France : la campagne bouge en Creuse

France : la campagne bouge en Creuse
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Par Euronews
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Huit Français sur 10 vivent aujourd’hui dans des zones urbaines.

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Huit Français sur 10 vivent aujourd’hui dans des zones urbaines. Il y a 100 ans, ils n‘étaient que 4 sur 10. C’est dire si le XXe siècle aura été marqué par un exode rural massif, une migration régulière des habitants des campagnes vers les villes.
Mais derrière cette tendance démographique générale, toujours à l‘œuvre, se cachent des nuances. En témoigne ce qui se passe sur le plateau de Millevaches.

Ce territoire est à cheval sur les départements de la Creuse, de la Corrèze et de la Haute-Vienne. La richesse économique de cette région repose essentiellement sur la nature : de vastes forêts qui alimentent l’industrie du bois, des prairies de bovins, un parc naturel régional. Longtemps, le solde migratoire a été négatif, les villageois abandonnant progressivement les lieux pour s’installer dans les agglomérations régionales. Depuis plusieurs années, ce solde migratoire est positif (+0.3% en moyenne annuelle en Creuse, source INSEE 2016 – voir ici). La Creuse gagne 350 habitants par an. On surnomme ces habitants qui viennent s’installer à la campagne, des « néo-ruraux ».

Les néo-ruraux

« On recherchait les grands espaces du Massif Central, racontent Amandine et Edouard, deux Nantais venus s’installer à Saint-Frion (Creuse) il y a 7 ans. Ici, on peut élever des enfants. Nos amis citadins nous envient quand ils sont confrontés aux pics de pollution ».
La recherche d’une meilleure qualité de vie (et le faible coût de l’immobilier) n’est pourtant pas le seul motif qui amène les « néo-ruraux » à poser leurs bagages dans ce territoire. « Sur le plateau de Millevaches, il y a une vie sociale, culturelle, des projets collectifs », précise Jean-Marie Stien, originaire du Lot-et-Garonne et est installé depuis un an sur les hauteurs de Felletin (Creuse).
Michel Lulek abonde dans ce sens. Cet homme est installé depuis 30 ans sur le Plateau de Millevaches et travaille à la Scop-La Navette (édition et communication). « Je pense que ce qui attire ces jeunes actifs sur le Plateau, c’est un terreau social, culturel, militant, politique ».
Alain Depaulis est psychologue clinicien et psychanalyste. Il a acheté une maison à Saint-Pierre-Bellevue (Creuse) en 1969 et y a installé sa résidence principale en 1998. « Ceux qui, comme moi, sont arrivés dans les années 1970, n’avaient pas les mêmes aspirations que ceux arrivent aujourd’hui mais il y a des points communs. Notamment la résistance à une certaine modernité dévoyée dans le consumérisme. Ces différentes vagues sont aussi tournées vers la terre, la nature, le monde rural. Avec l’idée d’une rupture vis-à-vis du mode de consommation tel qu’il est vécu dans les grandes métropoles. »

Un dynamisme réel mais fragile

C’est un territoire alternatif qui se développe là, avec artistes et artisans, petits ateliers et espaces de coworking, médias militants et exploitations bio. Tout serait-il pour le mieux dans le meilleur des mondes ? « La Creuse est un super département ; c’est loin d‘être le ‘trou du cul’ du monde, mais ça pourrait le devenir si on ferme les écoles ». Ainsi parlent trois mères de famille installées sur la commune de Bussière-Dunoise (Creuse). Le maintien de classes pour les enfants, de bureaux de postes, des lignes de train… Le dynamisme de ce territoire est aussi conditionné aux décisions des pouvoirs publics.

Interpellation des dirigeants politiques

Dans le cadre de son opération ‘Mon Journal en campagne’, le quotidien La Montagne est allé à la rencontre des électeurs pour leur demander leurs préoccupations. Parmi les témoignages recueillis, il y a celui de Francis Noury, retraité de l’Ecole des métiers du bâtiment de Felletin. Très inquiet pour l’avenir de son territoire, cet homme a préparé deux pages de revendications pour les politiques. En tête de liste : la lutte contre l’enclavement de la Creuse et aussi la création d’une fiscalité incitative pour les entreprises qui viennent s’installer. « Ce qu’il faudrait à la Creuse, qu’on doit considérer comme quelqu’un de malade, estime-t-il, c’est une assistance et des soins. Un plan Marshall sur plusieurs années pour laisser le temps à ceux qui créent de l’activité de s’en sortir ! »

Pour aller plus loin

Photo d’illustration : gtessier19CC BY 2.0

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