Liberté d'expression en Turquie : la longue liste des restrictions

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Par Euronews
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Au nom de la lutte contre le terrorisme, la liste des entorses aux restrictions à la liberté d'expression n'a quasiment plus de limites en Turquie.

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Depuis la tentative de coup d'État de juillet 2016, la liberté d'expression en Turquie a été considérablement restreinte en vertu de lois antiterroristes qui ont permis d'interpeller des milliers de fonctionnaires et des dizaines de journalistes.

La répression est telle, qu'aujourd'hui l'expression publique ou privée peut vous conduire tout droit en prison.

En publiant des textes sur les réseaux sociaux

Au cours des trois dernières semaines, près de 500 personnes ont été arrêtées pour s'être opposées à l'opération militaire de la Turquie dans le nord de la Syrie sur des plateformes telles que Twitter ou Facebook.

Les communiqués de presse peuvent aussi avoir de sérieuses répercussion : les membres de l'Association médicale de Turquie ont publié récemment une déclaration encourageant les autorités à rechercher la paix avant de faire la guerre en Syrie. Quelques jours plus tard, onze membres du conseil d'administration du groupe ont été arrêtés.

Dans les messages privés

Gare aux délateurs : une femme politique qui circulait dans un bus à Istanbul a été incarcérée après qu'une autre passagère eut aperçu ses messages sur l'application de messagerie mobile WhatsApp et l'ait signalée à la police. Il est également reproché à Hatice Deniz Akta d'avoir une photo du dirigeant du Parti des travailleurs kurdes (PKK) Abdullah Öcalan sur son téléphone. Le PKK est considéré comme une organisation terroriste en Turquie et dans l'Union européenne.

Sur les vêtements

Les suspects qui ont été jugés pour tentative de coup d'État en Turquie l'année dernière seront forcés de porter une combinaison brune lors de leur comparution devant le tribunal après qu'un prévenu a porté un tee-shirt sur lequel était inscrit le mot "héros". Un nouveau règlement sur les vêtements est entré en vigueur le mois dernier.

Dans la presse

Le journaliste germano-turc Deniz Yücel a passé un an en prison pour avoir réalisé plusieurs interviews téléphoniques avec des membres du PKK. Deniz Yücel a été accusé d'avoir produit de la propagande terroriste.

Les éditoriaux sont également proscrits. De graves accusations portées contre des journalistes sont liées à des éditoriaux critiques. Ahmet Altan et Mehmet Altan, deux éminents journalistes ont été condamnés à la prison à vie la semaine dernière. Entre 200 et 300 journalistes sont actuellement emprisonnés.

En déposant de l'argent dans une banque

Des milliers de Turcs risquent d'être emprisonnés pour avoir déposé de l'argent à la banque Asja. La banque, ouverte en présence de l'actuel président Recep Tayipp Erdogan il y a vingt ans, serait liée au mouvement Gülen. Fethullah Gülen est un ancien prédicateur musulman, réfugié au Etats-Unis. Il est accusé par les autorités turques d'être l'instigateur de la tentative de coup d'Etat, ce qu'il nie farouchement. Ankara réclame depuis des mois son extradition à Washington.

En téléchargeant certaines applications

Les applications de communication cryptée sont particulièrement surveillée en Turquie et notamment celle créée par et pour les partisans de Fethullah Gülen. cette application est désormais illégale. Chaque jour ou presque des utilisateurs sont arrêtés pour avoir téléchargé le logiciel.

En sifflant

Un groupe d'étudiants dans la province de Diyarbakır, risque des peines pouvant aller jusqu' à 28 ans de prison pour terrorisme. L'un des étudiants a été accusé d'avoir " créé de la propagande terroriste " pour avoir sifflé une chanson kurde lors d'un rassemblement.

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Les "jardiniers" de la terreur

Interrogé par des journalistes lors de sa dernière visite à Paris, le président Erdogan a justifié sa politique de répression en soulignant que les attentats à la bombe n'étaient que la dernière étape de la fabrication d'un terroriste. "La terreur ne se forme pas d'elle-même. La terreur et les terroristes ont des jardiniers ", a insisté Erdogan aux côtés du président français Emmanuel Macron, qui s'est dit préoccupé par le sort des étudiants, des enseignants et des journalistes dans la répression turque.

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