Le recours à l’avortement recule en Europe

Une manifestante défile pour le droit à l'avortement en Irlande
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Par Mariane Lacombe
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Depuis 2005, une baisse sensible des IVG se poursuit dans la plupart des pays membres de l'Union européenne mais des progrès restent a faire en matière de sensibilisation auprès des jeunes.

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Le Royaume-Uni et la France, qui comptent parmi les précurseurs de la dépénalisation de l'interruption volontaire de grossesse (IVG), ont le plus haut nombre d'avortements réalisés au vu des données collectées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). 197 922 et 203 463 cas ont été comptabilisés respectivement, dans ces deux pays, en 2015.

En revanche, si l'on tient compte de la proportion d'avortements chez les femmes en âge de procréer, c'est le Luxembourg qui se positionne en tête de liste. Il est suivi de près par la Hongrie ou encore le Royaume-Uni.

D'après Eurostat, les femmes avortent principalement entre 20 et 24 ans. La Hongrie fait figure d’exception puisque les IVG sont essentiellement effectuées sur des patientes âgées de 15 à 19 ans.

La Pologne fait face à une hausse des demandes d’IVG malgré de fortes restrictions. En dix ans, le nombre des recours a quasi été multiplié par cinq, passant de 225 cas en 2005 à 1 044 en 2015. Au Luxembourg, 651 femmes ont avorté en 2015 contre 148 en 2008. Cette hausse globale se constate également en Suède et en Belgique à un degré moindre.

Une tendance générale à la baisse

Plus de la moitié des membres de l’Union Européenne connaissent une diminution progressive. À l’Est, cette réduction est plus radicale : la Slovaquie et l’Estonie voient la quantité d’interventions médicales se réduire environ de moitié depuis dix ans.

Parmi les pays conservateurs, cette baisse se confirme aussi, comme au Portugal, où la dépénalisation date pourtant de 2007. De même en Espagne, où les demandes reculent après un boum au milieu des années 2000.

Dans le cas du Royaume-Uni et de la France, ces chiffres restent relativement stables. D’ailleurs, Danielle Bousquet, présidente du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes en France souligne “la forte mobilisation du Gouvernement et du Parlement pour améliorer l’accès réel à l’avortement et à des informations objectives” le concernant.

Parcours du combattant et manque d'informations

Les moins de 20 ans représentent entre 10 et 15% des femmes ayant avorté dans un tiers des pays de l’Union européenne d'après l’OMS. Au Royaume-Uni, “les grossesses précoces sont dues a un manque de connaissances sur la contraception et son usage” chez les adolescentes âgées de 15 ans et moins, selon l’Association du Planning familial britannique. L'accès aux services de contraception est pourtant gratuit, mais sans campagne d’information cette mesure n’atteint pas les objectifs espérés.

La sensibilisation en milieu scolaire est également un facteur déterminant. Médecins du Monde a émis des réserves au sujet du gouvernement espagnol qui, aux yeux de nombreuses associations, n’applique pas suffisamment de mesures. La pédagogie et les financements doivent être améliorés : “L’application de la Stratégie nationale de santé sexuelle et reproductive est quasi nulle quant à la santé et l’éducation sexuelle, étant donné qu’il n’y a pas de budget attribué”, explique l’ONG dans un rapport de 2016.

Bien que la France fasse figure de bonne élève, le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes indique dans un rapport du 13 juin 2016 que “l’application effective des obligations légales en matière d’éducation à la sexualité en milieu scolaire demeure encore parcellaire, inégale selon les territoires car dépendante des bonnes volontés individuelles”.

Cette problématique concerne aussi l’Espagne où “l’accès aux informations sur ce sujet n’est pas donné de manière obligatoire dans toutes les écoles”, ajoute Médecins du monde.

L'éducation sexuelle demeure un enjeu de société pour les années à venir à en croire le Conseil de l’Europe. En 2016, Nils Muižnieks, commissaire aux droits de l'homme, exprimait déjà son inquiétude quant à la régression des droits des citoyennes européennes.

La situation en Hongrie reflète ce paradoxe : l'avortement est autorisé mais le gouvernement impose de nombreux obstacles. L'accès à des méthodes contraceptives, y compris la pilule du lendemain, nécessite une prescription médicale et le droit à la vie dès la conception est garanti par la constitution de 2012. Au même moment, le gouvernement lançait une campagne anti-avortement. Les Hongrois pouvaient lire le slogan suivant sur des affiches mettant en scène un fœtus : "Je comprends que tu ne sois pas prête... mais laisse-moi plutôt à l'adoption. LAISSE MOI VIVRE." D’après le pouvoir hongrois, le financement de cette campagne est issu du programme PROGRESS de l'Union européenne. En réaction, cette dernière a fait part de son désaccord avec cette initiative.

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