L'Autriche met la barre à droite

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Les conservateurs de Sebastian Kurz ont remporté les élections législatives en Autriche avec 31,7% des voix, selon des projections. Les sociaux-démocrates (SPÖ) et l'extrême-droite (FPÖ) sont au coude-à-coude pour la deuxième place.

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Ce qu’il faut retenir des élections autrichiennes

  • Sebastian Kurz est en passe de devenir à 31 ans le plus jeune dirigeant en Europe
  • Son parti conservateur (ÖVP) est en tête avec plus de 31% des voix
  • Les sociaux-démocrates (SPÖ) et l’extrême-droite (FPÖ), qui progresse, sont au coude-à-coude pour la deuxième place
  • Une coalition entre les conservateurs et l’extrême-droite semble la plus probable
  • Les résultats définitifs sont attendus jeudi

Le triomphe des conservateurs

Sebastian Kurz est en passe de devenir à 31 ans le plus jeune dirigeant en Europe. Son parti conservateur, ÖVP, est arrivé en tête des élections législatives anticipées avec 31,7 % des suffrages, selon des projections.

Donnés dans un premier temps troisième, derrière l’extrême-droite, les sociaux-démocrates du chancelier sortant Christian Kern se classeraient en deuxième position avec 27% des voix devant le FPÖ, crédité de 25,9% des suffrages.

Suivent les libéraux de Neos (5,1%), la liste de l‘écologiste dissident Peter Pilz (4,3%) et les Verts (3,8%), qui sortiraient ainsi du Parlement, si leur score en reste là.

Sondage sortie des urnes en Autriche. L‘ÖVP devancerait le SPÖ. le FPÖ resterait troisième. Gros recul des verts.
A confirmer. pic.twitter.com/xs11SKwH6Y

— Pascal Delwit (@PDelwit) 15 octobre 2017

Vers une alliance avec l’extrême-droite?

Les conservateurs, n’ayant pas de majorité absolue, vont devoir former une coalition, comme l’Autriche en a l’habitude. Le scénario d’une alliance avec l’extrême-droite semble la plus probable, les deux partis défendant une ligne dure en matière d’immigration.

Le chef du FPÖ, Heinz-Christian Strache, a posé comme conditions à l’entrée de son parti au gouvernement l’obtention de deux ministères clés : l’Intérieur et les Affaires étrangères.

A la télévision autrichienne Sebastian Kurz n’a lui pas exclu de former un gouvernement minoritaire :

“J’aimerais bien sûr former un gouvernement stable, mais si ce n’est pas possible, il y a d’autres options”, a déclaré le leader des conservateurs, ajoutant qu’il envisageait de discuter avec tous les partis au Parlement, mais qu’il attendait de connaître les résultats définitifs, alors que les sociaux-démocrates du SPÖ et les nationalistes du FPÖ sont au coude-à-coude pour la deuxième place.

Les discussions officielles ne devraient pas commencer avant jeudi et l’annonce des résultats définitifs.

Qui est Sebastian Kurz ?

Sebastian Kurz a débuté très tôt en politique. En 2009, il est élu président de la branche jeunesse du Parti populaire autrichien, puis devient l’année suivante membre du Conseil municipal de Vienne.

En 2011, il est nommé secrétaire d‘État à l’Intégration, puis, deux ans plus tard, ministre fédéral de l’Intégration, des Affaires européennes et internationales, devenant ainsi, à 27 ans, le ministre des Affaires étrangères le plus jeune de l’Union européenne.

A l’automne 2015, il est l’un des premiers ténors européens à critiquer la politique d’accueil de la chancelière allemande Angela Merkel et se targue d’avoir obtenu la fermeture de la route des Balkans.

En mai 2017, il prend la tête de l‘ÖVP, le parti conservateur, membre de la grande coalition, et provoque aussitôt des élections législatives anticipées.

Il axe sa campagne électorale sur l’immigration, un thème cher à l’extrême-droite, dans un pays qui a été au coeur de la crise migratoire. Tenant d’une ligne dure, il réclame une réduction des aides sociales pour les étrangers, au point que le FPÖ l’accuse d’avoir “plagié” son programme. Des positions qui ne l’empêchent pas d‘être pro-européen.

Sebastian Kurz a aussi et surtout construit son succès sur sa jeunesse, surfant sur la vague du renouveau insufflé en France par Emmanuel Macron. Il a redonné des couleurs à un parti conservateur en perte de vitesse, qui a troqué le noir pour le turquoise.

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A seulement 31 ans, Sebastian Kurz s’apprête à endosser le costume de chancelier.

Autriche : Sebastian Kurz, l’homme neuf de la droite traditionnelle https://t.co/bWAAnmKG9J

— Le Figaro (@Le_Figaro) 15 octobre 2017

Nouvelle percée de l’extrême-droite en Europe

Par rapport aux législatives de 2013, le FPÖ gagnerait près de 6 points. En 2000, le parti, alors dirigé par Jörg Haider, avait gouverné avec les conservateurs, provoquant alors une onde de choc dans l’Union européenne.

Résolument eurosceptique, anti-islam et anti-immigration, le FPÖ défend des positions similaires à celles d’autres partis d’extrême-droite en Europe, qui progressent également dans les urnes :

  • En Allemagne, l’AFD a recueilli 12,6% des suffrages aux dernières élections faisant ainsi son entrée au Bundestag.

  • En France, le Front national a obtenu un score inédit de 21,3% lors du premier tour de la présidentielle, qui lui a permis de se qualifier pour le second tour.

  • Aux Pays-Bas, le PVV de Geert Wilders est devenu la deuxième force du Parlement néerlandais.

  • La Ligue du Nord en Italie, les nationalistes bulgares, Aube Dorée en Grèce, Jobbik en Hongrie, ou les Démocrates de Suède (SD)… Autant de partis nationalistes en Europe qui progressent également.

Bravo à nos amis et alliés du #FPÖ pour ce résultat, signe de l’attachement des peuples européens à leur liberté et à leur identité ! MLP pic.twitter.com/vVVlZ7QQt7

— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 15 octobre 2017

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Ce qu’il faut savoir sur les élections autrichiennes

  • 6,4 millions d’Autrichiens étaient appelés aux urnes pour des élections législatives anticipées, convoquées en mai dernier. La législature initiale devait se terminer à l’automne 2018.

  • Le Parlement autrichien (Nationalrat) est composé de 183 représentants élus pour cinq ans. Pour être représenté, un parti doit franchir le seuil minimum de 4 %. Il s’agit d’un scrutin à la proportionnelle.

  • Le gouvernement sortant – coalition SPÖ/ÖVP – était dirigé depuis mai 2016 par le chancelier social-démocrate Christian Kern. Ce dernier avait pris la succession du démissionnaire Werner Faymann, après la débâcle des sociaux-démocrates lors de la présidentielle.

  • En décembre dernier, l‘écologiste libéral Alexander Van der Bellen avait remporté la présidentielle face au candidat de l’extrême-droite, Norbert Hofer. Pour la première fois, aucun deux grands partis traditionnels, SPÖ et ÖVP, qui se partagent le pouvoir depuis l’après-guerre, n‘était présent au second tour.

  • Contexte économique : l’Autriche prévoit une croissance de 2,8% en 2017-2018 et affiche l’un des taux de chômage les plus faibles de la zone euro.

  • Contexte de la crise migratoire : l’Autriche, pays de 8,5 millions d’habitants, a vu arriver ou transiter sur son territoire des dizaines de milliers de réfugiés et migrants ces dernières années. Résultat, le thème de l’immigration a été au centre de la campagne.

Les forces politiques en présence

  • ÖVP, Le Parti populaire autrichien (conservateur). Leader : Sebastian Kurz, 31 ans (actuel ministre des Affaires étrangères)

  • SPÖ, le Parti social-démocrate d’Autriche (centre-gauche). Leader : Christian Kern (chancelier sortant)

  • FPÖ, le Parti de la liberté d’Autriche (extrême-droite). Leader : Hans-Christian Strache

  • Les Verts (Grünen) : Ulrike Lunacek

  • NEOS, La nouvelle Autriche et le Forum libéral (parti Libéral). Leader : Matthias Strolz

  • La liste de l‘écologiste dissident Peter Pilz

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