Qui était Akbar Hachémi Rafsandjani ?

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Par Euronews
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L'ancien président iranien est mort dimanche à l'âge de 82 ans.

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Pour l’Occident, Akbar Hachémi Rafsandjani était considéré comme un centriste, un réformateur. Pour une partie des Iraniens, il était le disciple de l’ayatollah Khomeini, le fondateur de la république islamique, et celui qui en a assumé les crimes. Il est soupçonné entre autre d’avoir commandité l’assassinat de leaders de l’opposition, dans un restaurant grec de Berlin, ou l’attentat contre un centre juif a Buenos Aires en 1994.

Zoom sur l'ex-président Rafsanjani, décédé à l'âge de 82 ans #AFPpic.twitter.com/5VgA0m4Le2

— Agence France-Presse (@afpfr) 9 janvier 2017

Décédé dimanche à l‘âge de 82 ans, Akbar Hachémi Rafsandjani a été président du parlement durant 17 ans. En 1988, il est nommé commandant en chef des armées iraniennes par l’imam Khomeini, et c’est à ce titre qu’il impose le cessez-le-feu dans la guerre Iran-Irak qui dure depuis huit ans.

Figure de proue des réformateurs

A la mort de l’Ayatollah en 1989, Rafsandjani est élu président de la république. Il gardera ce poste jusqu’en 1997. Son programme est alors un mélange d’ouverture et de réformes : il plaide pour un rapprochement avec l’Occident et notamment avec le “grand satan” américain.

Lorsqu’en 1997 il ne peut se représenter pour un nouveau mandat, c’est un autre réformateur qu’il va soutenir, Mohammad Khatami sera élu jusqu’en 2005.

Rafsandjani se consacre alors au conseil de discernement dont il est président depuis 1989 et continue d’influencer, dans l’ombre, la politique iranienne.

L’ancien président iranien Akbar Hachémi Rafsandjani est mort https://t.co/AKAgoHQNLD

— Le Monde (@lemondefr) 8 janvier 2017

En 2005, l’ex-président tente un retour au premier plan. Encouragé par les étudiants notamment, il doit affronter un ovni politique, le maire de Téhéran, Mahmoud Ahmadinejad, un ultraconservateur.

En tête du premier tour, Rafsandjani sera finalement battu par Ahmadinejad : c’est l‘échec le plus cinglant de sa carrière qui marque sa perte d’influence.

Mais la réélection d’Ahmadinejad en 2009 passe mal. Les réformateurs boycottent la cérémonie d’investiture, et parmi eux l’un des piliers du régime.

Révolution Twitter

En 2009, éclatent les manifestations post-électorales. Surnommé la “révolution twitter”, le soulèvement vise à protester contre la réélection d’Ahmadinejad. Le mouvement est violemment réprimé.
Le bilan est de 150 morts mais les séquelles sont omniprésentes dans la société iranienne.

Pour avoir soutenu le mouvement, et critiqué Ahmadinejad, pour sa gestion ou sa politque en générale, notamment vis à vis de l’Occident, Rafjsandjani devient alors une figure des réformateurs. Mais il sera écarté. En 2011, il perdra notamment la présidence de l’assemblée des experts chargée d‘élire et de révoquer le guide suprême.

En 2013, il est empêché de se présenter aux élections, officiellement en raison de son âge. Il soutiendra alors l’actuel président Rohani.

Euronews, Maria Sarsalasri :

Akbar Hashemi Rafsanjani, ancien président iranien et président du Conseil de discernement de l’intérêt supérieur du régime était encore l’une des figures de la République islamique, bien qu’il ait été isolé politiquement par les partisans de la ligne dure, après avoir réagi à la répression qui a suivi les élections présidentielles de 2009. Nous rejoignons Ahmad Salamatian, analyste politique et ancien député iranien, en duplex depuis nos studios de Paris. Monsieur Salamatian, la prochaine élection présidentielle iranienne doit se tenir en mai 2017. La situation était déjà tendue, quelle influence peut avoir la mort de M. Rafsanjani ?

Ahmad Salamatian, analyste politique et ancien député iranien : Hashemi Rafsanjani a été l’un des principaux soutiens du président Rouhani. Certains voyaient d’ailleurs Hassan Rohani comme une sorte de Rafsanjani plus jeune au sein de la République islamique. En conséquence, on peut dire que la popularité de Rafsanjani a s’est entièrement transférée vers Hassan Rohani. Je dirais que la mort de Rafsanjani est malheureuse mais qu’elle est conséquence négative pour Rohani, en matière de soutien. J’ajouterais même qu’aujourd’hui il y a une forme de consensus politique qui se dégage, qui devrait renforcer la popularité de Rohani.

M. Rafsanjani avait joué un rôle important dans la manière dont l’Assemblée des experts a porté Ali Khamenei au pouvoir en 1989. Les deux anciens amis avaient ensuite pris leur distance. Vous étiez député en même temps qu’eux, juste après la révolution. Quelle sera l’impact de la mort de Hashemi Rafsanjani sur Ali Khamenei ?

En raison du grand nombre de rumeurs concernant l‘état de santé d’Ali Khamenei, chacun attendait de voir quel rôle Rafsanjani allait bien pouvoir jouer en cas d’absence de Khamenei. Le sort en a décidé autrement, et c’est l’inverse qui se passe. Si la question de la succession de Khamenei est débattue au cours de cette législature de l’assemblée des experts, la réponse dépendra essentiellement de l‘équilibre général des forces, entre les organes élus d’une part, les organes de sécurité et militaires d’autre part. Les tensions internationales autour de l’Iran auront aussi leur influence.

Beaucoup s’inquiètent de la future présidence de Donald Trump, et du possible virage de la politique américaine vis à vis de l’Iran. La mort de M. Rafsanjani peut-elle aggraver ces prévisions ?

La réalité c’est que la mort de Hashemi Rafsanjani va de facto pousser Khamenei sur les devants de la scène. Il va devoir équilibrer les forces nationales et internationales. Et il sera seul à le faire. Il est fort probable que Ali Khamenei devra, en un sens, assumer le rôle d‘équilibrage que jouait Rafsanjani, par exemple quand il s’est levé contre la posture radicale d’Ali Khamenei.

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