Retour sur le Brexit, le séisme 2016 de l'Union européenne

Retour sur le Brexit, le séisme 2016 de l'Union européenne
Par Sophie Desjardin
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"To be or not to be in Europe. That is the question".

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“To be or not to be in Europe”. C’est la question que David Cameron s‘était engagé à poser aux Britanniques lors de sa campagne électorale en 2015.
A ce moment-là, c’est encore de la pure rhétorique. Certes, des voix s‘élèvent en Grande-Bretagne, et ce, depuis toujours contre l’Europe, mais personne ne croit que le pays peut quitter le navire.

C’est sans compter l’armada que vont conduire tambour battant les partisans du BREXIT, abréviation de British et exit, un mot fabriqué sur le modèle du Grexit. C’est-à-dire qu’ils veulent quitter l’Union européenne, alors que le pays en fait partie depuis 44 ans, depuis 1972.

Et pour mener cette campagne, les pro-Brexit adoubent deux personnalités fantasques de la politique britannique : Boris Johnson, ex-maire de Londres, électron libre du parti conservateur, et Nigel Farage, le très populiste chef du UKIP, le parti indépendantiste.

Pendant deux mois, ils vont décliner leur slogan fétiche : “Nous voulons récupérer notre pays” (We want our country back) et des arguments, disons, massues :

Nous n’avons même plus de passeport britannique. Nous avons un passeport de l’Union européenne“, mettait en avant Nigel Farage.

C’est maintenant ou jamais, parce si nous échouons, alors nous continuerons à être des passagers bouclés à l’arrière d’un taxi ordinaire équipé d’un GPS douteux et conduit par un chauffeur qui n’a pas la maîtrise parfaite de l’anglais et qui va dans une direction où nous ne voulons pas franchement aller“, s‘énervait Boris Johnson.

Dans les deux camps, les Britanniques s’organisent et mènent campagne.
Alors que les ‘pro’ sont convaincus qu’ils seront plus forts et plus riches sans l’Europe, les ‘anti’ agitent les menaces d’une catastrophe économique et sont soutenus par la plupart des leaders internationaux.

Le Président du Conseil européen et dirigeant de la Pologne, Donald Tusk : “Je crois profondément que le Royaume-Uni a besoin de l’Europe et l’Europe a besoin du Royaume-Uni.Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne : “J’ai toujours dit que je voulais que la Grande-Bretagne reste membre de l’Union européenne, sur la base d’un accord équitable.

Le Président français François Hollande : “Je ne voudrais pas faire peur, mais dire la vérité : il y aura des conséquences si le Royaume-Uni quitte l’Union européenne.

Le président américain Barack Obama : “Les Etats-Unis veulent un Royaume-Uni solide en tant que partenaire et le Royaume-Uni donne le meilleur lorsqu’il aide à diriger une Europe forte.

Quoique féroce, la campagne reste néanmoins policée jusqu‘à ce drame.

A quelques jours du scrutin, la député travailliste Jo Cox, qui menait campagne pour le maintien du pays dans l’Union, est assassinée en pleine rue, par un homme qui aurait crié “Britain first” en la frappant. Ce meurtre soulève l’indignation…

Jo Cox : journée d'hommages pour son anniversaire https://t.co/W79dgY1wK7

— euronews en français (@euronewsfr) 22 juin 2016

Pendant quelques jours, la campagne est suspendue et les intentions de vote côté anti-Brexit remontent. On croit alors que le drame peut avoir définitivement fait pencher la balance.

Car ce 23 juin 2016, personne, à part les pro, ne croit au scénario de sortie. Quand tombent les premiers chiffres, c’est le choc.

Près de 52 % des Britanniques ont choisi de partir.
L’Europe, après plusieurs vagues d‘élargissement, connaît son premier départ.

Dans le camp des pro-Brexit, on exulte.

Mais le très courageux Nigel Farage, considérant que sa mission est accomplie, se retire de la politique. Et son très courageux partenaire, Boris Johnson, refuse le poste de Premier ministre que David Cameron s‘était engagé à quitter en cas de défaite :

Je ne pense pas qu’il serait bon pour moi d‘être le capitaine qui mène le pays à sa prochaine destination.

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Encore sonné, Cameron arrive au sommet européen extraordinaire convoqué pour l’occasion, quelques jours plus tard.

Commence alors avec les partenaires européens un long processus de divorce que mène désormais Theresa May, choisie par les conservateurs en juillet, et nommée Premier ministre par la reine. Elle dit vouloir une sortie “harmonieuse et ordonnée“.

En cette fin 2016, il est trop tôt pour connaître les conséquences de ce départ sur l’Europe, et sur le pays. Alors que les débats législatifs s‘échauffent, que la bataille juridique suit son cours, il reste toute une partie de la population qui ne décolère pas…
Certains jeunes Britanniques, notamment, ont l’impression qu’on leur a volé leur avenir…

No wonder Leavers and right wing, anti-democratic media barons are terrified of a 2nd referendum on Brexit terms. pic.twitter.com/KzJ6NfDNgf

— John Twelvetrees 48% (@JohnTwelvetrees) 9 décembre 2016

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