Trois soirs d'émeutes en Tunisie contre la vie chère et le spectre d'une nouvelle révolution inquiète. L'analyse de Marc Pierini, ancien ambassadeur de l'UE en Tunisie.
En Tunisie, la grogne sociale ne s'éteint pas. Mercredi, pour la troisième nuit consécutive, des heurts ont éclaté entre policiers et jeunes manifestants dans plusieurs villes du pays. Un mouvement de contestation contre la vie chère et les inégalités. Une crise sociale qui pourrait déboucher sur une crise politique.
"C'est un peu le retour de la vieille garde, des ministres de l'époque Ben Ali. Les enquêtes pour corruption ou les procès ont été stoppés, il y a donc des inquiétudes d'ordre politique. Les élections municipales approchent, le parti islamiste Ennahdha est en meilleure position que les partis traditionnels. Donc, les Tunisiens s'inquiètent aussi de l'orientation de la société." explique Marc Pierini, ancien ambassadeur de l'Union européenne en Tunisie.
Tunis s'est jusqu' ici montré inflexible, se bornant à condamner le "vandalisme" et accusant les manifestants d'être manipulés par l'opposition.
"Pour l'Europe comme pour les États-Unis, la Tunisie est un joyau de la révolution arabe, le seul pays qui a réussi à mettre en place des réformes constitutionnelles, avec la tenue d'élections. Et au final, le pays a été plutôt paisible ces dernières années. Le problème c'est que pour les démunis, cela ressemble à un processus sans fin et aujourd'hui, les gens craignent que, comme avant, les riches continuent de s'enrichir" indique Marc Pierini, ancien ambassadeur de l'Union européenne en Tunisie.
Les militants ne désarment pas et appellent à un nouveau rassemblement jeudi soir et vendredi à Tunis. Ils réclament la libération des manifestants pacifiques. Depuis lundi, plus de 600 personnes ont été arrêtées.
Sept ans après le Printemps arabe, le spectre d'une nouvelle révolution semble proche.
avec AFP