Najat Vallaud-Belkacem : "L'enseignement professionnel n'a pas la même valeur que l'enseignement général"

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Par Euronews
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En France, une étude récente réalisée par le Conseil National d’Evaluation du Système Scolaire, montre que l‘école creuse en fait les inégalités entre les…

En France, une étude récente réalisée par le Conseil National d’Evaluation du Système Scolaire, montre que l‘école creuse en fait les inégalités entre les élèves.
Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l‘Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche depuis 2014, s’est fixée une priorité : la lutte contre les inégalités scolaires. Elle défend sa réforme de l‘éducation prioritaire et celle du collège.

Sophie Claudet, euronews

Madame la ministre, merci de nous rejoindre au Conseil de l’Europe en marge du Forum mondial de la démocratie.
De récentes études du système scolaire français montre que la France est le pays le plus inégalitaire de l’OCDE et ce, depuis des années.

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education

Ce qu’il faut bien comprendre c’est que ces enquêtes portent sur des élèves de 15 ans, donc ce qu’on évalue derrière, c’est le système scolaire que ces élèves ont connu les années précédentes. Les enfants qui vont connaître nos réformes qui sont entrées en vigueur entre l’année dernière et cette année, pourront être véritablement évalués par le même système, une dizaine d’années plus tard.

Donc, ce que nous avons fait en 2015, c’est que pour la première fois depuis 30 ans, nous avons vraiment fait une réforme de l‘éducation prioritaire, enlevé les établissements qui n’avaient plus rien à y faire, mis dans les établissements de l‘éducation prioritaire, des écoles et des collèges qui n‘étaient pas jusqu‘à présent aidés par elles et qui le justifiaient, donné beaucoup plus de moyens – c’est quasiment un demi milliard d’euros supplémentaires qui ont été mis sur l‘éducation prioritaire – mieux rémunéré les enseignants qui y vont parce que c’est là que c’est le plus difficile d’enseigner, et surtout apporté des réponses pédagogiques nouvelles qui tournent notamment autour d’un accompagnement et d’un suivi beaucoup plus étroits des élèves en éducation prioritaire que ce que l’on fait avec les élèves hors éducation prioritaire.

Sophie Claudet, euronews

On voit dans le classement PISA, que les pays qui s’en sortent le mieux, ont une meilleure formation des professeurs, et une évaluation et correction en temps réel. Cela fait-il partie de votre réforme ?

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education

On vient d’adopter une réforme profonde de la façon dont les enseignants progressent dans leur carrière, sont rémunérés, sont inspectés, évalués. Et c’est très important car pour la première fois, on a réussi à poser le principe que les enseignants qui s’engagent le plus devaient être encore mieux reconnus que les autres.

Sophie Claudet, euronews

Avez-vous regardé ce qui se passait dans d’autres pays européens, est-ce que cela peut être une source d’inspiration pour la France ? Je pense à l’Allemagne, la Pologne, qui avaient été très mal classées en 2000 par PISA et qui ont réagi.

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education

La réforme du collège, honnêtement, s’est beaucoup inspirée de ce qui se faisait en Allemagne, en Suisse, dans les pays du Nord, sur toute la partie interdisciplinarité, c’est-à-dire comment plusieurs disciplines peuvent à un moment donné, se décloisonner un peu et faire sens pour les élèves parce qu’elles vont parler ensemble, est-ce qu’on fait coopérer, travailler ensemble les élèves ? On a beaucoup de sources d’inspiration.

Sophie Claudet, euronews

Est-ce que la France peut s’inspirer aussi du modèle suisse ou allemand sur la formation professionnelle ?

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education

J’y suis très sincèrement attachée. Nous avons décidé de créer 500 nouvelles filières de formations professionnelles autour des métiers de demain dont on voit qu‘à 10 ans on manquera de main d’oeuvre.
En revanche, pour être franche avec vous, moi ce qui m’embète, pour une part encore trop importante de nos décideurs ,de nos observateurs, de ceux qui font le débat public sur l‘éducation, la réalité c’est que l’enseignement professionnel n’a pas la même valeur que l’enseignement général.

Sophie Claudet, euronews

Je voudrais vous faire réagir sur une dernière chose, c’est une déclaration du Conseil National d’Evaluation du Système Scolaire qui dit, je cite : “Le système éducatif français met désormais en péril à la fois la croissance économique future ainsi que sa cohésion nationale et sociale.”

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education

J’insiste sur le fait que c’est un regard porté sur les années précédentes, ce n’est pas un regard porté sur ce qui se passe depuis 2012.
Clairement, ce dont on a pâti avant 2012, c’est des suppressions de postes, parce que moi je veux bien que tout ne se résume pas à la question quantitative, mais quand vous n’avez même pas les moyens d’avoir un enseignant devant chaque classe – et on a vu comme c’est difficile de reconstituer le vivier d’enseignants – quand vous n’avez plus d’enseignants formés – comme c‘était le cas avant 2012 – et bien par définition, vous avez une incapacité à prendre en charge et les élèves et la diversité des élèves et les inégalités etc.”

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