Irak : les agriculteurs de la province de Ninive appellent à l'aide

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Par Beatriz Beiras
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La terreur et la mauvaise gestion de Daech ont quasi anéanti la production agricole de la région.

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Le groupe Etat islamique a laissé derrière lui une agriculture dévastée après deux ans d’emprise sur la province de Ninive, région considérée comme le grenier à blé de l’Irak.
Mi-janvier, l’armée irakienne a expulsé les jihadistes de la partie est de Mossoul, la capitale de la province, et des villages à proximité, comme Qaraqosh, Ba’ashiqah et Omar Qapchi.

Mais la terreur et la mauvaise gestion de Daech ont anéanti les fermiers comme Sami Yuhana. Il vendait 100 tonnes de blé par an avant que les jihadistes lui mettent un pistolet sur la tempe et confisquent ses terres qui se trouvent dans le village chrétien de Qaraqosh :

Comment vais-je pouvoir tout reconstruire ? Notre espoir est que les organisations internationales nous aident, parce que le gouvernement, non, nous n’avons pas d’espoir. S’ils veulent me dédommager, ils devront dédommager beaucoup de gens, de Bassora à Dahuk !

La province de Ninive produisait 1,5 million de tonnes de blé par an, soit 21 % de la production totale de l’Irak. Avec l’invasion de Daech, elle serait tombée à 300 000 tonnes.

On estime que 70 % des fermiers ont fui à l’arrivée de Daech, et ceux qui sont restés ont dû payer de lourdes taxes, comme Abdel Salam Younis, fermier à Omar Qapchi :

‘’Ils avaient des bureaux où on allait payer la taxe islamique. On ne pouvait pas y échapper, on devait payer. Si vous ne payiez pas, ils venaient vous chercher et faisaient en sorte que vous payiez, puis ils vous mettaient en prison.

Daech qui se targuait de pouvoir gérer son “califat”, n’a pas su gérer la production agricole : les jihadistes payaient la tonne de blé 188 euros aux agriculteurs qui n’avaient pas fui leur joug, alors que le gouvernement la payait 565 euros. Résultat, beaucoup ont abandonné.

Pour se financer, les jihadistes s‘étaient aussi emparés du million de tonnes de blé stocké dans des silos du gouvernement, et ils ont vendu 40 % des machines agricoles.

Les dégâts sur les installations sont énormes : quand le matériel n’a pas été vendu, les semences ont été détruites, les systèmes d’irrigation endommagés, et à cela s’ajoute un autre problème, comme l’explique le président de l’association des agriculteurs de Baashiqah, Aref Hassan :

Nous espérons que les organisations internationales de déminage vont nous aider à nettoyer nos fermes, nos terres de tous les engins explosifs, de toutes les mines anti-personnelles. Cette zone était en première ligne pour lutter contre l’avancée de Daech et c’est plein de mines terrestres. Les agriculteurs ne peuvent pas retourner cultiver leurs terres.

Or, la situation réclame des mesures rapides et efficaces. L’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture estiment qu’aujourd’hui, 2,4 millions d’Irakiens n’ont pas accès à une nourriture qui couvre leurs besoins journaliers.

Avec Reuters

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