Mort de Toto Riina, "parrain des parrains" de la mafia

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Par Sandrine Delorme
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En Italie, le chef suprême de la Cosa Nostra était l'un des parrains les plus redoutés de l'histoire de la mafia sicilienne

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En Italie, le chef suprême de la Cosa Nostra, Toto Riina, l’un des parrains les plus redoutés de l’histoire de la mafia sicilienne, est décédé d’un cancer dans un hôpital de Palerme.

Toto Riina, 87 ans, purgeait 26 peines de détention à vie. Il aurait commandité plus de 150 meurtres. Le “parrain des parrains” s‘était aussi vu confisquer quelque 125 millions d’euros de biens divers lors de son arrestation en janvier 1993.

Ces derniers jours, il était dans le coma, et sa famille avait été exceptionnellement autorisée à lui rendre visite dans sa prison pour lui dire adieu.

Toto ou Salvatore Riina est surtout connu pour avoir ordonné les meurtres des juges anti-mafia Giovanni Falcone (1992) et Paolo Borsellino (1993) et pour avoir été l’un des cerveaux des attentats meurtriers de 1993 à Rome, Milan et Florence qui ont fait 10 morts au total.

Surnommé aussi “U Curtu”, “le court”, en raison de sa petite taille (1,58m), il était derrière les barreaux depuis 24 ans. Il avait toujours affirmé être étranger à Cosa Nostra avant de reconnaître implicitement son rôle en 2009.

Portrait du “parrain des parrains”

Né le 16 novembre 1930 à Corleone, près de Palerme, en Sicile, ce fils d’un paysan pauvre rejoint la mafia à 18 ans. Après une première peine de prison pour meurtre, il devient dans les années 50 un des soldats du boss Luciano Liggio, dont il prendra la place en 1974, gravissant un à un les échelons de l’organisation.

Il a fait l’objet d’un premier mandat d’arrêt en 1969, mais a réussi à vivre dans la clandestinité pendant près d’un quart de siècle, probablement sans jamais quitter la Sicile.

Trafic de drogue, enlèvements, racket: Riina avait fait main basse sur tous les secteurs d’activité traditionnels de la Cosa Nostra. Pour asseoir le pouvoir de son clan, les Corleone, il donna le coup d’envoi au début des années 80 d’une guerre sanglante, qui fit plusieurs centaines de morts, contre les vieilles “familles”.

Cette guerre se solda par la victoire de Riina, devenu chef de la “Coupole”, c’est-à-dire l’exécutif de Cosa Nostra en 1982, et marqua le début d’une campagne de violence contre les représentants de l’Etat.

Sa cruauté a causé sa chute. Grâce à des témoignages de repentis, dont son chauffeur personnel, excédés ou effrayés par le numéro 1 de la mafia, les forces de l’ordre l’ont arrêté le 15 janvier 1993 dans la banlieue de Palerme. Rejetant alors les accusations dont il a fait l’objet, il affirma ne pas connaître la mafia et être entré en clandestinité pour échapper à des accusations mensongères.

Les images de ses interrogatoires donneront la mesure de l’intelligence de Riina, prenant l’apparence d’un vieillard naïf et peureux, qui ne se départit pas d’une froideur extrême, exprimée par un regard noir et menaçant.

Détenu à la prison de Parme, dans le nord de l’Italie, Toto Riina était soumis au régime carcéral “dur” réservé aux mafieux, qui lui interdisait notamment de recevoir d’autres visites que celles de son avocat.
Souffrant depuis des mois de diverses pathologies, dont un cancer, il avait demandé par l’intermédiaire de ses avocats, en juillet 2017, une suspension de peine pour hospitalisation ou une assignation à résidence alors qu’il était soigné dans un service réservé aux détenus de l’hôpital à Parme.

Mais sa requête avait été rejetée par le tribunal de Bologne, ce dernier estimant que le chef mafieux ne pouvait pas recevoir “de meilleurs soins ni une meilleure assistance dans un autre service hospitalier”.

Toto Riina était marié depuis 1974 à Antonietta Bagarella, une institutrice issue d’une grande famille mafieuse. Il était père de quatre enfants, dont deux garçons, Giuseppe Salvatore, né en 1977, condamné à 8 ans et 10 mois de prison pour association mafieuse en 2009, et Giovanni, né en 1976, condamné à perpétuité pour meurtre.

Avec AFP

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