Amnesty : "Nous sommes sur une voie dangereuse"

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Par Euronews
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Amnesty International dénonce un manque de leadership humanitaire de la part d'une "Europe de plus en plus divisée et dangereuse".

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Mark Davis, Euronews :
Dans son rapport annuel sur la situation des droits humains dans
le monde, Amnesty International dénonce un manque de leadership humanitaire de la part d’une “Europe de plus en plus divisée et dangereuse”. Pour parler de ce rapport, nous retrouvons David Griffiths d’Amnesty International. Merci d‘être avec nous. Qu’est-ce que l’Union européenne et les gouvernements nationaux font-ils de si mal aux yeux de votre organisation ?

David Griffiths, Amnesty International :
“36 pays dans le monde ont renvoyé illégalement des réfugiés vers des endroits où ils pouvaient être confrontés à la violence et à la persécution. L’Europe, en particulier, a sapé les fondements mêmes du droit d’asile en repoussant les réfugiés dans une année où 5.000 personnes, un record, se sont noyées en Méditerranée. Mais ce n’est pas tout. Nous avons vu aux Etats-Unis que la rhétorique dangereuse et clivante utilisée par Donald Trump durant la campagne électorale s‘était déjà traduite par des actes. Nous avons vu aux Philippines que la “guerre” contre la drogue menée par le président Duterte avait abouti à la mort de 7.000 personnes.”

Mark Davis, Euronews :
Le rapport annuel se réfère à 2016. Les échecs de l’Europe et dans d’autres régions du monde sont-ils un phénomène récent selon Amnesty ou sont-ils enracinés plus profondément ?

David Griffiths, Amnesty International :
“Nous avons assisté en 2016 à l‘émergence d’une politique de diabolisation à travers le monde. Ce n’est pas nouveau et beaucoup, y compris chez nous à Amnesty, ont fait le parallèle avec des périodes comme celle des années 1930. Nous avons déjà connu ces situations et les conséquences furent vraiment terribles. Il est grand temps d’admettre que nous sommes sur une voie dangereuse et qu’il est risqué de voir l’avenir du monde comme une dystopie. Nous avons atteint un point dangereux, où des personnes sont considérées comme moins humaines que d’autres.”

Mark Davis, Euronews :
De nombreux Européens diront que des années de laxisme en matière de politique migratoire ont ébranlé leurs propres droits et alimenté la menace terroriste. Leurs craintes sont-elles légitimes ?

David Griffiths, Amnesty International :
“Les politiques conduites en Europe ont durement repoussé les réfugiés, sapant ainsi les lois sur le droit d’asile qui avaient été mises en place après la crise catastrophique des réfugiés consécutive à la Seconde Guerre mondiale. Je crois qu’il est important que les gens sachent que les réfugiés sont souvent victimes des mêmes menaces que les dirigeants en Europe utilisent comme prétextes pour justifier les expulsions. Les réfugiés sont eux-mêmes victimes.”

Mark Davis, Euronews : Changeons de persective et essayons de trouver des points positifs. Où peut-on trouver de bons exemples à suivre quand il s’agit de défense des droits de l’Homme ?

David Griffiths, Amnesty International :
“Il y a eu aussi beaucoup de bonnes choses en 2016 dans le monde. Quand les dirigeants échouent, déçoivent, les peuples se lèvent. Nous l’avons constaté notamment sur la côte européenne de la Méditerannée. Des personnes généreuses ont sorti les réfugiés de l’eau, elles leur ont ouvert leurs portes, d’autres sont venues de loin pour proposer leur aide de manière bénévole. Les gens ne veulent pas de ces politiques répressives que les gouvernements mettent en oeuvre. Il est donc important que les peuples se lèvent, qu’ils demandent des comptes à leurs dirigeants, qu’ils barrent la route à ces politiques de diabolisation. Mais ce n’est pas toujours facile.”

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