Jumeaux : classe commune ou séparée ?

Jumeaux : classe commune ou séparée ?
Par Euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Les jumeaux doivent-ils être dans la même classe ou faut-il les séparer ?

PUBLICITÉ

Les jumeaux doivent-ils être dans la même classe ou faut-il les séparer ? Les parents ont parfois du mal à faire la part des choses entre les avantages et les inconvénients des deux options. Pour y voir plus clair, nous nous sommes rendus en Bosnie et plus précisément à Bužim qui se veut une “ville de jumeaux” où l’on scolarise toujours ensemble les enfants de naissances multiples. En Angleterre, nous avons rencontré une famille qui a quant-à-elle choisi des écoles séparées pour ses jumeaux. Nous avons aussi recueilli l’avis de la professeure Pat Preedy, spécialiste de la question.

A Bužim, “ville de jumeaux”, ils sont toujours ensemble

Dans la petite ville de Bužim, l‘école Osnovna accueille un nombre exceptionnel de jumeaux. Il y a les petites Elma et Selma, les plus grandes Ajla et Almedina et les garçons Ilhan et Elhan. Leurs prénoms sont parfois proches et il est parfois bien difficile de les différencier surtout qu’ils sont nombreux à s’habiller de la même manière. Pour les enseignants comme pour les parents bien entendu, leur scolarisation est une mission délicate.

Sefika Aldzic, mère de Sara et Lara, confie : “Tout d’abord, c’est un vrai défi d‘éduquer des jumeaux : on doit être à la fois, mère, meilleure copine, psychologue et aussi docteur – et beaucoup plus que les mères qui n’ont pas de jumeaux ! Mais c’est une tâche fantastique,” assure-t-elle.

Ils sont une quarantaine de jumeaux à l‘école et plus de quatre cents sur la commune d’après des chercheurs. Un phénomène inexpliqué même si les facteurs héréditaires jouent évidemment, en particulier au sein de cette communauté qui se mélange peu.

“Avoir une jumelle, c’est géniale, indique la jeune Merjema aux côtés de sa soeur Merisa. Elle est meilleure que moi en classe, donc quand je ne sais pas quelque chose, elle m’aide toujours à la maison, dit-elle avant d’ajouter : On fait nos devoirs ensemble, mais on partage aussi beaucoup d’autres choses.”

D’après les spécialistes, cette question de séparer ou de réunir les jumeaux dans la même classe est cruciale, surtout quand ils sont très jeunes. “Ils aiment être ensemble, souligne la pédagogue Emina Alesevic, en général, on connaît assez bien leurs besoins et en particulier, s’ils veulent être dans la même classe. Ils ont l’habitude de partager leurs manuels et leurs fournitures, poursuit-elle, ils aiment réviser ensemble à la maison.”

Ces nombreuses naissances gémellaires sont vues comme une aubaine par la municipalité de Bužim qui veut en faire un vecteur d’attractivité pour la commune. “On s’est donné pour mission de faire la promotion de Bužim en tant que “ville de jumeaux”, explique le maire Agan Bunic, on prévoit d’organiser sur la commune, des rencontres de jumeaux de dimension nationale, mais aussi internationale. Par ce biais, dit-il, on espère attirer des visiteurs – en particulier, des chercheurs -, ce qui serait bénéfique pour tout le monde.”

A Bužim, les jumeaux ne sont jamais séparés, de l‘élementaire au lycée. Le plus souvent, ce sont eux qui le souhaitent. Il faut dire que parfois, cela leur permet de ruser. “Il y a beaucoup d’anecdotes, indique Emina Alesevic : par exemple, s’ils se ressemblent beaucoup entre soeurs jumelles ou frères jumeaux, il peut arriver que [quand l’enseignant a le dos tourné] ils échangent leur place et que l’un des deux réponde deux fois à la même question parce que sa soeur ou son frère ne connaît pas la bonne réponse.”

Alors que les conditions économiques restent difficiles en Bosnie, Bužim est l’une des rares communes du pays où l’on constate en plus des nombreuses naissances gémellaires, un taux de natalité en hausse.

Royaume-Uni : et si on se séparait ?

A Londres, Emily et Harvey, 13 ans, sont jumeaux. Une particularité qui n’est plus si exceptionnelle à l‘échelle du Royaume-Uni et du reste du monde. En 40 ans, le nombre de naissances multiples a quasiment doublé dans les pays développés.

Experte de ces questions d‘éducation, Pat Preedy nous explique pourquoi. “Premièrement, il y a un usage plus fréquent des traitements de l’infertilité qui sont beaucoup plus accessibles qu’avant et puis, les femmes deviennent mères beaucoup plus tard : les couples sont plus âgés quand ils fondent une famille et ces femmes sont plus susceptibles de mener des grossesses multiples, indique-t-elle. Enfin, de nombreux enfants de naissances multiples naissent prématurément, ajoute-t-elle. Aujourd’hui, les soins néonataux ont beaucoup progressé, donc le taux de survie de ces bébés – comme pour tous les prématurés d’ailleurs – est beaucoup plus élevé,” dit-elle;

Et quand ces bébés sont en âge d’aller à l‘école, que faut-il faire ? Les inscrire dans la même classe ou les séparer ?D’après cette spécialiste, pour pouvoir choisir, il faut s’intéresser aux besoins individuels de chaque enfant et à la relation qui unit ces frères et soeurs entre eux. Et en la matière, Pat Preedy a identifié trois modèles différents.
“Le premier type de relation, c’est “l’association étroite” : ce sont souvent des jumeaux identiques, quand ils sont très, très similaires, précise-t-elle. A l’inverse, il y a “l’extrême individualisation” : quand ils n’aiment pas être jumeaux, qu’ils s’opposent à cela et que véritablement, ils se battent pour grandir en tant qu’individus, souligne-t-elle. Enfin, entre les deux, il y a le cas fréquent des “dépendants matures” – comme je les appelle – : pour eux, le fait d‘être jumeaux n’est pas ce qu’il y a de plus important dans la vie, c’est en eux, mais ils sont aussi des individus,” assure-t-elle.

Emily et Harvey appartiennent clairement à cette troisième catégorie d’après leurs parents qui les ont d’ailleurs inscrit dans des établissements scolaires différents. “On a décidé dès le départ qu’il valait mieux pour eux qu’ils soient dans des classes séparées, indique leur mère, Alicia Glover, pour qu’ils aient leur vie et leurs amis et qu’ils ne soient pas dépendants l’un de l’autre même s’ils restent très proches.”

Aujourd’hui, il est rare que les jumeaux se retrouvent ensemble pour faire leurs devoirs. Harvey fréquente un établissement proche du domicile de ses parents alors que comme Emily le souhaitait, elle est scolarisée dans un internat pour filles à l’extérieur de Londres. “Evidemment comme elle a été dans la même école que moi pendant huit ans, cela a été un peu bizarre quand elle est partie en internat, confie-t-il. Quand je rentrais à la maison, il n’y avait que maman et moi, Emily n‘était plus là, mais avec le temps, je me suis habitué à la situation,” affirme-t-il.

La professeure rappelle le rôle essentiel des parents dans le développement des enfants, de naissances multiples ou non. Elle souligne aussi que si des jumeaux sont dans une même classe, les enseignants doivent être particulièrement à leur écoute. “J’aimerais en réalité, indique Pat Preedy, que les écoles ne prennent aucune mesure particulière et qu’elles tiennent compte des besoins de ces enfants en tant qu’individus et en tant que jumeaux et qu’elles se montrent flexibles plutôt que de dire : “Il faut toujours les mettre ensemble” ou “Il faut toujours les séparer”, et ce pour qu’ils puissent tirer le meilleur parti de leur scolarité.”

Coming up: a report by SLeandaC</a> on <a href="https://twitter.com/hashtag/twins?src=hash">#twins</a> and education! Watch it next Friday on <a href="https://twitter.com/euronews">euronews#learnworld#edchatpic.twitter.com/oDMjIGMX3Q

— learning world (@euronews_LW) 28 juin 2016

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

La fausse annonce de la mort de Charles III

Tribune : "Ce projet de loi sur le Rwanda est cruel et inhumain"

Le prince William appelle à la cessation des combats à Gaza dès que possible