Emmanuel Macron élu : et maintenant ?

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Par Euronews
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La France reste profondément divisée Emmanuel Macron a été élu dimanche président de la République avec 66,10% des voix, contre 33,90% à Marine Le Pen, selon les résultats définitifs du second tour de

La France reste profondément divisée

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Emmanuel Macron a été élu dimanche président de la République avec 66,10% des voix, contre 33,90% à Marine Le Pen, selon les résultats définitifs du second tour de l‘élection présidentielle diffusés lundi par le ministère de l’Intérieur.

Mais ce qu’il ne faut pas oublier c’est que le dénouement de cette élection a été marqué par une forte abstention de 25,44%. Il s’agit de la plus élevée pour un second tour depuis 1969. Les votes blancs et nuls approchent les 9% des inscrits (plus de 4 millions), un record pour une présidentielle. Au total, plus d’un Français sur trois a refusé de choisir dimanche entre les deux candidats

De nombreux experts disent ainsi que la victoire d’Emmanuel Macron a été rendue possible parce que les Français ne voulaient pas de Marine Le Pen au pouvoir.

Bruxelles devrait encore se méfier

Au début de l’année, après l‘élection de Donald Trump et quelques mois après le vote de Brexit, il semblait qu’une vague de populisme de droite allait frapper le cœur de l’Europe.

Geert Wilders et Marine Le Pen avaient de bons scores dans les sondages aux Pays-Bas et en France. Mais après les victoires de Marc Rutte et d’Emmanuel Macron, Bruxelles va être moins anxieuse quant au futur de l’Union européenne.

Et pourtant. Au premier tour de la présidentielle française, les candidats euro-sceptiques, Marine Le pen et Jean-Luc Mélenchon ont receuilli 40% des voix.

“L’un des grands enseignements de cette élection, est que les Français aiment le populisme mais ils aiment aussi l’Europe. Même si 40% d’entre eux ont voté pour des candidats populistes en votant pour Marine Le pen et Jean-Luc Mélenchon au premier tour, ces candidats populistes ont commencé à adoucir leurs messages anti-Europe à l’approche des élections”, explique Dorit Geva, professeur de sociologie.

“Maintenant, ils ont élu un président pro-Européen. Les électeurs français nous disent quelque chose d’important sur le climat politique actuel et en Europe de l’Ouest. Les citoyens veulent être représentés par une personnalité forte et ils veulent voir un état fort et efficace. Ils craignent les conséquences d’un Brexit et veulent rester dans l’Europe. Mais l’Europe ne doit pas se réjouir trop vite. Les Français veulent voir l’Europe réformée et ils le disent”, ajoute-t-elle.

Simon Usherwood, expert de l’euroscepticissme de l’université du Surrey pense aussi que Bruxelles ne devrait pas se réjouir trop vite : “L’Union européenne sera très heureuse de voir Macron gagner ce qui leur fera un problème de moins à gérer et ils espèrent une France constructive après cinq années avec François Hollande au pouvoir. Cependant, le risque est que cela soit pris comme ‘problème résolu’, alors qu’il y a toujours beaucoup de désillusion dans le pays : un seul faux-pas de Macron ne fera que renforcer Marine Le Pen, quel que soit le plan qu’elle échaffaude pour les législatives”.

Le plus dur reste à faire pour Emmanuel Macron

Les pouvoirs du président français sont sans égal comparé aux autres démocratie de l’ouest de l’Europe

Mais Emmanuel Macron ne pourra conduire ses réformes s’il n’a pas de majorité. Les élections législatives du mois de juin sont donc décisives. Le mouvement En Marche! d’Emmanuel Macron est tellement récent qu’il n’a jamais présenté de candidtas à une élection.

“Il y a beaucoup d’inquiétudes quant à la façon dont il peut gouverner en dehors des grands partis”, selon Dorit Geva. “Peu importe le cas, il y aura une multitude de partis au Parlement comme jamais auparavant. La capacité de Macron à gouverner dépend beaucoup de ce que ces groupes parlementaires réussissent à travailler ensemble”, estime-t-elle.

“Avec l‘élan de son élection présidentielle, il y aura probablement beaucoup de défection des Républicains et des socialistes à En Marche! Pour les élections de juin, Macron aura un soutien raisonnable au Parlement. Mais nous pouvons aussi imaginer que les forces d’opposition se mobilisent face à cette victoire et qu’elles soient représentées au Parlement”.

“Le programme de Macron est toujours flou”, selon Simon Usherwood. “Il a besoin maintenant d’une majorité à l’Assemblée nationale et cela va être plus difficile. Ca dépendra beaucoup de la part du centre-gauche et du centre-droit qu’il peut lui attirer dans ses filets pour soutenir En Marche! De là il travaillera sur ce qui est possible ou non. Les points clés seront de réformer l‘économie et de travailler à plus de justice sociale”.

L’extrême-droite ne va nulle-part

Les analystes pensent que si Emmanuel Macron échoue à réformer la France alors Marine Le Pen, ou sa nièce Marion Maréchal-Le Pen, sera prête pour la présidence en 2022.

Marine Le Pen a déclaré dimanche que le FN serait complètement remanié. Son adjoint a déclaré que le parti aurait un nouveau nom. Et son père Jean-Marie a déclaré que sa campagne avait été compromise par ses propositions de quitter l’euro et l’Union européenne, ce qui suggère qu’ils pourraient tempérer les politiques qui ont effrayé de nombreux électeurs français.

“Même si les mondialistes ont gagné aujourd’hui, cela ne veut pas dire que les populistes ne gagneront pas demain”, a déclaré Daniele Antonucci, économiste chez Morgan Stanley.

Dorit Geva, en attendant, dit que beaucoup de choses dépendront de la performance du Front National lors des élections législatives de juin et du résultat d’une probable lutte interne en matière de pouvoir.

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“Marine Le Pen va faire face à des critiques significatives,” selon Dorit Geva. “Malgré une énorme discipline pendant des années dans sa tentative de changer l’image du parti, sa mauvaise performance lors du débat présidentiel télévisé du mercredi a entraîné des dégats sur sa réputation”, selon elle.

“Actuellement il n’y a que deux membres du Front National au Parlement. En juin, lorsque d’autres membres du Front national seront élus à l’Assemblée nationale, le groupe parlementaire deviendra un centre important de pouvoir non seulement au sein du gouvernement français, mais aussi au sein du Front national lui-même. Nous pourrions voir un déclin de l’influence de la famille Le Pen au sein du parti”.

“Ou, à l’inverse, si Marion Maréchal Le-Pen, la nièce de Marine Le Pen, est réélue à l’Assemblée nationale, son importance au sein du parti pourrait se développer encore. Quoi qu’il en soit, nous pouvons nous attendre à ce que le Front national subisse une longue période de luttes sur le leadership, l’idéologie et la stratégie”, décrypte la sociologue.

Quelles conséquences sur le Brexit ?

Theresa May a été l’une des premières a saluer la victoire de Macron, lui envoyant un message sur Twitter. Mais derrière cela, la Première ministre britannique pense sûrement que les négociations sur le Brexit auraient été plus simples avec Marine Le Pen à l’Elysée”.

Emmanuel Macron a déclaré sur Channel 4 News avant l‘élection: “Si votre gouvernement décide d’organiser le Brexit, je serais très dur, car nous devons conserver le reste de l’Union européenne et ne pas transmettre le message que vous pouvez décider de partir sans conséquences”.

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“Ce n’est pas pour vous punir. Cela doit être conforme à une telle décision. Vous n’obtenez pas de passeport et d’accès au marché unique lorsque vous décidez de partir.

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