Catalogne : l'investiture de Puigdemont ajournée

REUTERS/Yves Herman
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Par Euronews
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Les divisions dans les rangs indépendantistes en Catalogne sont apparues au grand jour mardi après la décision du président du parlement catalan, un séparatiste, d'ajourner la séance d'investiture de Carles Puigdemont, jugée illégale par la Cour constitutionnelle.

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Les divisions dans les rangs indépendantistes en Catalogne sont apparues au grand jour mardi après la décision du président du parlement catalan, un séparatiste, d'ajourner la séance d'investiture de Carles Puigdemont, jugée illégale par la Cour constitutionnelle.

"La séance plénière d'aujourd'hui (...) est reportée", a déclaré Roger Torrent, du parti ERC (Gauche républicaine de Catalogne), sans préciser d'autre date. Auparavant, il s'était lancé dans une diatribe contre la Cour constitutionnelle, estimant que le président destitué de la Catalogne avait "tous les droits" d'être candidat. Il a ensuite assuré que l'ajournement avait pour but de défendre la tenue d'un débat d'investiture avec "toutes les garanties" pour Carles Puigdemont, autrement dit sans risque d'arrestation. Il a annoncé avoir demandé aux juristes du parlement de présenter leurs arguments en ce sens à la Cour.

Le gouvernement s'est félicité du report, estimant qu'il avait permis "d'éviter que la démocratie ne soit tournée en dérision".

L'ajournement a en revanche provoqué des volées de bois vert des deux autres listes indépendantistes. *

"La décision du président Torrent n'a pas fait l'objet de consultations du groupe Ensemble pour la Catalogne"*, a déclaré cette formation, dirigée par Carles Puigdemont, dans un communiqué.

Le porte-parole de la Candidature d'union populaire (CUP, extrême gauche indépendantiste) Carles Riera, l'a qualifiée de "grave erreur politique". "Un nouveau cycle de mobilisations et de désobéissance civile doit commencer", a-t-il menacé.

Pendant ce temps quelques milliers de séparatistes, affublés pour certains de masques de Puigdemont, ont manifesté aux abords du parlement. "Puigdemont est notre président (...), le peuple a choisi son dirigeant", assurait à l'AFP José Anaya, un retraité de 72 ans, portant le masque et le drapeau indépendantiste rouge, or, bleu et blanc.

En fin d'après-midi, plusieurs centaines d'entre eux ont réussi à faire irruption dans le parc entourant le bâtiment, en principe fermé au public pour des raisons de sécurité, et s'étaient massés derrière des barrières, dans un face-à-face tendu avec la la police qui bloquait l'accès.

Puigdemont, destitué par Madrid et installé à Bruxelles, échappe depuis trois mois aux poursuites de la justice espagnole. Il reste le seul candidat à la direction de cette région de 7,5 millions d'habitants.

Roger Torrent n'a livré aucun autre détail sur la suite des événements. Le président du parlement et les membres de son bureau, chargés de l'ordre du jour, risquaient des poursuites s'ils ignoraient l'arrêt de la Cour constitutionnelle qui a strictement encadré la session, au point de la rendre presque impossible à réaliser.

La Cour, saisie par le gouvernement central, avait annoncé qu'en cas d'investiture à distance, le vote ne serait pas valable. Elle avait considéré que M. Puigdemont devait auparavant demander en personne au juge de la Cour suprême en charge de l'enquête le visant l'autorisation de comparaître devant la chambre, autorisation qu'il a déjà refusée à trois autres leaders incarcérés.

La Cour a cependant laissé dix jours aux parties pour présenter leurs arguments.

Le nouveau conflit judiciaire intervient trois mois après la déclaration d'indépendance unilatérale votée au parlement le 27 octobre 2017. La crise politique avait atteint son paroxysme avec l'organisation d'un référendum d'autodétermination interdit, le 1er octobre, marqué par des violences policières.

Après la tentative de sécession, le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a suspendu l'autonomie de la région, dissous le parlement catalan et convoqué de nouvelles élections, avec l'espoir d'un apaisement de la situation en Catalogne, divisée à parts presque égales sur l'indépendance.

Les indépendantistes n'ont cependant pas perdu de terrain : ils représentent 47,5% de l'électorat et disposent de la majorité absolue au parlement, grâce à une pondération des voix qui profite aux provinces rurales, les plus séparatistes.

La région s'est apaisée après un mois d'octobre secoué par les manifestations et le déménagement des sièges sociaux de milliers d'entreprises hors de Catalogne. Mais l'atmosphère reste extrêmement tendue entre le gouvernement central et les indépendantistes.

La Cour constitutionnelle - composée de membres nommés essentiellement par la majorité conservatrice qui contrôlait la chambre des députés à Madrid jusqu'en 2015 - est régulièrement accusée de partialité par les séparatistes. Elle avait annulé en 2010 une partie du statut conférant une autonomie élargie à la Catalogne, l'une des racines de l'actuel conflit.

AFP

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