Italie : Renzi s'en va, et après ?

Italie : Renzi s'en va, et après ?
Par Euronews
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Entretien avec Luca Rocolfi de l'Institut d'études de Turin. Il dénonce le populisme du chef du gouvernement italien démissionnaire.

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La démission de Matteo Renzi et le rejet de sa réforme constitutionnelle posent plusieurs questions sur l’avenir du pays.

Ce départ, après un mandat écourté de deux ans et demi, porte un coup à l’Union Européenne qui fait déjà face à la montée des mouvements anti-européens.

La crise gouvernementale pourrait déboucher sur des élections anticipées où le mouvement 5 étoiles aurait des chances de sortir vainqueur et d’organiser un référendum sur la sortie de l’euro.

A noter que les élections anticipées ne devraient pas pouvoir avoir lieu avant une réforme de la loi électorale à la Chambre des députés, défendue par la majorité actuelle au Parlement. Le Mouvement 5 Etoiles ne veut pas de cette autre réforme et réclame ces élections sous la loi actuelle qui le favorise.

En attendant, dès cette semaine, un gouvernement technique, devrait être nommé à la tête de l’Italie.

Entretien avec Luca Rocolfi

Simona Volta, euronews, s’est entretenue avec Luca Rocolfi, professeur d’analyses de données à l’Institut d‘études de Turin. Il nous éclaire sur les répercussions possibles de ce ‘non’ au référendum constitutionnel.

Le non exprimé par les Italiens peut-il être assimilé au choc du Brexit ou à la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis ?

Luca Ricolfi :
“Je ne dirais pas ça, nous parlons de deux choses différentes.
Dans le camp du ‘non’, on a pu voir du populisme, mais dans l’autre camp aussi, car Matteo Renzi est l’un des dirigeants les plus populistes d’Europe. Il a fait une campagne très populiste contre Merkel, contre l’Allemagne, donc je dirais que nous sommes faces à deux types de populisme. On peut dire qu’il y avait un peu moins de populisme dans le camp du ‘non’ que dans le camp du ‘oui’.”

Vous évoquez Angela Merkel, le ministre de l‘économie Pier Carlo Padoan ne s’est pas rendu à la réunion de l’Eurogroupe ce lundi. L’Union européenne ne va-t-elle pas avoir l’impression que l’Italie part à la dérive ?

Luca Ricolfi :
“J’ai bien peur que si. Mais pas parce que l’Italie a voté non. Juste parce que nos politiciens ne sont pas réactifs. Ils vont mettre beaucoup de temps à résoudre cette situation. Les consultations vont commencer, comme les réunions de partis. Le fait que le ministre Padoan ne soient pas allé à l’Eurogroupe, ce n’est pas un bon signal. Parce qu’un gouvernement efficace n’aurait pas convoqué son Conseil des ministres lundi après-midi, mais la nuit dernière. Et il aurait donné à Padoan une conduite à suivre. Au lieu de ça, les rites de la politique italienne ne font que commencer…”

A quel point ce ‘non’ va-t-il influencer l‘économie italienne et la situation des banques ?

Luca Ricolfi :
“Concernant la situation des banques, je pense qu’un ‘non’ ou un ‘oui’ aurait eu le même poids. Peut-être que le ‘non’ est juste un peu moins bon que le ‘oui’. Mais si les banques italiennes ont des problèmes, un ‘oui’ ou un ‘non’ ne changent rien. Si leur bilan comptable est mauvais, il reste mauvais, que ce soit le ‘oui’ ou le ‘non’ qui l’emporte. Mais c’est mon opinion personnelle. Renzi a fait essentiellement deux choses : il a donné de l’oxygène aux familles, il a donné de l’oxygène aux budgets des familles. Un soudain et spectaculaire changement, donc. Cette opération a eu un coût qui a été de ravager les finances publiques. Il y a un rapport dette publique/PIB qui a continué d’augmenter depuis que Renzi est au pouvoir. Il va probablement augmenter encore l’an prochain. Nous sommes à une croisée des chemins : soit nous inversons la tendance, soit les marchés vont nous sanctionner.”

Matteo Renzi a-t-il fait des erreurs pendant cette campagne électorale ?

Luca Ricolfi :
“Renzi a fait de nombreuses erreurs dans cette campagne, d‘énormes erreurs. La plus grosse, selon moi, c’est qu’il n’a écouté personne. Il ne respecte ni les politiciens, ni les intellectuels, ni les journalistes et tous ceux qui ont une opinion différente. Cela a été sa plus grande erreur, de cette façon, il a creusé le fossé, qui était déjà grand entre les citoyens et leurs gouvernants”.

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