Colombie - FARC : la paix est à construire

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Par Stéphanie Lafourcatère
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La paix signée, encore faut-il l’appliquer.

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La paix signée, encore faut-il l’appliquer. L’accord conclu ce mercredi par le gouvernement colombien et la guérilla des FARC qui met fin à 52 années de guerre civile en Colombie établit les modalités du cessez-le-feu. Pour le contrôler, un mécanisme tripartite comprenant le gouvernement, les FARC et une mission de l’ONU sera mis en place.

Sur le parvis du Congrès colombien à Bogota, ce jeudi, Juan Manuel Santos s’est adressé à la foule : “J’ai ordonné le cessez-le-feu définitif avec les Farc à partir de minuit dans la nuit de dimanche 28 à lundi 29 août. Ainsi se termine le conflit armé avec les Farc !” a-t-il lancé.

La question de l’impunité

Le texte complète un accord conclu le 23 juin dernier après quatre ans d‘âpres négociations. Le processus de paix prévoit des mesures agraires, un programme de substitution des cultures illicites qui servent à financer les groupes armés et la participation à la vie politique, des quelque 8000 guérilleros démobilisés. Il établit aussi des mécanismes de réparation pour les victimes du conflit et une juridiction de paix apte à condamner les crimes les plus graves.

La question de l’impunité, c’est justement ce qui tourmente l’opinion publique colombienne : selon les termes de l’accord, les commandants des FARC n’auront pas nécessairement l’obligation de purger des peines de prison ferme.

#PazenColombia, Colombie | Les défis qu'il reste à relever selon le RFCS2014</a> ➡️ <a href="https://t.co/32FgC0VOgm">https://t.co/32FgC0VOgm</a> <a href="https://t.co/zaTk23L116">pic.twitter.com/zaTk23L116</a></p>&mdash; CCFD-Terre Solidaire (ccfd_tsolidaire) 25 août 2016

L’issue du référendum est incertaine

Parmi les exactions commises par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), des enlèvements dont celui d’Ingrid Betancourt retenue en otage pendant six ans, des massacres comme celui perpétré à Bojaya (dans le nord-ouest du pays) en mai 2002 où 79 personnes avaient été tuées et des attentats comme celui à la voiture piégée dans un club de Bogota qui avait fait 36 morts en 2002.

Pour entrer en vigueur, l’accord de paix doit encore être approuvé par référendum par les Colombiens le 2 octobre. Pour l’instant, les électeurs se divisent à parts égales entre le camp du oui, celui du non incarné par l’ex-président Alvaro Uribe et les indécis.

“Nous avons le droit de vivre en paix” (ONG colombienne)

Pour aller plus loin sur ce sujet, nous avons interrogé depuis Bogota, Adriana Benjumea, directrice de l’ONG Humanas Colombia.

Vicenç Batalla, euronews :
“Le président colombien, Juan Manuel Santos a déclaré la fin de la guerre avec les FARC après quatre ans de négociations et un demi-siècle de conflit, le plus long qui ait concerné l’Amérique latine. La guerre est-elle vraiment finie ?”

Adriana Benjumea :
“Bien sûr, on considère ici en Colombie qu’il s’agit d’une affirmation réelle et exacte, que le conflit est terminé. La Colombie peut être un pays qui se dirige vers la paix et nous avons le droit, nous les citoyens et les citoyennes, de vivre dans ce pays en paix. Ce qu’a dit le président Juan Manuel Santos est vrai : nous pouvons dire que la guerre en Colombie est finie.”

Vicenç Batalla :
“L’accord comporte six points qui doivent être approuvés par référendum par les Colombiens le 2 octobre prochain. Le oui va-t-il l’emporter ?”

Adriana Benjumea :
“Il est très important que les hommes et les femmes de ce pays disent oui à la paix. Tous ceux qui défendent les droits de l’homme, tous les citoyens sont convaincus qu’on va dire oui à la paix. On ne va pas laisser de côté, cette possibilité d’obtenir la paix et gâcher le compromis passé entre les FARC et le gouvernement colombien.”

“La guerre ne convient qu‘à une minorité”

Vicenç Batalla :
“Dans quelle mesure l’ancien président Alvaro Uribe qui est contre cet accord pourrait-il enrayer ce processus ?”

Adriana Benjumea :
“En réalité, la guerre ne convient qu‘à une minorité, sans doute à la droite. Nous, on est persuadé que la ligne suivie par l’ancien président Uribe n’a pas sa place au sein d’une population qui rêve de se réveiller un jour avec le silence des armes et avec une démocratie qui se met en place sans violence.”

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Vicenç Batalla :
“Il est prévu que la guérilla rende les armes sur une période de six mois. Y a-t-il des garanties quant au respect de ce délai ?”

Adriana Benjumea :
“Oui, il y a des garanties. Une commission de vérification a été mise en place avec des Etats membres de la Celac (Communauté d’Etats latino-américains et caribéens), les FARC, le ​gouvernement colombien et des représentants des Nations Unies. Ceux qui déposeront les armes ont la garantie que quand ils le feront, leur vie ne sera pas en danger. La population des territoires touchés vérifiera aussi que l’accord est bien respecté.”

“Il y a des garanties dans l’accord”

Vicenç Batalla :
“Un ensemble de mesures prévoit l’intégration de ces guérilleros à la vie politique colombienne. Pensez-vous que ce soit réaliste ?”

Adriana Benjumea :
“Il faut prévoir des garanties concernant leur action politique. Ils devront participer au débat pour qu’on puisse mettre en oeuvre des réformes sociales et politiques et bâtir un pays meilleur.”

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Vicenç Batalla :
“Finalement, la guérilla de l’Armée de libération nationale (ELN) continue de poser problème. Peut-on envisager une issue positive avec ce groupe ?”

Adriana Benjumea :
“Actuellement, beaucoup d’acteurs politiques et sociaux réclament le début de négociations avec l’ELN. Toutes les conditions nécessaires sont là. L’ELN veut entamer des discussions, le gouvernement aussi. Il faut s’asseoir autour d’une table pour ne pas perdre cette occasion, il faut profiter de l’accord de paix et c’est seulement à partir de ce moment-là qu’on pourra dire que la paix est totale en Colombie.”

#GanandoLaPaz miles de colombianosfelicesporque se acerca#PazCompleta faltaELN_Paz</a> <a href="https://t.co/Cc9xXSfeN0">pic.twitter.com/Cc9xXSfeN0</a></p>&mdash; porunapazcompleta(pazcompleta) 25 août 2016

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