Etats-Unis : les "Swing states" sur le point de balancer pour Hillary Clinton ?

Etats-Unis : les "Swing states" sur le point de balancer pour Hillary Clinton ?
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Par Euronews
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Pour connaître le nom du prochain président américain le soir des élections, il suffit de prêter attention à une poignée d'entre eux, ceux qu'on appelle les "Swing states". Arrêtons-nous sur 9

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Les Etats-Unis comptent 50 Etats américains et le District de Columbia où se trouve la capitale Washington. Mais pour connaître le nom du prochain président américain le soir des élections, il suffit de prêter attention à une poignée d’entre eux, ceux qu’on appelle les “Swing states” ou “Etats-charnières”.

Les candidats à la Maison blanche consacrent beaucoup de temps et d’argent à ces “Swing states” qui sont considérés comme clefs. Dans ces Etats, les sondages balancent sans cesse de démocrate à républicain, l‘électorat est très volatile ou indépendant, et malgré les votes des primaires, ils peuvent changer de camp.

Le reste des Etats américains est considéré comme sûr, on peut généralement se fier aux résultats des primaires et aux estimations des sondeurs. Ils représentent 418 des grands électeurs d’un collège qui en compte 538 le jour de l‘élection au suffrage universel indirect. Le vainqueur étant celui qui remporte 270 grands électeurs.

Reste donc 120 grands électeurs qui sont répartis dans 9 Etats : la Floride, la Pennsylvanie, l’Ohio, la Caroline du Nord, la Virginie, le Colorado, le Nevada, et le New Hampshire.

Il faut savoir que les grands électeurs sont attribués entièrement au candidat qui remporte la majorité dans l’Etat en jeu. Il y a cependant deux exceptions : le Nebraska et le Maine qui partagent leurs grands électeurs proportionnellement aux votes de leurs électeurs.

Jetons donc un oeil à ces “Swing states”, ainsi qu’aux derniers sondages qui laissent penser à une victoire d’Hillary Clinton et non de Donald Trump…

FLORIDE – 29 grands électeurs

Le ‘Sunshine state’ ou ‘l’Etat ensoleillé’ apparaît comme le terrain décisif cette année, celui où tout va se jouer. Pourquoi ? Pour une raison purement mathématique : si Hillary Clinton conserve tous les Etats qui ont déjà voté démocrate depuis 1992 et gagne la Floride, elle sera la prochaine présidente des Etats-Unis.

L’enjeu est tout aussi important pour Trump : sans la Floride, il peut gagner dans tous les autres “Swing states” et perdre quand même le bureau ovale.

La course était très serrée jusqu’au premier débat présidentiel fin septembre, mais depuis, l‘écart s’est creusé.
Clinton est bien en tête et a toutes les cartes pour arriver à remporter la Floride.
Elle a 10 fois plus de représentants démocrates qui arpentent la Floride que Trump.
La Floride compte aujourd’hui une communauté latino-américaine beaucoup plus importante qui représente aujourd’hui 1/4 de la population de l’Etat. Et selon les sondages, Hillary Clinton a une cote de 3 contre 1 chez les électeurs latino-américains.

De plus, Barack Obama a gagné la Floride à deux reprises, aidé par la jeune génération d’après-guerre froide de cubano-américains. Ces dernières années, un influx massif de Porto Ricains a aussi contribué à changer la tendance politique de la communauté latino-américaine, désormais plus “sociale-démocrate” et moins “conservatrice”.

PENNSYLVANIE – 20 grands électeurs

La Pennsylvanie, l’Etat ‘clef de voûte’ ou la pierre angulaire des Etats-Unis de par son histoire, a perdu des grands électeurs depuis 1960. C’est la résultante d’une transformation économique et de la migration de la population. Tous les quatre ans, les Républicains croient en la victoire et tous les quatre ans, ils font face à une brutale réalité, ils perdent. La Pennsylvanie a toujours voté démocrate aux présidentielles depuis 1992… Mais il fait quand même partie des “Swing states”…

2016 ne devrait pas être différente : Hillary Clinton est en tête des sondages depuis mi-juillet. Malgré tout, le message protectionniste de Donald Trump peut atteindre les électeurs des zones rurales et industrielles. La campagne a été très forte ici. Et si Trump parvient à mobiliser le vote des hommes blancs de ces milieux sociaux, il a une petite chance de faire basculer la Pennsylvanie.

Cependant, l‘électorat blanc ne cesse de diminuer, à l‘échelle nationale et en Pennsylvanie. Les Démocrates ont verrouiller le scrutin dans les grandes régions métropolitaines autour de Philadelphie et de Pittsburgh. Dans ces villes, les minorités assurent d‘énormes marges aux démocrates.

En 2012, il y avait 59 circonscriptions essentiellement afro-américaines dans et autour de Philadelphie, et Mitt Romney n’a pas reçu une seule voix ! En outre, l’un des blocs électoraux les plus virulents anti-Trump, la population latino-américaine, a augmenté de plus de 80 % depuis 2000 en Pennsylvanie. C’est l’une des plus fortes augmentations de population latino-américaine d’un État.

OHIO – 18 grands électeurs

Cet Etat du Midwest industriel, surnommé le “Buckeye state”, “l’Etat marronnier” a longtemps été considéré comme le “Swing state” par excellence. Il a statut de baromètre fiable pour toute la nation… Depuis 1944, les électeurs de l’Ohio ont toujours voté des gagnants, à l’exception d’une seule fois, Richard Nixon en 1960 contre J.F. Kennedy.

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On dit souvent : ‘win Ohio, win the presidency’. Cette année, pourtant, pourrait être différente. Donald Trump a pris la tête des sondages depuis début octobre et pourrait bien l’emporter dans l’Ohio.

L’Ohio a été frappé de plein fouet par la crise économique et la globalisation en général. De nombreuses entreprises ont dû fermer au profit d’autres aux Etats-Unis ou à l‘étranger. Le discours de Trump y fait donc mouche, notamment chez l‘électorat blanc masculin de classe moyenne et ouvrière.

Mais il a encore deux importants obstacles à surmonter. Primo, le populaire gouverneur de l’Ohio, John Kasich qui refuse de le soutenir et a même refusé de participer à la convention républicaine en juillet. On ne sait donc pas dans quelle mesure l’infrastructure du parti républicain va le soutenir dans cette dernière ligne droite.
Secondo, Hillary Clinton a concentré sa campagne sur les trois Cs : Cleveland, Columbus et Cincinnati, des zones urbaines où elle est normalement bien supérieure. Tout dépendra de la participation des électeurs issus des minorités et des femmes.

CAROLINE DU NORD – 15 grands électeurs

Comme beaucoup d’autres Etats du sud, la Caroline du Nord a toujours voté républicain depuis 1968, à deux exceptions près. Un vote réactionnaire des conservateurs blancs face à la législation sur les droits civiques adoptée à partir du milieu des années 60, qui a effectivement été bien exploité par les Républicains à travers la “stratégie sudiste” initiée par Nixon.

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Les deux seules exceptions ont donc été en 1976 avec la victoire de Jimmy Carter, et en 2008 avec celle de Barack Obama. Cette année-là, Obama a vaincu John McCain de 14 000 voix sur 4,3 millions de suffrages exprimés. ( 2e élection la plus serrée après le Missouri)

En 2012, la Caroline du Nord a encore été le second scrutin le plus serré après la Floride. Mais cette fois-ci, Mitt Romney avait battu Obama de 2 %.

Cette année, la Caroline du Nord est encore une fois une terre à conquérir… Rien n’est joué. Les sondages ont montré que Trump et Clinton étaient au coude-à-coude pendant toute la campagne. Hillary a commencé à prendre un peu d’avance depuis début octobre. Et les votes anticipés confirment, pour l’instant, cette tendance.
Environ 40 % de ces votes sont en faveur de Clinton et 35 % en faveur de Trump. A ce point de la campagne, en 2012, Mitt Romney avait 5 points d’avance sur Obama.

La Caroline du Nord a subi de profonds changements sociaux et économiques cette dernière décennie en devenant le plus grand Etat manufacturier des Etats-Unis.
La population de la Caroline du Nord a suivi ce mouvement avec l’arrivée d‘électeurs hautement qualifiés, de cols blancs et de latino-américains. C’est ce qui donne tout son enjeu à l‘élection de 2016 dans cet Etat.

VIRGINIE – 13 grands électeurs

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La Virginie, l’une des 13 premières colonies américaines et lieu de naissance de quatre des cinq premiers présidents américains, était plutôt républicaine de 1952 à 2004 (excepté en 1964, Lyndon Johnson contre Barry Golwater).

Puis après un changement démographique très rapide, en 2008, la Virginie a basculé démocrate. Obama l’a emporté avec 53 % des voix contre 46 % pour McCain.
Idem en 2012, mais de manière plus serrée : 51 à 47 % contre Mitt Romney.
Depuis l’Etat de Virginie est lui aussi devenu un baromètre national…

Qui plus est, la Virginie a un gouverneur et deux sénateurs démocrates. Ici, Hillary Clinton a une avance solide dans les sondages. A tel point que cet été, elle a cessé de dépenser l’argent de sa campagne dans la publicité. Choisir le sénateur de Virginie Tim Kaine comme colistier l’a aussi beaucoup aidée. Cet Etat semble imprenable pour Donald Trump.

Le paysage politique de la Virginie a radicalement changé ces dernières années. L’‘Old Republican Virginia’ (religieuse, rurale, ouvrière et blanche) a laissé la place à la ‘New Democratic Virginia’ (laïque, cols blancs, et diversifiée), notamment dans les zones autour de la capitale Richmond, et dans les riches contés du nord de l’Etat.

Comme à Washington DC, les banlieues se sont étendues et se sont ouvertes à la diversité et au CSP +. Des milliers d’employés du gouvernement, issu du public et du privé, notamment des secteurs de la Défense et de la haute-technologie y vivent désormais.

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COLORADO – 9 grands électeurs

Bien qu’entouré par des “Red states”, des Etats républicains, (excepté le Nouveau Mexique au sud), et malgré le fait que le Colarado ait toujours voté républicain depuis la seconde guerre mondiale jusqu’en 2008 (sauf à trois reprises), cet Etat est considéré comme un “Etat-charnière”, un champ de bataille à cause de son changement démographique et de la nature indépendante de son électorat.

Le Colorado a basculé en 2008 en votant pour Obama à 54 % contre 45 % pour John McCain. Obama a de nouveau gagné en 2008, mais avec une plus petite marge de 5,4 % sur Romney.

La population du Colarado a augmenté, elle a deux fois plus de poids électoral qu’en 1960.

Les sondages d’après-débat montrent qu’Hillary Clinton mène confortablement, même si des partisans de Trump veulent encore croire au retour de l’Etat des montagnes rocheuses dans l’escarcelle républicaine.

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Mais, avec un grand nombre de CSP +, l’augmentation rapide de la communauté latino-américaine et une atmosphère politique en général libérale (la marijuana est légale par exemple), le Colorado n’a semble-t-il pas les ingrédients de la victoire pour Trump…

Ici aussi, l‘équipe de Clinton a été assez confiante pour stopper les campagnes publicitaires fin juillet.

IOWA – 6 grands électeurs

L’“Hawkeye state”, du nom d’un chef indien depuis 1838, parfois appelé “The American heartland”, le coeur de l’Amérique, l’Iowa est un petit état rural, plat et compte 3 millions d’habitants. Jusqu‘à la deuxième moitié du 20e siècle, il était axé sur l’agriculture, puis il s’est diversifié avec l’arrivée des industries de haute technologie, des services financiers, de la biotechnologie et de la production d‘énergies renouvelables.

Lors de six dernières élections présidentielles, à cinq reprises, il a voté démocrate. En 2012, Obama a vaincu Romney avec 52 % des suffrages contre 46 %.

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Cependant, avant 1988 et depuis la guerre civile, l’Iowa votait traditionnellement républicain (excepté à 5 reprises).

En 2016, l’Iowa semble être l’Etat que Donald Trump peut subtiliser aux Démocrates. Il mène dans tous les sondages et a augmenté de 5 points depuis le premier débat fin septembre. Mais comme il n’y a pas eu de sondages après-débat, difficile de prédire quelle sera l’issue le 8 novembre.

NEVADA – 6 grands électeurs

La population du Nevada a augmenté de 35 % depuis 10 ans, c’est énorme, et elle a donc gagné un grand électeur de plus. Elle en aura six jusqu’aux élections présidentielles de 2020.
Au Nevada, ce sont les Républicains qui ont dominé la scène politique dans les années 60 et 80.
Mais l’afflux de population a changé la donne, et en 2012, le Nevada a voté pour Barack Obama à 52 % contre 46 % pour Mitt Romney.

Plus de 40 % de la population du Nevada est aujourd’hui issue des minorités latino-américaines et asio-américaines. Deux groupes théoriquement conservateurs qui devraient être réceptifs aux arguments républicains, mais que le discours haineux et insultant de Trump fait fuir.

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D’autant plus que sur le terrain, les Démocrates ont dépêché des volontaires parlant chinois, coréen, Hindi, philippin, etc.

Le Nevada a toutefois été l’un des Etat les plus durement touchés par la crise financière, ce qui pousse l‘électorat blanc dans les bras de Trump. Mais les sondages d’après-débats donnent une nette avance à Hillary Clinton.

NEW HAMPSHIRE – 4 grands électeurs

Le New Hampshire a voté démocrate à cinq reprises sur les six dernières élections présidentielles.
La dernière fois qu’il a voté républicain, c‘était en 2000, il avait alors préféré Bush à Al Gore de seulement 7 000 voix…

En 2012, Barack Obama l’a emporté avec 5,5 % de plus que Mitt Romney.

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Pourtant, cette année, Trump pourrait avoir un avantage dans ce petit Etat de moins d’un million et demi d’habitants. Bordé par le Vermont, le Maine, le Massachussets et au nord par la province canadienne du Québec, il a voté massivement Trump lors de primaires républicaines et Bernie Sanders (sénateur du Vermont voisin) lors des primaires démocrates.

Le journal le plus important du pays soutenait le candidat Gary Johnson jusqu‘à ce qu’il s’empêtre récemment dans des remarques dévastatrices en matière de politique étrangère, montrant qu’il n’y comprenait pas grand chose…

Les dernières projections annonçaient 64 % des voix en faveur d’Hillary Clinton.

Mais selon certains, 40 % des électeurs n’ont pas arrêté leur choix, il faut donc se méfier…

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