Iran : attention à la grogne sociale, une bombe à retardement !

Manif contre pouvoir iranien à Londres
Manif contre pouvoir iranien à Londres
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Par Joël Chatreau
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La contestation dans plusieurs villes iraniennes est beaucoup plus sociale que politique, ce qui n'arrange guère le pouvoir. Les plus défavorisés, et même la classe moyenne, ne supportent plus l'augmentation du chômage et du coût de la vie.

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C'est avant tout une grogne sociale, née du chômage grandissant chez les jeunes notamment, des mesures d'austérité menées par** le président, Hassan Rohani**, et de la corruption, qui provoque la forte contestation de la rue depuis le 28 décembre dernier en Iran. Plusieurs politologues et experts économiques, étrangers comme iraniens, en sont convaincus. Certaines manifestations ont dégénéré au point de faire une vingtaine de morts, le dernier bilan donné par les autorités.

Les violents slogans tels que "Mort au dictateur", criés au début du mouvement, ont fait croire dans un premier temps à une révolte purement politique, orchestrée en sous-main par les conservateurs, ennemis jurés du régime réformateur et relativement modéré actuellement en place. Cela arrangeait d'ailleurs ce pouvoir, lui permettant de réprimer et d'arrêter des manifestants sans semer le doute parmi les partisans de Rohani. Mais en y regardant de plus près, il apparaît que la colère des employés, des ouvriers, et même de la classe moyenne couvait depuis longtemps.

La rigueur ne passe plus

Esfandyar Batmanghelidj, analyste d'Europe-Iran Business Forum, donne pour principales raisons des émeutes "des problèmes économiques ordinaires, la frustration face au manque d'emplois, l'incertitude par rapport à l'avenir (...)". Ces dernières semaines, les budgets sociaux ont été particulièrement réduits, le prix des carburants a augmenté, le coût de la vie est de plus en plus cher... Voici quelques exemples de gouttes d'eau qui ont pu faire déborder le vase.

La contestation a mis du temps à sortir dans la rue mais la politique de rigueur ne date pas d'hier. Le président iranien l'a mise en vigueur après son arrivée au pouvoir en 2013, et le mécontentement qu'elle suscite était déjà palpable lors des élections en mai 2017. Puis des colères ont surgi çà et là, celle des employés du secteur pétrolier notamment qui touchaient leurs salaires de plus en plus tardivement, ou encore celle des ouvriers de la fabrique de tracteurs installée à Tabriz (ville du nord-ouest), au chômage après la fermeture de leur usine.

Si l'opposition conservatrice semble avoir été dépassée par l'ampleur de la contestation qu'elle avait encouragé, le pouvoir d'Hassan Rohani pourrait l'être aussi... Chacun sait qu'un ras-le-bol social trop réprimé est une véritable bombe à retardement. D'autres pays dans le monde en ont fait l'amère expérience.      

   

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