Le leadership américain érodé

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Par Euronews
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Les Etats-Unis semblent perdre leur rôle de superpuissance mondiale. Des pays comme la Chine et la Russie veulent aussi peser sur les décisions à l‘échelle de la planète. Pékin et Moscou cherchent à devenir incontournables dans certaines régions du monde. Dans le même temps Washington demande à ses alliés de l’Otan de s’investir davantage. Euronews a interrogé l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Hubert Védrine, sur la place des Etats-Unis sur l‘échiquier mondial.

Euronews :
“Peut-on encore parler d’hyperpuissance américaine ou sommes-nous face à un transfert partiel du pouvoir des Etats-Unis vers d’autres puissances émergentes?”

Hubert Védrine :
“Et bien quand j’avais lancé cette expression d’hyperpuissance c’était dans la décennie 90, pour caractériser un période particulière, les années juste après la fin de l’Union soviétique. Donc aujourd’hui ce qui se passe c’est même l’inverse, c’est la fin du monopole de la puissance par les Etats-Unis et par les Occidentaux. Est-ce qu’on peut dire pour autant que les Etats-Unis ont disparu du paysage ? Bien sûr que non. Ils restent la puissance numéro 1, mais il y a la puissance chinoise, qui est le numéro 1bis, et le monde n’est plus seulement américain, mais il n’est pas non plus chinois, il n’y a pas de communauté internationale, mais le monde n’est pas encore post-américain. D’ailleurs le budget de la défense des Etats-Unis, encore maintenant, c’est l’équivalent du budget de la défense de l’ensemble des autres.”

Euronews :
“Comment donc faut-il-interpréter le rôle proactif tenu par la Russie en Syrie ? Le président russe, Valdimir Poutine, a réussi à faire valoir son poids politique considérable dans la région en réunissant à la même table l’Iranien Hassan Rohani et le président turque, Recep Tayyip Erdogan, en faisant passer son idée d’un règlement en Syrie avec Bachar al-Assad au pouvoir.”

Hubert Védrine :
“Dans le mandat numéro trois de Monsieur Poutine, celui-ci a effectué un retour, maintenant il ne faut pas exagérer l’importance non plus, il a montré que la Russie n’avait pas disparu, qu’elle pouvait mettre un pied dans la porte, qu’elle pouvait faire des opérations comme on l’a vu en Crimée, ou dans l’est de l’Ukraine et bloquer l’accord en Syrie. C’était d’ailleurs tout à fait prévisible que la Russie ne laisserait pas tomber la Syrie, au bout du compte. Donc, il y a un vrai retour. On est obligé de compter à nouveau avec la Russie, mais cela ne fait pas de la Russie une puissance globalement menaçante comme c’était le cas dans la guerre froide.”

Euronews :
“L’usage de la force militaire, la manière forte, de la part de Moscou a été décisif en Syrie et on ne peut pas dire la même chose du rôle joué par les Etats-Unis sur le même échiquier…”

Hubert Védrine : “C’est un peu chaotique du point de vue occidental ces dernières années, alors que la Russie a eu moins d’objectifs, mais de façon plus persévérante et en effet elle n’a pas hésité à employer la force par exemple pour intervenir dans la guerre civile en Syrie et empêcher la chute du régime. Mais on ne peut pas, à partir de là, dire que la Russie est redevenue, une sorte d’acteur global en employant la force partout, ça n’a rien à voir à mon avis avec l’époque soviétique.”

Euronews :
“Sur la question coréenne, est-ce que Washington pourrait à un moment donné se passer de la coopération avec Moscou et Pékin afin de réduire la menace balistique nucléaire nord-Coréenne? Est-ce que les Etats-Unis peuvent entreprendre une action unilatérale ?”

Hubert Védrine :
“Les Etats-Unis ont essayé d’exercer des pressions par les sanctions, de rassembler les pays qui sont hostiles à l’évolution de la Corée du Nord, notamment la Chine, ça n’a jamais complètement fonctionné en fait. Et on le voit bien dans la longue durée c’est la Chine qui a les clés. Alors, la Chine est très gênée, très énervée par le régime de Corée du Nord, mais elle ne veut pas le laisser tomber non plus, parce qu’elle ne veut pas d’une réunification, qui amènerait la Corée du Sud et les forces américaines à ses propres frontières. Donc le plus vraisemblable c’est que le monde va accepter, de gré ou de force, qu’un pays, la Corée du Nord, soit devenu une puissance nucléaire comme deux ou trois autres pays l’ont fait, en dehors des pays prévus par le traité. Et votre question est très fondée, parce que vous avez pu observer ces dernières semaines que dans la presse américaine, pour la première fois, on se demande ce qui se passerait si le président des Etats-Unis donnait un ordre que la haute hiérarchie militaire ne voudrait pas accepter. Donc, il y a même des débats au Sénat à ce sujet, ce n’est jamais arrivé.”

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