qui entoure l’événement. Le responsable du comité organisateur, Sydney Levy, ne s’en est d’ailleurs pas caché à l’agence de presse espagnole EFE :

“Cela serait une distraction. Nous voudrions que tous les brésiliens puissent profiter des Jeux et du climat olympique. »

Une « distraction » qui préoccupe pourtant les brésiliens au-delà de la période des Jeux olympiques, tout comme la question sanitaire, les transports, la criminalité, la corruption, les finances publiques. Les Jeux Olympiques seront tout au mieux une parenthèse si les pouvoirs publics ne s’emparent pas de ces problématiques sur le long terme.

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