L'axe Russie-Iran-Turquie émerge au Moyen-Orient

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Par Sophie Desjardin
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Des jets russes bombardant la Syrie.

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Des jets russes bombardant la Syrie. Des images devenus habituelles depuis que la Russie a décidé d’entrer en guerre pour soutenir Damas, il y a bientôt un an. Mais ces jets là sont partis d’Iran. Une première pour la Russie, comme pour l’Iran, qui n’avait pas autorisé l’utilisation de ses bases par un pays tiers depuis 1979.

Cela représente un avantage tactique et logistique certain pour la Russie, qui gagne en temps de vol et peut transporter davantage de bombes. Mais l’intérêt premier est bien évidemment politique pour les deux puissances qui ont multiplié ces derniers jours rencontres et déclarations.

Pour les deux alliés historiques de Damas, il s’agit de constituer un front puissant et de se poser en détenteur des clés de la solution au conflit. Le soutien au régime syrien est sans équivoque : “Parce que le peuple syrien est en première ligne de la résistance, nous sommes aux côtés du peuple syrien. Nous sommes venus ici pour annoncer notre soutien à la Syrie”, soulignait Alaeddin Boroujerdi, chef de la commission parlementaire iranienne de la sécurité nationale et de la politique étrangère.

En s’affichant aux côtés du puissant allié russe, l’Iran sort ainsi encore davantage de l’ombre. Pour la Russie, c’est un retour en force au Moyen-Orient qui se joue. Une pièce centrale dans l‘échiquier géopolitique de la région.
L’intérêt de voir l’islam radical sunnite stoppé dans sa course est primordial pour Moscou. L’Iran, chiite, ne sera, à priori jamais une menace pour ses intérêts, notamment dans les ex-Républiques du Caucase, musulmanes sunnites. Par ailleurs, la Russie a tout à gagner d’un axe fort formé avec les deux puissances régionales : l’Iran et la Turquie. Le tout, bien sûr, pour contrer l’influence américaine :

“C’est la première fois que la Russie mène des raids aériens depuis l’Iran, cela marque une escalade en terme de combat en Syrie, pas nécessairement sur le plan militaire, mais au niveau de l’alignement russe sur l’Iran dans des endroits comme la Syrie. Et on peut voir très clairement que les Russes jouent une carte politique très forte en Syrie, alors que les Etats-Unis, jouent, aux mieux, la carte défensive’‘, souligne Andrew Tabler, analyste au Washington Institute for Near East Policy.

Un axe tripartite inédit

Dans ce contexte, la brouille entre Moscou et Ankara ne pouvait pas durer. La réconciliation est donc en marche, ce dont se félicite l’Iran, qui a bien compris l’intérêt de cet axe tripartite, en dépit de son inimitié historique avec Ankara.
On voit ainsi émerger une alliance inédite pour contrer l’influence occidentale dans la région

“Il y a de la défiance de la part des Turcs à l‘égard des Américains, de l’OTAN et des Européens, et plus de confiance vis-à-vis de Poutine. C’est quelque chose de nouveau dans nos relations’‘, explique le professeur Huseyin Bagci, du département des relations internationales à l’Université technique du Moyen-Orient d’Ankara.

La Russie, elle, se targue de sa nouvelle stratégie militaire. Selon le ministère de la Défense, les frappes depuis l’Iran ont permis la destruction de deux postes de commandement et d’entraînement de l‘État islamique et l‘élimination de plus de 150 combattants.

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